23h40 : le Main Event du WPO 2019 est officiellement terminé. Philippe Guillou a livré une bataille acharnée tout au long de la semaine pour vivre sept jours de rêve éveillé : troisième du High Roller (1 000 €) pour la somme de 20 730 euros et vainqueur du tournoi principal pour un gain substantiel de 70 000 €. Non sans oublier une victoire sur un Winamax Series quelques semaines plus tôt pour une nouvelle somme à cinq chiffres. Pour sûr, son escapade dublinoise n’a pas été de tout repos, car marquée par des journées complètes de poker. « Je suis épuisé. Mais l’adrénaline m’a permis de tenir. Hier, j’ai même dû m’arrêter : j’ai fait quinze mètres, j’avais des sueurs, j’ai cru que j’allais m’évanouir. J’ai eu du mal à rentrer, je me suis même mis des claques. Le rythme était intensif », nous indique le nouveau champion.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le grinder online a parfaitement rentabilisé ses sorties live de 2019 : « J’ai fait Cannes, Lorret de Mar, avec pas mal de prétentions. Surtout qu’à Lorret, c’était du 6-max et un événement Winamax. Et Winamax, c’est un petit peu ma femme puisque je passe beaucoup de temps sur cette room. J’étais venu à Dublin avec tous les potes grinders, certains que j’avais pas vu depuis longtemps, certains même jamais. Je m’étais dit que je ferai le Main Event et quelques sides à côté ». A ce moment-là, le Brestois ne s’imaginait pas encore l’exploit prochainement réalisé.
Pour sûr, le trentenaire a mis toutes les chances de son côté, lui qui a démissionné de son job d’infirmier il y a un an pour se consacrer entièrement à son jeu préféré. « Ça fait quand même un an que j’ai beaucoup bossé avec notre groupe de sept/huit personnes la plupart rencontrées via le poker. On se fait généralement des sessions de review et des partages de HH. Ensuite, le run est prépondérant dans n’importe quel tournoi. Mais oui, le Main, c’était complètement fou », lâche-t-il des étoiles encore dans les yeux.
« Le live, ça restera occasionnel »
Et de poursuivre : « L’expérience a fait beaucoup : cela fait 15 ans que je joue. Au départ j’ai beaucoup perdu en déposant de l’argent dès mes 18 ans. Et dès que j’en gagnais, j’allais sur les grosses tables de cash game, souvent pour perdre. Ça fait deux ou trois ans que la gestion est bonne ». Une bonne gestion, certes, mais pas de folie pour autant. « Le live, ça restera occasionnel, car le 6-max est rare, et il y a que ça qui me plait. Il faut que ce soit festif », tempère-t-il.
Que faire avec autant d’argent remporté ? « Je vais aller voir un comptable car je compte me mettre en autoentrepreneur. Je compte aussi épargner pour m’assurer une ou deux années de grind. Là, le run est magnifique, c’est beau, il y a des paillettes partout. Mais le volume online est parfois violent : il y a un loyer à payer, un frigo à remplir ». La tête sur les épaules, aussi bien dans un tournoi que dans la vraie vie.
Il est temps pour nous de nous quitter après cette folle semaine dublinoise. Ci-dessous, veuillez retrouvez la victoire de Philippe Guillou en images, ainsi qu’un résumé complet de la table finale. Rendez-vous au BPT Cap d’Agde d’ici une semaine. D’ici-là, portez-vous bien. Peace. Greg H.
Main Event – 1 000 € – 1 389 entrées
Résumé de la table finale
16h30 : coup d’envoi / Chipcount
Siège 1 : Ibrahim Senoussi (France) 7 000 000 (35 BB)
Siège 2 : Kevin Goillot (France) 8 400 000 (42 BB)
Siège 3 : Fraser MacIntyre (Ecosse) 9 050 000 (45 BB)
Siège 4 : Sacha Thery (France) 10 825 000 (54 BB)
Siège 5 : Philippe Guillou (France, chipleader) 22 150 000 (111 BB)
Siège 6 : Alexandre Blanc (France) 7 475 000 (37 BB)
Siège 7 : Raul Patron (Espagne) 4 600 000 (23 BB)
Blindes : 100 000 – 200 000, BB Ante de 200 000
Tapis moyen : 9 920 000
▪ La moyenne de cinquante blindes observée au coup d’envoi de la table finale laissait présager une période longuette dénuée de coups à tapis ou de mains rocambolesques. Un présage balayé d’un revers de la main au cours de la première demi-heure : le dernier Ecossais encore en jeu, en la personne de Fraser MacIntyre, pourtant très bien fourni en jetons à sept joueurs restants, a essuyé un set-up dévastateur face à son voisin de droite, Kevin Guillot. Dans la foulée, son double-up à dix blindes ne fut qu’un court répit : Philippe Guillou l’acheva au bout de trente minutes de jeu.
Runner-up de l’EPT Madrid 2012, Fraser MacIntyre ajoute une nouvelle performance de choix à son palmarès long comme un bras : 7e pour un chèque de 13 000 €.
▪ Quarante minutes plus tard (17h40), l’ultime étranger de cette table finale, l’Espagnol Raul Patron, a été licencié par ses camarades. Et plus précisément par Sacha Thery, lors d’un nouveau set-up plus ou moins inévitable : trips contre full house. Résultat des courses : le trophée du Main Event WPO était sûr de repartir dans un bagage français, mais pas systématiquement en terres gauloises. Car Kevin Goillot, grinder de longue date respecté par la communauté, pouvait aussi l’emporter à Lisbonne, son lieu de résidence.
Chipcount à cinq joueurs restants
Philippe Guillou : 25 225 000 (100 BB)
Sacha Thery : 15 975 000 (63 BB)
Kevin Goillot : 14 625 000 (58 BB)
Alexandre Blanc : 8 775 000 (35 BB)
Ibrahim Senoussi : 4 900 000 (19 BB)
Blindes : 125 000 – 250 000, BB Ante de 250 000
Moyenne : 13 890 000
6e – Raul Patron : 17 500 €
▪ Trente-cinq minutes plus tard (18h15), rebelote : au tour d’Ibrahim Senoussi de rendre les armes lors d’un 30/70 concédé face à Kevin Goillot. Le Parisien de 25 ans poursuit sur sa très bonne lancée estivale marquée par une sixième place (39 500 €) sur l’EPT Cup de Barcelone, suivie d’une troisième place (49 810 €) six jours plus tard sur un Side Event à 1 100 €. Une victoire sur le circuit live lui échappe cependant une nouvelle fois.
Chipcount à quatre joueurs restants
Philippe Guillou : 22 650 000 (75 BB)
Kevin Goillot : 20 900 000 (69 BB)
Sacha Thery : 14 375 000 (47 BB)
Alexandre Blanc : 11 525 000 (38 BB)
Blindes : 150 000 – 300 000, BB Ante de 300 000 Moyenne : 17 360 000
5e – Ibrahim Senoussi : 23 500 €
▪ Une longue période de 40 minutes fut ensuite prise pour décider d’un arrangement financier calculé à l’ICM, avec un chèque de 10 000 € réservé au vainqueur. Voici la nouvelle répartition de l’échelle des gains :
▪ S’en est suivie un long, très long, trop long moment d’accalmie sans aucune élimination après le diner break : Sacha Thery a perdu de nombreuses plumes face à l’intenable Philippe Guillou (une histoire de double paire contre flush), lorsque Alexandre Blanc s’est donné un bol d’air plus que bienvenue en doublant contre un Kevin Goillot en jambes : de BB, le finaliste du Beer Pong Open 2018 a resteal à tapis 19 grosses blindes avec , en position plus que défavorable face au de Kevin. Un board lui donna cependant l’avantage pour grimper à dix-neuf millions de jetons sur les blindes 250 000 – 500 000, BB Ante de 500 000.
▪ 22h50 : une heure fatale pour Sacha Thery, éliminé en quatrième position après un honorable parcours. L’employé de Winamax soutenu par une dizaine de collègues dans le rail s’est battu comme un lion pour résister à la pression adverse et à la structure. En vain. Son ultime main disputée se résume à un 40/60 basique contre Kevin Goillot, qui reprenait des couleurs pour se replacer dans la course au titre. Et puisqu’une élimination en appelait à une autre, je vous laisse la découvrir juste ci-dessous.
Chipcount à trois joueurs restants
Kevin Goillot : 29 750 000 (59 BB)
Philippe Guillou : 21 000 000 (42 BB)
Alexandre Blanc : 18 750 000 (37 BB)
Blindes : 250 00 – 500 000, BB Ante de 500 000 Moyenne : 23 150 000
4e – Sacha Thery : 51 305 €
▪ Malgré son double-up quelques instants plus tot, Alexandre Blanc allait rater de peu le face-à-face final, la faute à un 4-bet all-in perdant contre Kevin Goillot : contre une paire de Valets qui tiendra jusqu’au bout. Pouvait alors débuter le HU au départ dominé par Goillot en termes de jetons :
Kevin Goillot : 39 850 000 (66 BB)
Philippe Guillou : 29 650 000 (49 BB)
3e – Alexandre Blanc : 45 635 €
▪ Oui, les deux derniers hommes du Main Event jouissaient d’une profondeur intéressante pour faire durer leur duel. Et oui, ce dernier s’est clôturé en l’espace de dix minutes seulement, la faute, ou alors grâce, à un trois barrels bluff osé de Kevin Goillot. En face, Alexandre a réalisé un hero call des plus talentueux : nous tenions enfin notre nouveau champion du Main Event WPO 2019.
C’est reparti pour s’équilibrer entre joueurs lorsqu’Aliosha Staes, qui avait un peu pris du champ, shove paire de 9 et tombe sur paire de rois chez Timothé Labassa qui double à 20 BB, pour 31 pour Staes, et 20 pour Hammann.
Comme les niveaux continuent de se rapprocher (25-22-17), les joueurs décident de faire une pause pour rediscuter d’un deal éventuel. Le directeur du tournoi propose une distribution 61K pour Staes, 59K pour Hammann, et 55K pour Labassa, mais finalement les joueurs refusent et le jeu reprend.
Une main intéressante se déroule entre Staes et Hamman, relancée par Staes en petite blind et payée par Hammann. Le flop vient 7-6-10, Staes mise 1,2M et Hammann le suit pour aller voir un turn qui est un autre 6. Staes checke et Hammann mise 3M. C’est au tour de Staes de coller et de checker sur un As à la river. Hamman met 5,8M et Staes paye : 10-5 contre 10-9, et ça partage.
Soudain une main qui sonne comme un éclair dans un ciel sans nuage : tapis de Labassa avec J-10 de carreau et Staes paye immédiatement avec paire de rois. On croit à l’élimination de Labassa mais il trouve deux 10 au board pour doubler à 38M. Staes est amoché à 9,2M (7,7BB)
Labassa a fait preuve de talent et aussi de chance, ce qui est encore plus important (Photo Winamax)
Staes envoie à tapis le coup d’après puis qui trappe Hammann (ou bluffe avec talent) sur un board 7-K-7-As-6 en envoyant à tapis sur une petite mise river de Hammann qui semble sans conviction. Il part à tapis et Hammann montre une paire de 8 qu’il folde. Staes revient à 18M, puis 23M en envoyant sans peur à all-in autant qu’il peut. Un de ses amis du rail belge lui dit « d’aller chercher le loyer ».
Eh bien c’est ce qu’il semble faire le coup d’après en rendant la monnaie de sa pièce à Labassa : il shove As-2 contre As-roi, et fait deux 2 au board ! Il double à 48 et laisse Labassa exsangue (8M).
Hammann ne bouge pas depuis un moment à 20M. Il essaye de mettre la pression à Labassa sur le coup suivant mais il est payé immédiatement avec As-8. Son J-2 fait pâle figure, Labassa prend le coup et double à 15M. Hammann est à 13.
Staes et Hammann (Photo Winamax)
Le coup suivant, Hammann part à tapis, Labassa paye sans trop hésiter, et Staes, au terme d’une longue réflexion, décide de suivre. K-J de pique pour Hammann, As-J de coeur pour Labassa, K-Q off pour Staes. Le flop vient 8-9-10 avec 2 trèfles, la turn est un 5 de pique qui ouvre énormément d’outs pour Hammann mais le 9 de carreau final le renvoie chez lui. La question se pose de savoir s’il regrettera d’avoir fait capoter un deal deux fois. Il touche néanmoins 43000 euros pour sa peine.
Labassa en gagnant ce coup monstrueux remonte à 44M (29BB), Staes est à 30 (22BB). Il y a une nouvelle proposition de deal avant de lancer le heads-up, avec 70k, 66k et 15k laissés à la gagne, mais il est une refusé encore une fois pour prolonger le plaisir. Il est 2h du matin. Les niveaux vont désormais être de 20 minutes.
Labassa met la pression dès le premier coup et fait monter l’écart à 20M avec une relance préflop et un parpaing au flop 6-3-8. Il ne laisse pas Staes respirer pendant les coups suivants, shovant ou misant post-flop pour le faire jeter ses cartes. Staes flat une nouvelle fois du bouton, Labassa part all-in avec As-5 et Staes paye debout sur la table avec As-roi et repasse en tête 32BB contre 22BB. Tout est encore possible !
Staes attaque fort un coup avec une mise à 3,1M préflop, 3M au flop et 8M au turn sur un board Q-4-10-8 et Labassa finit par jeter après une longue hésitation, passant à la moitié du tapis de son adversaire.
Et c’est fini ! Sur le coup suivant, Staes checke quand Labassa complète du bouton. Le flop vient 6-4-7 rainbow. Labassa mise 1,6M. Staes met un long moment à tribet à 4,9M. Labassa prend presque autant de temps pour annoncer all-in et Staes snap-call. K-7 pour Labassa, et 8-5 et quinte max pour Staes. Il faut au Français deux runner-runner pour espérer faire full et s’en sortir mais l’As du turn met fin à tous ces espoirs.
Labassa sort avec 62K euros, Staes avec 90k. Félicitations à lui ! Et merci à Winamax pour ce magnifique événement à Bratislava qui a tenu toutes ses promesses !
L’événement « Face the Pros » où les joueurs peuvent venir défier les membres de l’équipe pro pour des heads-up sur iPad est l’occasion d’affronter les meilleurs dans la bonne humeur.
Côté finale du Main Event, Timothé Labassa colle un open d’Imperatore UTG avec paire de 10, ça fold jusqu’à Cechowski qui se réveille en BB avec As-Roi. Il part à tapis, Imperatore fold sa main random et Labassa call. Les 10 tiennent et Cechowski sort en 5ème position (21600 euros).
Les mains suivantes, Labassa s’essaye à ouvrir avec des mains limites mais doit les jeter une par une face à des relances de mains plus fortes. Hammann, peut-être du fait de l’image qu’Imperatore s’est donné à table, fait plusieurs calls ambitieux sur des tirages qui rentrent à la river, et grignote un peu le tapis du chipleader.
Vient le moment fatidique où l’image qu’il s’est construite pourrait payer : ouvrant avec paire d’As, Imperatore est payé par Staes, le Belge de la table, avec paire de 8 en petite blinde. Mais un 8 tombe au flop et Staes double (21M) , tandis qu’Imperatore retombe à 17M. Les tapis sont maintenant assez proches et l’action ralentit.
Peu de temps après, sur une opposition entre les mêmes avec As-Q contre As-Roi avec un pot monté à 19M, Imperatore trouve un fold surnaturel sur une mise 6,5M à la river (board As-7-2-9-7).
Aliosha Staes est désormais le chipleader et fait un mouv fou quelques coups après : sur une relance de Labassa avec As-10, il tribet à 3,1 à la BB avec As-7 dépareillé, reprend 6,2 en 4-bet de Labassa et shove en 5-bet ! Labassa jette sa main et Staes est à 41M.
Aliosha Staes (Photo Winamax)
Les coups suivants ne font que confirmer cette tendance, d’autant que le Belge semble toucher chaque flop et il part en pause avec une belle avance sur les 3 autres joueurs qui doivent maintenant faire attention à l’ICM pour optimiser leur résultat.
Il n’y aura pas de round d’observation en cette table finale à 7 (qui s’explique par l’impossibilité de distribuer les joueurs sur 2 tables sans désavantager le groupe de 3).
Après 2 tours, Hugo Menant part à tapis UTG, payé par Dylan Cechowski en late avec paire de 10. Le roi-dame de Menant semble bien parti avec un flop Q-K-8. L’As du turn offre les valets en plus des 2 derniers 10 pour Cechowski, et c’est bien un valet qui renvoie finalement Menant chez lui en 7ème position (12080 euros).
Hugo Menant (Photo Winamax)
Le chipleader de la table, Valentin Imperatore, joue très loose, en mettant des patates dans tous les sens sans hésiter à montrer des mains douteuses quand personne ne colle… ça ne tombe pas dans l’oreille de sourds à la table, et sur une nouvelle ouverture d’Imperatore, Jonathan Pastore part à tapis avec 20BB, Imperatore paye avec paire de 7, contre K-Q chez Pastore.
Le flop vient 10-5-J, qui ouvre la quinte par les 2 bouts à Pastore, un 10 au turn lui ouvre également les valets, mais aucun de ses 12 outs ne sort à la river et Pastore sort en 5ème position (21660 euros).