Et dire que je n’avais jamais touché une carte de ma vie…
Tout a commencé un vendredi soir de mai 2010, lorsque l’émission de Canal +, intitulée « World Poker Tour » et présentée par Patrick Bruel était diffusée en seconde partie de soirée.
Je restai littéralement scotché devant ce programme… Voir tous ces grands joueurs véritablement adulés comme des stars de cinéma effectuer des « call » hauteur As, avec à la clef des centaines de milliers de dollars en jeu…
Puis un jour, un bon ami à moi m’appelle : « Harry, ça te dit de venir jouer une partie de poker avec nous, ce soir ? »
J’étais hyper-excité à l’idée de jouer de l’argent à ce jeu pour lequel je vouais une véritable admiration chaque vendredi devant ma télévision.
Je rejoignais donc mes amis lors de ma toute première « soirée-Poker » où je fis globalement tout & surtout… N’IMPORTE QUOI ! Mais pour l’anecdote, je remportais ce petit « tournoi-maison » auquel participèrent une petite dizaine de joueurs, dont la plupart, que je ne connaissais pas jusqu’à ce soir-là, passèrent une bonne partie de la soirée à me conspuer et à me railler pour mes « move » improbables et mes « call » plus qu’hasardeux.
En empochant la coquette somme de presque 500 € ( !!!) en une seule soirée, je rentrais chez moi, plutôt fier de moi. Dans ma voiture, sur le chemin du retour, je songeais : « Tiens, voilà un jeu dans lequel, il n’est pas forcément nécessaire d’être BON pour… rafler ma mise ! » : ce fût le tout premier enseignement que je tirais à propos du jeu qui commençait à passionner une bonne partie de la planète.
J’ai appris les rudiments du poker en compagnie de mon ami Patrick Krief et de quelques autres amis, réunis un samedi soir sur deux, dans le sous-sol d’un pavillon de banlieue. Ces soirées démarraient assez tardivement pour ne se terminer que vers 4h à 5h au petit matin du dimanche. Nous jouions à ces horaires tardifs, et ce, afin ne pas empiéter sur notre vie dite « sociale ».
Puis progressivement la fréquence de ces parties augmenta : nous ne jouions plus seulement une semaine sur deux, mais tous les samedis soirs, puis nous passâmes à deux fois par semaine . Bref, notre addiction pour le poker grandissait à mesure que nous jouions davantage à ce jeu, semaine après semaine, partie après partie…
Moi qui n’étais absolument pas joueur, le poker allait prendre une part importante dans ma vie, mais je ne le savais pas encore…
Je trouvais plutôt marrant ce qu’il m’arrivait, dans la mesure où avant de mettre un pied (puis deux…) dans le poker, je n’étais pas du tout « addict » aux jeux dits « de hasard » et encore moins aux jeux d’argent . Je trouvais inconcevable d’entrer dans un casino pour y risquer cent, voire deux cents euros, au gré des caprices d’une roulette ou d’une carte.
Mais pour le poker, je trouvais cela, disons… DIFFÉRENT.
Je n’étais pas le seul à penser ainsi : ce phénomène est assez fréquent, car si vous questionnez de bons joueurs de poker, ils vous diront, pour la plupart que ce n’est pas un jeu de hasard comme les autres : ils jouent très souvent au poker, au sein des casinos sans pour autant s’adonner aux autres jeux tels le blackjack ou la roulette. Ils pensent, tout comme moi, qu’au poker, en peaufinant sa technique de jeu, il est possible de minorer la part aléatoire de chance que comporte néanmoins ce jeu.
Je décidais donc de m’impliquer davantage dans ce jeu, j’achetais mon tout premier magazine « Poker 52 », dans lequel je me mis littéralement à dévorer les divers articles & interviews qui s’y trouvaient. Puis je décidais de stopper mes parties de poker entre amis, ou tout du moins d’en ralentir le rythme afin de pouvoir pratiquer ce jeu dans un cadre, disons plus « professionnel ». Je m’inscrivis donc dans ce majestueux endroit qu’était le défunt « Cercle Wagram ». J’y réalisaismon tout premier « I.T.M. » en terminant second d’un tournoi qui avait réuni plus de 200 participants : l’adrénaline que m’avait procurée cette toute première « perf’ » m’avait boosté !
Je décidais de consacrer une soirée par semaine à ce jeu qui, décidément, commençait à me passionner, mais toute cette passion fût brutalement stoppée en plein vol, par la fermeture soudaine du Cercle Wagram.
Quelques amis me parlèrent de ce haut lieu du poker parisien qu’est l’Aviation Club de France : je décidais donc de m’y rendre et c’est dans ce Club cossu de la capitale que je fis mes premières armes au poker. C’est au numéro 104 de la plus belle avenue du monde que j’ai connu mes plus belles victoires et y ai aussi connu mes plus grandes désillusions… C’est dans cet endroit que j’y ai côtoyé ceux que j’appelle les « Vieux briscards du Poker ». Des vieux bonhommes ayant la soixantaine bien tassée qui sont des réguliers de l’ACF et qui sont bien trop souvent la raillerie des petits jeunes loups du poker sur internet. Ces « vieux briscards » ne connaissent peut-être rien à internet et ne savent, pour la plupart, même pas utiliser convenablement l’ I-phone que leur fils leur avaient offert pour Noêl. Cependant je peux vous assurer que pour certains d’ente eux, leurs gains cumulés « en live » dépassent allègrement le million d’euros, et bien souvent il leur suffit de vous jeter un simple coup d’œil à table pour vous démasquer par un « Call » assassin dont vous vous souviendrez tout le restant de votre vie. C’est notamment au contact de ces « Vieux briscards » que j’ai beaucoup appris… On dit souvent dans la vie, qu’il faut « payer pour apprendre ». Je dirais que c’est ma définition du poker.
Dans ce jeu, vous devrez souvent vous acquitter de buy-In plus ou moins importants selon vos moyens et surtout suivant le niveau de jeu qui est le vôtre. Vous commettrez des erreurs qui vous coûteront cher, parfois même très cher… à l’approche de la « Bulle » d’un tournoi, c’est-à-dire, juste avant d’accéder aux premières places payées (que l’on appelle « I.T.M. » pour « In The Money » en Anglais), mais plus ces erreurs vous coûteront cher, mieux vous retiendrez la « leçon ». Ce sont de ces erreurs que vous tirerez vos plus belles victoires.
En deux ans, j’ai eu la chance de rencontrer toutes les situations à ce jeu : des victoires, des défaites, des éliminations à la «Bulle »…
J’ai eu la chance de remporter le tout premier gros tournoi (à mon échelle de joueur amateur, bien sûr…) hors de mes « terres » qu’étaient les locaux de l’Aviation Club de France.
C’est sur insistance de l’un de mes amis, que je pris ma voiture pour me rendre à Forges-les-Eaux pour le Super-Sat’ qu’organisaient les Casinos du Groupe Partouche. Je déboursais pour la première fois de ma vie une somme supérieure à 1.000,00 € et décidais de m’acquitter de la somme de 1.250,00 € afin de pouvoir y prendre part. C’est marrant comme chaque victoire au poker est faite d’anecdotes plus ou moins croustillantes… Je fus le tout dernier joueur des 256 participants à m’inscrire lors de ce tournoi, je me souviens être arrivé en retard au Casino de Forges-les-Eaux et m’être inscrit UNE minute avant la clôture des inscriptions. On me plaça à la table de l’excellent joueur Turc Suat Uyanik et de Xavier El Fassy qui terminera finalement « Runner-up » (second) ce tournoi contre moi. Je me souviens de l’un des « tournants » de ce tournoi : une erreur monstrueuse que j’eus la mauvaise (ou bonne, en l’occurrence…) idée de commettre à l’entame des demi-finales du tournoi, alors que j’étais assez énorme en termes de jetons puisque je possédais à ce moment très précis du tournoi quelque chose comme 180.000 en chips. Je devenais de plus en plus agressif à mesure que mon tapis ne cessait de croître. Les blinds augmentant progressivement, chaque pot devenait de plus en plus intéressant à « voler ». Alors que je me trouvais en position UTG, je décidais de pousser tout mon tapis avec As-Dame dépareillés… Quelle ne fût pas ma stupéfaction d’entendre instantanément le joueur placé à ma gauche, déclarer : « PAYÉ ! ». À cet instant très précis, « de battre mon cœur s’est arrêté ». Il s’agissait de l’excellent joueur Christophe Lesage, alias « El Sagio ». Les autres joueurs foldèrent naturellement leurs mains tandis qu’El Sagio dévoilait un implacable A-K suités.
IL M’AVAIT EU ! J’étais fait comme un rat, ou plutôt comme un… « Fish ».
Sauf qu’au poker… La technique compte, mais voilà, il y à aussi la chance. Je priais donc de toutes mes forces au moment où la dernière carte du Board dévoila une sublime Dame de Cœur, à la River. Christophe « Le Sage » le devint un peu moins (en maugréant contre moi) puisque ce coup l’amputa de 75% de son tapis et il « parla aux oiseaux » le reste de la partie. Cette erreur de « FISH » que j’avais commise contre l’un des meilleurs joueurs du circuit français se transforma en coup décisif lequel me permit au final, d’entamer la table finale en position idéale et de pouvoir ainsi l’emporter. J’étais fou de joie ! Je me sentais comme un petit garçon ayant appris qu’il recevrait pour Noël, le jouet auquel il avait tant rêvé…
Je criais comme un fou tout seul dans ma voiture en rentrant sur le chemin du retour. Mon taux d’adrénaline était tellement élevé que je ne ressentis même plus la fatigue, après pourtant près de 12 heures pleines à jouer au poker, les deux heures de route dans la nuit noire s’ajoutant à cela, lesquelles me séparaient de ma maison.
Je dois bien avouer que de voir sa tête sur la page d’accueil du site internet des casinos Partouche le lendemain matin fût assez grisant pour moi.
Cette première victoire d’envergure pour moi, me permit d’accéder à la toute dernière édition de la Grande Finale du Partouche Poker Tour qui se tint quelque deux mois plus tard au magnifique Casino du Palm Beach à Cannes. Là, j’eus la chance de pouvoir côtoyer les meilleurs joueurs de la planète qui s’étaient donné rendez-vous pour l’occasion afin de se disputer les 5 millions d’Euros du Prizepool qui y étaient garantis par les organisateurs. Mon Jour 1 fût difficile car je jouais à la table de l’excellent David Benyamine, mais je me qualifiais tout de même avec un tapis assez ridicule pour le Day 2.
Mais j’eus la chance de pouvoir vérifier par moi-même le célèbre adage pokeristique « One Chip, One Chair » que l’on pourrait traduire plus subtilement en français par : « Même le plus petit jeton vous suffit à conserver votre siège pour la suite du tournoi ».
Lors du Day 2, je connus ce que tout joueur de poker qui se respecte RÊVE de connaitre un jour. Un jour durant lequel tous vos coin-flip passent sans problème avec ZÉRO. Bad-Beats (« mauvais coups ») ou presque… Je terminais le Day 2 dans le Top 10 et je me souviens très bien avoir eu un mal fou à m’endormir ce soir-là, tant j’avais des rêves plein la tête…
Le Day 3, synonyme d’I.T.M. fut encore un très beau moment à vivre, puisque j’eus la chance de jouer aux tables de Michael Mizrachi, Alain Roy (que j’éliminais sur une terrible confrontation pour lui avec brelan de 3 lequel devait se fracasser sur mon bien chanceux brelan de…6 !) ou encore le très charmant David Williams. J’étais « ON FIRE » ! Je sautais de partout, l’adrénaline était tellement forte en moi que j’exultais à chacun de mes coups gagnants… Nous n’étions plus que 57 joueurs en lice, lorsque nous entrâmes donc « dans l’argent ». Je me souviens que lors d’une pause, mes amis Philippe Ktorza et Alain Goldberg me prirent à partie pour me demander de me calmer un peu et de garder tout mon sang froid, car, disaient-ils : « Rends-toi compte que tu es assis au beau milieu d’une cinquantaine de joueurs, dont l’un d’eux aura la chance incroyable de repartir avec plus d’un million d’euros ! Alors de grâce, restes calme Harry »… Il n’en fut rien.
Je mis fréquemment mon tapis en danger pour finalement échouer en 53ème position pour un gain de plus de 17.000,00 € (ce qui était déjà « magique » pour un joueur comme moi…) Cependant, le soir venu, la désillusion fut quand même terrible… Se dire qu’on est passé si près du but, en commettant des erreurs impardonnables à ce niveau de jeu, m’était tout simplement impossible à « avaler ».
Des erreurs, j’en commis pourtant d’autres après celle-ci, à croire que j’ai la tête dure…
Je finis chipleader du Day 1 d’un joli BPT du côté d’Enghien-les-Bains, dans lequel je me voyais lamentablement échouer aux portes des places payées, dès le lendemain… Quelle terrible claque que cette élimination pour moi, qui croyais pourtant avoir appris de mes erreurs passées.
Puis ces quelques petites victoires de prestige lors de tournois hebdomadaires à l’A.C.F. . Je voyais ma régularité enfin récompensée ! Puis cette si belle victoire avec un grand « V » lors de la toute première édition de l’A.C.F. CUP. Re-goûter aux joies de la toute première place avait une saveur toute particulière pour moi.
J’étais devenu ce qu’on appelle dans le milieu pokeristique, un « LIVETARD » du poker.
Ce genre de livetard qui se faisait fréquemment charrier par ces petits jeunots du poker rompus aux techniques du « Small Ball » et autres aspects techniques auxquels je n’y connais absolument rien ou presque… Car pour moi, le poker se résumait jusqu’à présent, à… un vieille table de velours usée, à 10 gars assis tout autour venant de tous bords, de tous horizons et de tous milieux sociaux-professionnels, de présentations, d’échanges, de plaisanteries et parfois même de franche rigolade, de défis, de regards et de coups du sorts dont on reparlera peut-être encore dans quelques années lorsque l’on se recroisera à nouveau… Voilà ce qu’était pour moi LE poker.
Ce genre de « Livetard » qu’il sera de plus en plus difficile à trouver avec la fermeture malheureuse et progressive de tous les cercles parisiens auxquels je dois beaucoup dans mon apprentissage de ce jeu de fou qu’est le Poker.
Un article du Parisien titrait, il y a peu « L’Aviation Club de France ferme ses portes »
C’est à ce Club et à ses employés que je côtoyais que je dédie ces quelques lignes.
Aujourd’hui, si vous voulez jouer au poker, il ne vous reste plus qu’internet et quelques Events « Live » aux quatre coins de la France : et c’est bien triste…
Quant à moi, je vais faire comme mon club de cœur : « RIDEAU ! »
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !