Les choses sérieuses ont commencé et si l’heure est toujours à la bonne ambiance ici au Es Saadi, les joueurs eux sont clairement entrés dans leur tournoi.
Omar Lakhdari et Bruno Fitoussi côte à côte. Une affiche de heads-up qu’on a tout de suite envie de signer !
A l’image de la table où siègent Omar Lakhdari et Bruno Fitoussi, respectivement en siège 1 et 2. Les deux joueurs se connaissent bien et se pratiquent régulièrement. Comme à leurs habitudes, les deux joueurs sont dans leur personnage. Omar dégage cette énergie retenue, exprimée par à-coups dans une succession de gestes saccadés. Une cocotte-minute sur le feu, voilà le sentiment que ce joueur m’a souvent donné. Le regard parfois dur, même si le sourire n’est jamais loin. L’oeil vif, souvent en coin, scannant ses adversaires, les mettant sur le grill avec un poker physique, bourré de tics. Relances poignées, tapis fouillis. Et un style de jeu panache, que certains qualifient de poker champagne, la folie en moins et l’analyse en plus.
A côté, Bruno, le King. On ne le présente plus. Mais Omar non plus d’ailleurs. Un poids lourd du circuit, une tête d’affiche. Un cador. Toujours souriant et la voix qui porte : on ne peut pas manquer Bruno Fitoussi dans une salle de poker. Et d’ailleurs on ne veut pas le manquer, tant le joueur semble apprécié par la communauté. Et sa longévité en est probablement la plus belle preuve. Il discute, blague, questionne, hésite, grogne, se moque gentiment, mais, tout en étant en représentation, vous sentez le logiciel tourner à plein régime. La parole, c’est l’armure de Bruno. Il met de la distance en restant au contact de son adversaire, en le divertissant avec son ton affable et le voilà qui gagne du temps, qui croque de l’info. Il y a du carnassier dans cet animal de jeu. Une fois à distance recherchée de sa proie, il bondit et s’en saisit à la gorge, pour ne plus relâcher son étreinte.
Et le premier coup auquel j’assiste à cette table révèle l’essence des deux joueurs. Tapis en vrac, Omar paie dans le noir une relance préflop. Bruno est en mode agressif. Et Omar le sent d’instinct. Et lorsque Fitoussi avance des jetons pour un cbet standard, Omar délivre une manoeuvre bien peu orthodoxe. Blind fold. Les cartes volent dans le muck sans même avoir été regardées ! Incongru. Un brin estomaqué (et pourtant il a du en voir d’autres), Bruno retourne une paire d’As…
« Blind fold ?! » commence le King, de sa voix de stentor contrarié. « Vous connaissiez ça ?! » annone-t-il à la table.
« Il faut qu’il me fasse ça quand j’ai les As, à moi ! » continue-t-il.
Omar, pas peu fier de son coup, tente de se justifier en anglais, pour se faire comprendre du plus grand nombre à table.
« Don’t worry, I am a little bit crazy when I play. » glisse Omar dans un sourire. Et les deux joueurs de partir dans un fou rire contagieux, entraînant avec eux l’ensemble de la table, autant acteurs du jeu que spectateurs.
Bruno engrange quelques jetons et se sera bien marré lors de ce coup
C’est au terme d’une longue finale que Yoann Kaminisky s’est finalement imposé et a décroché l’épée dédiée au gagnant de cette compétition. Peu d’observateurs auraient misé sur ce joueur discret, passé par des montagnes russes de coinflips au Day 3, et ayant frôlé à plusieurs reprises l’élimination. Il aura également bénéficié d’un étonnant play d’un short-stack à six joueurs restants, lorsqu’il relance avec K-10 offsuit, et fait coucher un short-stack (6BB) qui tenait A-10 en main…
Le fort sympathique Patrice Espinasse, qualifié lors d’un freeroll et journaliste à Midi Libre de son métier, finit runner-up, après avoir pratiqué un poker solide et plus agressif qu’on ne l’aurait imaginé. Le chipleader, Tahar Said, ainsi que le champion 2024, Jérémy Cauchard, n’auront pas réussi d’exploit, finissant respectivement 5ème et 6ème.
Il faut saluer l’excellence de l’accueil assuré par les équipes locales du Pasino Grand, ainsi que de l’organisation assumée par tout le personnel de Texapoker. Alliés à Winamax, ils ont créé un festival sans aucune fausse note, populaire et extrêmement professionnel.
L’attente a été longue, très longue puisqu’il était 1h30 matin passée lorsque que trois éliminations d’affilée ont scellé le sort des neuf survivants de la grande finale. Parmi eux, le champion 2024 WiPT, qui arrive avec le plus petit tapis, mais surtout un solide chip leader, grand habitué du live midstakes, qui aura marqué les esprits après un fold AA étrange en demie finale face à son poursuivant, le très agressif et très chanceux PL Quandalle…
Le stream de la finale est bien sûr à retrouver sur Winamax.fr à partir de 14h !
Au retour du dinner-break, toujours dix-neuf joueurs en lice, et dix éliminations à attendre pour déterminer la table finale. Parmi eux, la belle histoire continue pour les deux qualifiés freeroll des étapes live, qui jouent solidement, ainsi que pour le vainqueur de l’an dernier qui a perdu la majeure partie de son stack avant la pause contre Paul Pirès-Trigo, notamment lors d’un bluff manqué à la river avec… rien contre top-paire, pour près de 5 millions de jetons…