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Portraits / Interviews

Adrian Mateos dégrippe la machine

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En l’espace d’un mois, Adrian Mateos a enchaîné quatre ITM, pour trois victoires et une troisième place, aux partypoker Millions Bahamas et à l’EPT Prague. S’il est vrai que le Team Pro Winamax nous a habitué à des performances pantagruéliques, celui que l’on surnomme « la Maquina » semblait néanmoins connaître quelques grippages en 2019… Avec cette passe de quatre réalisée lors de tournois de standing international, au field massif et de grande qualité, le prodige espagnol remet les pendules à l’heure et s’affirme un peu plus comme l’un des patrons du poker High Stake mondial. Retour sur l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération.

A cheval sur deux continents, l’incroyable good run d’Adrian Mateos ne connaît ni frontière, ni repos. Des Bahamas à la République tchèque, le joueur semble passer sans difficulté aucune du climat tropical des Caraïbes au froid austère des plaines glacées d’Europe centrale.

Avec trois titres et un podium, Adrian Mateos frappe un grand coup. Le buy-in moyen sur ces quatre tournois s’élève à un peu plus de 25 000 dollars et son gain moyen sur ces événements s’élève à près de 560 000 dollars ! N’en jetez plus, les chiffres sont affolants. A tout juste 25 ans, Adrian flirte déjà avec la barre des vingt millions de dollars de gain en tournoi live !

Déjà propriétaires de quatre breloques estampillées WSOP et EPT, Adrian a commencé par compléter sa collection aux Bahamas, à l’occasion des partypoker LIVE MILLIONS Caribbean Poker Party. Dans l’enceinte du Resort Baha Mar, à Nassau, capitale de l’archipel des Bahamas, Adrian s’adjuge coup sur coup le High-Roller à 25 500 $ et le Main Event à 10 300 $.

Cette double victoire en l’espace d’une semaine intervient alors que le joueur semblait connaître une traversée du désert. De son propre aveu, Adrian estimait être au creux de la vague en cette fin d’année.

« Cette victoire est particulière parce qu’elle intervient à un moment difficile de ma carrière. » confiera le Team Pro Winamax à l’issue de son double succès bahaméen. « Je vivais le plus gros downswing de ma carrière je pense et c’est incroyable d’enchaîner deux succès dans une période si difficile. Je n’ai jamais perdu la confiance dans mon jeu et ce succès fait un bien fou au moral ! ». Et au portefeuille, puisque cette double victoire lui rapporte environ 1 700 000 dollars. De quoi payer quelques cocktails sur la plage…

Retour sur un mois de folie

La renaissance prend forme lors du High Roller, un format que Mateos connaît très bien et sur lequel il a réalisé ses plus grandes performances. Devant un parterre de 125 concurrents, Adrian parvient à se hisser jusqu’en finale. Oui mais voilà : c’est bien sur les dernières marches qu’Adrian a tendance à trébucher ces derniers mois. Avec le cinquième tapis à l’entame de la table finale, le joueur espagnol voit enfin les cartes tourner en sa faveur, à l’instar de cette quinte trouvée runner runner face à Michael Zhang dès les premières mains de la finale.

Après l’élimination du Britannique Fraser en troisième place, Wilson et Mateos décident de s’accorder sur un deal, autorisé dans ces contrées exotiques. Si l’Américain possède environ 80 % des jetons en jeu, il décide de composer face au talentueux Adrian. Il faut dire que le meilleur résultat de Wilson en tournoi live est un gain de 65 000 dollars. Un complexe d’infériorité parfaitement légitime face à l’ogre ibérique est probablement à l’origine de ce deal très équilibré, puisque Brock repart à la maison avec 619 536 dollars garantis et que Mateos s’assure de son côté 520 464 $. Le trophée se joue sur quelques coins flip en faveur de l’Espagnol, vainqueur du tournoi mais avec un gain inférieur à son dauphin ! Mais l’essentiel était probablement ailleurs pour Adrian, qui renoue enfin avec la victoire après une disette qui aura duré un an et demi, sa dernière victoire sur le circuit remontant à juillet 2018.

Dès le lendemain de cette victoire, le joueur est à nouveau en lice sur le Main Event, tournoi sur lequel là encore Adrian a su adopter la bonne attitude face à de coriaces adversaires très actifs. Après les éliminations en demie-finale de redoutables prétendants à la victoire finale, comme Ryan Riess (13ème), Alex Foxen (12ème), ou le pro partypoker Philipp Gruissem (9ème), Mateos fait le dos rond face aux incessantes agressions de Chris Hunichen. Ce dernier possède environ 75% des jetons lorsque le podium est connu ! Mais les stacks s’équilibrent finalement et au retour d’un break, les trois joueurs annoncent avoir conclu un deal à l’ICM, parfaitement légal et homologué par l’organisation. Chris Hunichen s’octroie la part du lion avec 1 097 195 dollars, laissant à Adrian 1 062 805 $ et à Van Blarcum 970 000 $. Le titre allait donc se jouer pour la gloire et un enjeu de 100 000 $ tout de même. Le dénouement est dès lors rapide et de peu d’incidence et la victoire revient à Adrian, qui aura donc connu coup sur coup deux victoires à l’issue de négociations et d’un arrangement !

A noter également que le joueur espagnol n’aura éliminé qu’un seul adversaire lors de cette table finale, lors du heads-up évidemment.

A peine le temps de prendre quelques jours de repos à la maison et voilà Adrian Mateos de nouveau sur les routes du circuit. Destination Prague cette fois, pour un grand classique de l’hiver européen. La République Tchèque a toujours été une terre de poker et les projets pharaoniques de Leon Tsoukernik à Rozvadov et plus récemment à Prague ne font que renforcer cette tendance. Et dès son arrivée dans la capitale tchèque, Adrian nous refait le coup ! Devant un field limité mais très dense, le Team Pro Winamax remporte son troisième trophée de suite, le premier de ce festival. Si le gain est moindre, là encore, l’essentiel est ailleurs. Le retour en forme se confirme, dans une ambiance parfaitement opposée à ce qu’Adrian a connu aux Bahamas. La confiance est de nouveau à son maximum, avec des résultats qui s’enchaînent. Et pour conclure ce retour en grâce, Adrian signe un nouveau résultat quatre jours plus tard, en se hissant sur la troisième marche du podium du Super High Roller, un tournoi monstre à 50 000 euros de buy-in, réservé à l’élite la plus fortunée du poker international. Mais cette fois, la victoire se refuse et Mateos doit se contenter du bronze. Il est vrai qu’il avait fort à faire face à Bertrand Grospellier, runner-up et renouant également avec des résultats dignes de son standing, et Stephen Chidwick, numéro 1 mondial au classement GPI.

Un bilan plus que positif

Adrian s’est imposé sur les plus grandes tables de la planète poker : il a ainsi remporté au moins un titre majeur dans les principales capitales du jeu de la planète, comme Monaco, Macau, Vegas, Marrakech ou encore Deauville. Il s’est également imposé dans des circonstances qui lui tenaient particulièrement à cœur, comme sa victoire « a casa » à Madrid pour son premier tournoi live en 2012 ou lors du Main Event du Sismix 2018, tournoi emblématique de son sponsor historique, Winamax.

Adrian Mateos s’est frotté aux meilleurs. Et l’a très souvent emporté, montrant ainsi qu’il savait parfaitement gérer la pression et la concurrence. Ainsi de ses dernières tables finales à Prague, où il s’est retrouvé face à Bertrand Grospellier (deux fois), le Français qui affiche lui aussi un retour en grande forme, Steve O’Dwyer, l’Américain aux 30 millions de dollars de gain en tournoi ou encore l’Anglais Stephen Chidwick, numéro 1 mondial au classement GPI et véritable épouvantail de cette année 2019 avec six titres à son compteur !

A Nassau, la concurrence avait été tout aussi rude et ses adversaires n’étaient pas venus pour les plages ou les fiestas déjantées qui ont fait la réputation de la destination caraïbéenne. Avec des noms tels que Davidi Kitai, un autre Team Pro Winamax, le Français Benjamin Pollak, habitué des High-Rollers, les Américains William Foxen (numéro 2 mondial au dernier pointage GPI juste devant… Adrian Mateos !) et Ryan Riess, champion du monde WSOP, auxquels on se doit d’ajouter le toujours redoutable contingent allemand (emmené par Rainer Kempe, Philipp Gruissem et autres Manig Loeser), le spot balnéaire n’avait décidément rien d’une sinécure !

A 25 ans, quelle suite va désormais connaître sa carrière ?

Déjà en tête de la fameuse All Time Money List de son pays depuis 2017, Adrian conforte sa position, avec quasiment huit millions de dollars de gain d’avance sur son dauphin, le légendaire Carlos Mortensen. La place bronzée revient pour le moment à Sergio Aido, très ami avec Adrian sur le circuit et en dehors, et également très performant en 2019, avec notamment une victoire au Super High Roller sur l’EPT Monte-Carlo en avril dernier pour un gain de plus de 1,7 millions de dollars !

Au niveau mondial, ces performances permettent à Adrian d’intégrer le top 30 des plus gros gains de l’histoire du poker. Il dépasse désormais des joueurs qu’il croise régulièrement aux tables high-stake de la planète, comme le Russe Igor Kurganov, l’Allemand Dominik Nitsche ou l’Américain Jason Mercier. En ligne de mire, et une fois dépassée la barre symbolique des vingt millions de dollars de gain en tournoi, figurent désormais les Allemands Christoph Vogelsang (21ème place), Rainer Kempe (24ème position) ou encore l’Anglais en semi-retraite Sam Trickett (23ème du All Time Money List mondial).

Alors avec un palmarès aussi conséquent à seulement 25 ans, qu’est-ce qui pousse encore le jeune prodige à arpenter la planète poker toute l’année ?

Bien sûr, l’Espagnol a encore quelques trophées et records à aller chasser. Ainsi, un titre de numéro un mondial au classement Global Poker Index (GPI) peut être un objectif majeur, au même titre qu’une triple couronne (c’est-à-dire posséder un titre EPT, WSOP et WPT).

Compte tenu des niveaux de buy-in que le joueur pratique, il peut également viser une place dans le top du top des plus gros gains en tournoi. A l’heure actuelle, c’est l’Américain Bryn Kenney qui trône au sommet de la fameuse All Time Money List avec plus de 56 millions de dollars amassés en tournois live (dont plus de 20 millions glanés lors de sa seconde place obtenue sur le tournoi le plus cher de l’histoire du poker, le Triton Poker Super High Roller Series de Londres cette année, au faramineux buy-in de plus de 1 million de livres sterling).

Mais finalement, le moteur d’Adrian est peut-être tout simplement son appétit insatiable pour la compétition. Cette soif de victoire est en soi une motivation suffisante pour continuer à jouer à ce niveau. Si Adrian est indéniablement doué pour ce jeu, c’est aussi un travailleur acharné qui ne cesse d’améliorer son jeu, d’affiner son analyse, d’étudier les tendances émergentes. Il possède également une hygiène de vie digne d’un sportif de haut niveau lorsqu’il est en compétition. Enfin, il semble évoluer dans un environnement personnel, affectif, familial et amical stable et sain, ce qui contribue grandement à éloigner les sources de stress quotidien.  Il en est de même de son staff professionnel, à commencer par les équipes de son sponsor Winamax, qui gère l’essentiel des questions logistiques et avec lesquelles il passe de longs moments en tournoi ou en séminaire.

Après avoir été un modèle de précocité, Adrian Mateos sera-t-il également un modèle de longévité ? Compte tenu de ce que le joueur a prouvé au cours de ces sept années passées sur le circuit professionnel, on ne peut pas douter du sérieux de la gestion de sa carrière. Dès lors, la question à poser est davantage « voudra-t-il avoir une carrière longue dans le poker ? » que « le pourra-t-il ? ». Choisira-t-il la voie d’un Elky, dont la reconversion des jeux vidéo au poker date déjà de 2005, et qui a récemment retrouvé le chemin du succès aux tables après avoir vécu des années de disette ? Ou optera-t-il plutôt pour celle d’un Fedor Holz qui annonçait en 2016 vouloir prendre du champ avec le poker, à seulement 22 ans, afin de voyager et de diversifier ses activités ?

Les premières échéances de 2020 devraient nous donner quelques indications sur l’avenir du prodige espagnol. Mais au vu des résultats accumulés au cours de sa jeune carrière, et de ses toutes récentes performances, nul doute qu’Adrian Mateos a les armes pour écrire encore quelques pages de l’histoire du poker.

 

La carrière d’Adrian Mateos en quelques chiffres

 

19 984 937 $ de gain en tournois live en carrière

 

2012, l’année de sa première victoire dans un tournoi. C’était à Madrid, lors du tournoi Main Event CNP770, au buy-in de 600 euros. Adrian avait empoché un peu plus de 36 000 euros pour sa performance. Il s’agissait également de… sa première participation à un tournoi puisque le joueur était âgé d’à peine 18 ans !

 

25 ans, l’âge qu’a eu Adrian le 1er juillet dernier

 

17 victoires en tournoi depuis le début de sa carrière en 2012

 

3 bracelets WSOP (Main Event WSOPE 2013 pour 1 000 000 €, Event #33 Summer Solstice WSOP 2016 pour 409 000 $ et Event #15 WSOP 2017 pour 336 000 $)

 

1 victoire EPT (EPT Main Event Grand Final Monte-Carlo 2015 pour 1 082 000 €)

 

 

 

Retour en chiffres sur les quatre performances XXL d’Adrian Mateos

 

Top 10 du Super High Roller partypoker Millions World Bahamas (25 500$ No Limit Hold’Em – 18-19 Novembre 2019)

Entrées : 125

Prize-pool : 3 125 000 $

* après deal

 

Vainqueur : Adrian Mateos (Espagne) – 520 464 $*

 

Runner-up : Brock Wilson (Etats-Unis) – 619 536 $*

3ème : Christopher Fraser (Angleterre)- 326 250 $

4ème : David Eldridge (Etats-Unis) – 255 000 $

5ème : Niall Farrell (Ecosse) – 200 000 $

6ème : Benjamin Pollak (France) – 160 000 $

7ème : Orpen Kisacikoglu (Turquie) – 135 000 $

8ème : Michael Zhang (Angleterre) – 115 000 $

9ème : Darren Elias (Etats-Unis) – 100 000 $

10ème : Jeremy Ausmus (Etats-Unis) – 90 000 $

 

 

Top 10 du Main Event partypoker Millions World Bahamas (10 300$ No Limit Hold’Em – 19-23 Novembre 2019)

Entrées : 948

Prize-pool : 9 480 000 $

* après deal ICM

 

Vainqueur : Adrian Mateos (Espagne) – 1 162 805 $*

Runner-up : Aaron Van Blarcum (Etats-Unis) – 970 000 $*

3ème : Chris Hunichen (Etats-Unis) – 1 097 195 $*

4ème : Scott Wellenbach (Canada) – 650 000 $

5ème : William Blais (Canada) – 500 000 $

6ème : Oleg Mandzjuk (Allemagne) – 350 000 $

7ème : Peter Jetten (Canada) – 250 000 $

8ème : Gregory Baird  (Etats-Unis) – 180 000 $

9ème : Philipp Gruissem (Allemagne) – 140 000 $

10ème : Oskar Prehm (Allemagne) – 100 000 $

 

 

Résultats du High Roller EPT Prague (10 300€ No Limit Hold’Em 8-Handed – 6-7 Décembre 2019)

Entrées : 61

Prize-pool : 591 700 €

 

Vainqueur : Adrian Mateos (Espagne) – 177 500 €

Runner-up : Anton Yakuba (Russie) – 128 400 €

3ème : Derek Ip (Hong-Kong) – 82 840 €

4ème : Vladimir Troyanovskiy (Russie) – 62 720 €

5ème : Bertrand « Elky » Grospellier (France) – 48 520 €

6ème : Tsugunari Toma Japon) – 37 870 €

7ème : Orpen Kisacikoglu (Turquie) – 30 180 €

8ème : Arsenii Karmatckii (Russie) – 23 670 €

 

Résultats du Super High Roller EPT Prague (50 000€ No Limit Hold’Em – 9-11 Décembre 2019)

Entrées : 44

Prize-pool : 2 134 440 €

 

Vainqueur : Stephen Chidwick (Angleterre)- 725 710 €

Runner-up : Bertrand « Elky » Grospellier (France) – 501 590 €

3ème : Adrian Mateos (Espagne) – 320 170 €

4ème : Steve O’Dwyer (Etats-Unis) – 245 460 €

5ème : Jean-Noël Thorel (France) – 192 100 €

6ème : Ben Heath (Angleterre) – 149 410 €

 

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Portraits / Interviews

Rencontre exclusive : Barny Boatman, vainqueur de l’EPT Paris

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Barny Boatman, « One for the good guys »

Il est des figures du poker dont on apprécie la seule existence. Des personnalités qu’on aime suivre sur les réseaux sociaux pour leur intelligence, leur modestie, leur humour et leur humanité. Et quand on les retrouve en table finale d’un tournoi majeur du circuit international, on peut passer sa nuit à le soutenir, anonymement, sur les streaming des compétitions. En finissant vainqueur du fabuleux EPT Paris, organisé conjointement par les casinos Barrière et PokerStars, Barny Boatman a fait plaisir à tous les vrais amoureux du poker. Quelques jours après son succès incontestable en terres parisiennes, le champion anglais nous a accordé un entretien exclusif.

Vous venez de remporter l’une des compétitions les plus relevées de la saison poker, l’EPT Paris. A quel moment pensiez-vous que ce titre était pour vous ?

Je pense que la plupart des joueurs de poker sont plein d’optimisme lorsqu’ils s’inscrivent à un tournoi, autrement ça ne vaut pas le coup de s’acquitter du buy-in ! (rires) En tout cas , c’est mon cas… Ce n’est cependant qu’à mi-journée du Day 2 où j’ai compris que j’arriverais sans doute à la bulle du tournoi avec un joli tapis devant moi, même si j’ai attendu le Day 4, à son début, pour visualiser plus clairement ma place en table finale. A la fin de cette journée-là, j’étais même persuadé que la gagne était envisageable.

Quels ont été les moments pivots de votre tournoi ?

Il y en a eu quelques-uns… J’ai eu plusieurs mains où je suis tombé sur le flop avec une overpaire, et où j’ai réussi à faire coucher la main de mes adversaires en représentant quelque chose de plus fort qu’en réalité. Dans au moins l’une de ces situations, je n’aurais même jamais tenté cela si j’avais su ce que l’autre joueur avait en face ! Il y a eu deux grosses mains qui m’ont assuré le tournoi. La première, à la fin du Day 4, où je paye un bluff avec une main faible dans un très gros pot qui me donne le chiplead, et une autre en finale, où je pousse Kauffman à se lancer dans un énorme bluff alors que j’avais un full contre ses deux paires. Nous n’étions plus que trois, et j’ai été à nouveau propulsé en tête. Ensuite, je n’ai jamais regardé derrière moi ! (rires)

Comment avez-vous fêté cette victoire ?

Tout cet argent va changer la vie de ma compagne et moi-même. Cela tombait bien, on cherchait une maison avec l’eau courante, cela devrait être possible désormais… On a fêté ça avec un très bon repas au Fouquet’s, sur les Champs-Elysées, et ensuite je trouverai bien l’occasion de fêter avec des amis cette belle victoire à Londres, Dublin et même Madrid. Je voudrais partager cette joie avec autant d’amis que possible. Et maintenant que j’ai goûté à la victoire sur l’EPT, je devrais sûrement avoir encore plus envie de remettre ça…

Comment avez-vous débuté le poker, en Grande-Bretagne ?

A l’école, tout simplement. Et ensuite, le circuit classique des parties privées, puis des casinos, mais aussi des cercles de jeux et des cash-games plus élevés avec des hommes d’affaires. J’ai joué dans à peu près tous les endroits possibles au monde : des pubs qui sentaient la bière chaude, des arrière-salles et des clubs luxueux. Où qu’il y ait de l’action, j’y vais, et je franchissais même la Manche souvent afin de voir mon ami Bruno Fitoussi à l’Aviation Club de France, à l’époque.

Quel est l’état de la scène poker britannique en 2024 ?

La culture du poker a toujours été très présente en Grande-Bretagne. De gros circuits sont toujours actifs, comme l’UKIPT qui va débuter à Dublin très prochainement. C’est surtout la scène tournois qui fonctionne très bien, ce qui permet à de jeunes talents de se révéler et de faire de belles performances à l’international.

Vous faites partie du quatuor qui a créé le fameux site de classement HendonMob, qui a changé le monde du poker…

Au début des années 1990, mon frère Ross —qui est un acteur assez connu en Grande-Bretagne— et moi-même avions une partie privée vers le quartier d’Archway, tandis que Joe Beevers et Ram Vaswani en avaient une autre, bien plus chère et sérieuse, dans un autre quartier du nom de Hendon. On est allés jouer là-bas, et uqelques mois plus tard, on s’est retrouvés à faire le tour du monde ensemble. On nous a surnommés à l’époque « The Hendon Mob » (la bande de Hendon, ndlr) même si je suis persuadé encore aujourd’hui que « The Archway Mob » aurait mieux sonné ! (rires)

Pourquoi aviez-vous choisi le poker comme mode de vie ?

C’est la liberté, tout simplement. Seul le poker pouvait m’offrir cela : les voyages, les amis, les défis incessants. Cela vous pousse à toujours réfléchir et apprendre, sans cesse.

Le poker est un jeu d’argent —comment vous en accommodez-vous à un niveau personnel et politique, vous qui êtes très engagé dans le social ?

Il existe bien des façons de gagner sa vie, certains sont plus productives et socialement enrichissantes que d’autres. Je n’ai jamais passé ma vie à simplement jouer au poker. J’essaie toujours d’être impliqué dans des projets plus créatifs, comme l’écriture, mais surtout d’utiliser mon temps et mes ressources financières pour soutenir et aider les personnes et les causes qui me tiennent à cœur. A certains moments de ma vie, lorsque mon indépendance financière et ma disponibilité étaient au mieux, j’ai ainsi pu vraiment être là auprès de mes amis et ma famille.

Comment avez-vous su vous adapter au fil de toutes ces années ?

Vu que je viens de devenir le plus vieux des champions EPT, je suppose que je n’ai pas tout perdu ! (rires) Ce jeu, c’est un jueu d’adaptation, autant face à des joueurs individuels à votre table, mais aussi aux changements de dynamiques d’un jeu ou d’un tournoi, mais aussi aux évolutions des concepts, des styles de jeu et des stratégies qui régissent le poker. Le plus important, je pense, c’est de relever le défi en y prenant du plaisir, de toujours apprendre, et surtout d’improviser selon les circonstances. Je n’étudie pas à proprement parler le jeu, même si je devrais sûrement, et je ne me considère absolument pas comme un des top joueurs de mon époque, mais à certains moments, mon expérience me permet de m’en sortir assez pour que je n’aie pas envie de me mettre à étudier formellement le poker. On me parle souvent du « bon vieux temps du poker », comme si c’était il y a des siècles, mais franchement, gagner un des plus beaux tournois de la saison, dans une des plus belles villes du monde, en magnifique compagnie, ce ne serait pas ÇA les bons vieux jours ? (rires)

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Dans La Tête d’un Pro revient en force sur Winamax !

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Après la douloureuse élimination d’Alexane Najchaus sur le Freezeout à 3 000 $ lors des WSOP, la série mythique Dans La Tête d’un Pro de Winamax tourne sa caméra vers Mustapha Kanit. Dans cette série de 7 épisodes, le numéro 1 italien prend le relais pour remettre d’équerre cette nouvelle saison, sur l’un des tournois emblématiques des WSOP !

Après 13 ans d’existence, la série Dans la Tête d’un Pro reste fidèle à ses débuts avec un concept fort : transporter les passionnés et la communauté poker dans la peau d’un membre du Team Winamax sur les tournois les plus prestigieux et les plus difficiles de la planète poker.

Le thème WSOP de cette année pour le Team Winamax : surpasser les 3 millésimes précédents, durant lesquels pas moins de 6 bracelets au total ont été remportés.

Le jovial de l’équipe se lance sur l’emblématique 6-Max

Mustapha Kanit, élu clown officiel du Team Winamax est aussi redoutable cartes en mains qu’hilarant durant les pauses-dîner. Lors de cette série d’épisodes, les spectateurs pourront suivre le numéro 1 italien sur l’un des tournois les plus emblématiques de l’ère moderne des WSOP, le 6-max à 5 000 $ l’entrée, où plus de 1 000 joueurs sont attendus.

Retrouvez le premier épisode de la série DLTDP avec Mustapha Kanit dès aujourd’hui sur la chaîne YouTube de Winamax. 

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Apo, une équipe au service du poker

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En quelques années, la marque Texapoker, fondée parApo(stolos) Chantzis, est devenue un incontournable du poker hexagonal, jusqu’à devenir quasiment hégémonique depuis la reprise d’activité après la pandémie Covid. Entouré de François Lascourrèges, fidèle depuis des années, et Mickaël Lesage, nouvel arrivant dans la galaxie Texapoker, Apo crée, dirige et assure désormais plus de 1600 tournois par an. Rencontre du triumvirat qui fait battre le cœur du poker français.

Le poker a d’unique qu’il accueille sans différence aucune tous les profils de joueurs, mais aussi d’organisateurs. Souvent attirés par les sirènes du tapis vert, ceux qui en font désormais tourner le business ont un seul point commun, l’amour du beau jeu, et autant de destins que de personnalités. À tout juste 70 ans, Apo en est le plus pur produit: «Je suis un autodidacte qui s’est créé tout seul», confie-t-il. «Je n’ai même pas suivi de formation de casinotier, au départ je jouais pas mal au poker fermé (le Draw), et j’ai gagné quelques tournois en Espagne, avant de me mettre à pratiquer le Limit Hold’em début 2000, puis de fréquenter le casino de Barcelone… Je suis empirique, et j’ai toujours travaillé très simplement. À chaque tournoi, je me fais un petit tableau pour déterminer les besoins en ressources humaines : tant de croupiers, tant de chefs de partie, tant de TD, etc. Je détermine un budget prévisionnel qui me permettra d’atteindre l’objectif. En fait, c’est simple: le cœur de mon métier, c’est de remplir chaque jour les salles.» Bien lui en a pris puisque, depuis le début de l’aventure Texapoker, pas un tournoi n’a fini dans le rouge: «Ma devise, c’est “Un tournoi près de chez vous”, et je ne déroge pas à cette règle. C’est mon système économique, pour que les clients puissent s’y retrouver, sans dépenser trop d’argent dans les hébergements ou dans de la nourriture. Ils peuvent même rentrer chez eux, puisqu’avec le maillage de casinos partenaires sur tout le territoire, ils trouveront un casino à moins de 150km de chez eux.»

L’EXPÉRIENCE POKER À PORTÉE DE TOUS

Ses débuts, comme François Lascourrèges, directeur de production chez Texapoker, Apo les a faits en province, bien loin du brouhaha parisien et des luttes de pouvoir entre casinotiers. Apo vient de Perpignan, d’où il continue de conceptualiser et d’articuler ses centaines de tournois, tandis que François Lascourrèges vient d’un peu plus au nord, en Gironde. C’est dans l’associatif que François Lascourrèges a fait ses premières armes: «Études à Bordeaux en BTS, et avec le temps libre qu’il me restait, j’écumais toutes les associations de la région en tant que jeune joueur passionné. Les casinos commençaient à organiser des tournois dans la région, jusqu’au moment où l’un d’entre eux m’a invité à travailler en tant que croupier extra. Les casinos recrutaient auprès des amateurs de poker pour former des croupiers, et j’ai débuté ainsi vers 2008-2009 en distribuant le jeu à table.» Parallèlement à ses études, il se frotte au cash-game, joueur gagnant aux petites limites, à Gujan-Mestras, puis découvre les tournois live, ne goûtant que peu au online. «J’étais très investi dans le poker associatif, notamment en tant que président du club d’Arcachon pendant cinq ans, jusqu’en 2011.Dans ce cadre, on a créé une sorte de ligue de poker, le 3+3, regroupant tous les joueurs amateurs, et organisé des tournois gratuits dans tous les casinos de la région. L’aventure s’est arrêtée sur le deuxième tournoi à Gujan, lorsqu’il m’a proposé de travailler pour eux. On a fini par se sédentariser à Gujan, qui avait un énorme potentiel, en organisant des freerolls sur place. On m’a ensuite proposé la place de MCD/directeur de tournoi, une énorme opportunité, et avec le travail, ça a payé…» Vient alors la rencontre avec le monde du poker professionnel: premier FPS en 2012 à Gujan, et grâce aux équipes locales, la collaboration avec Apo et Texapoker. La rencontre entre les deux hommes était actée ,et dès 2018, François Lascourrège rejoint à temps plein la structure, quittant un travail sédentaire pour une vie sur les routes, à passer de casinos en clubs de jeux, pour assurer le suivi de production parfait de la marque.

UNE ÉQUIPE COMPACTEET SOUDÉE

Malgré le nombre exponentiel de tournois organisés par sa structure depuis la sortie du Covid, Apo reste confiant quant au fonctionnement inhérent à Texapoker: «La sortie de la pandémie a été un moment clé et un défi vraiment fou pour l’entreprise. On voulait reprendre les tournois et initier le retour du poker le plus tôt possible afin de permettre aux croupiers et aux équipes des casinos de survivre au mieux», résumeFrançois Lascourrèges. «Ça a été un moment clé, où il y a eu beaucoup de débats en interne, mais on en est ressortis encore plus fort. Apo a été le premier à avoir le courage et la détermination de retourner au front, c’était impressionnant. Les croupiers, c’est le nerf de la guerre, car ils sont volatils et voyagent énormément.» Apo plussoie:«On fait travailler un peu moins de 100 croupiers en simultané, à partir d’un pool de 130 à 140, qui inclut le personnel étranger. Il ne fallait pas les laisser sur la touche.» Le facteur humain, depuis, est d’ailleurs devenu la clé de toute entreprise poker: la formation (en interne chez Texapoker, chapeautée par Élodie Martin), mais aussi la gestion humaine, prise très au sérieux avec deux employés dédiés à cette tâche: «L’équipe comprend également Nicolas Pinna, qui s’occupe de tout le back-office web et le suivi réservation, deux responsables des ressources humaines, François Lascourrèges en directeur de production, Florence Mazet à la communication et désormais Mickaël Lesage, directeur d’exploitation.» Mickaël Lesage, justement, vient de rejoindre le navire Texapoker (Apo, quant à lui, parlerait plutôt de voilier, en grand amoureux de la mer), après une belle carrière dans le poker parisien:«J’ai commencé en 2006 au sein d’un cercle de jeux, le Cercle Concorde en tant que croupier poker. Puis j’ai été appelé par unautre cercle, le Cercle Clichy-Montmartre, afin de démarrer une activité poker où j’ai évolué jusqu’au poste de MCD, directeur des tournois. J’ai eu ensuite la chance de pouvoir travailler avec la plupart des acteurs du marché (PMU, WSOP, WPT,DSO Unibet…) et même de voyager afin de me perfectionner dans mon métier. J’ai commencé à travailler avec Texapoker lors d’un Event WSOPC à Cannes en 2017. Ensuite nous ne nous sommes plus lâchés, nous avons travaillé en collaboration durant trois ans sur différents festivals lorsque j’étais MCD au Club Montmartre.»

2023, TOUJOURS PLUS HAUT

Le poste de Mickaël Lesage, qui vient d’être créé en décembre 2022, était indispensable au bon développement de l’entreprise pour l’année qui débute: «Apo m’a proposé d’être directeur d’exploitation de Texapoker en sachant que j’avais quitté mon poste au sein du Club Montmartre. J’ai effectué quelques événements pour Texapoker en ac-ord avec mon ancien employeur et cela s’est toujours très bien passé. Dans l’entreprise, je garde mon poste de directeur de tournoi, mais je suis également en charge de la programmation et de la coordination des événements avec François. Nous collaborons tous les deux étroitement à l’exploitation des licences et partenariats qu’Apo a signés pour le compte de Texapoker.» L’année 2023 s’annonce assez folle en termes de développement et de consolidation du marché pour Apo: «Nous travaillons en France avec 22 casinos et clubs, et nous sommes complets pour toute l’année au minimum. Le seul développement immédiat supplémentaire concerne l’Europe, avecl a Belgique, à Namur peut-être, mais aussi l’Autriche, avec Baden. Notre concurrence est simple et saine: c’est le Barrière Poker Tour, et nous respectons beaucoup leur travail et leur offre. Je préfère avancer de notre côté, dans un écosystème poker qui est sain pour tout le monde.» Il faut dire que l’année 2022, qui vient de se clore, a été riche en émotions: «Les WSOPC à Cannes, par exemple, étaient hallucinants, avec la nouvelle salle à l’étage et sa cinquantaine de tables au lieu de vingt-cinq», se souvient, ému, François Lascourrèges. Une collaboration unique avec le casino cannois dirigé par Alain Fabre, figure attachante et charismatique parmi les casinotiers français: «Avec Alain Fabre,on se connaît depuis des années, et on travaille main dans la main. Les WSOPC 2023, du 12 au 25 avril, devraient aussi beaucoup faire parler d’eux!» sourit Apo. «Quant àSan Remo, on a confié la direction quotidienne à Alex Angossi, pur produit Texapoker, qui travaille depuis six ans en étroite collaboration avec moi. Cette année 2023 va être très belle là-bas: l’IPO, qui a lieu du 1er au 10 mai, mais aussi le WPT Prime, du 5 au 11 juin, ainsi que le DSO du 11 au 16 juillet.» À la clé de l’année à venir, le nouveau deal exclusif à Paris avec le Club Circus qui débute en fanfare dès janvier, avec le WPT Prime, une nouvelle signature qui réjouit toute l’équipe: «Le retour du WPT Prime en France et en Italie, par Texapoker, c’est une nouvelle extraordinaire», ajoute François Lascourrèges, tandis qu’Apo rêve encore et toujours plus haut. «Je veux faire revenir un WPT Global avec le Main Event à 3500€ à Paris. On va également lancer des qualifications dans toute la France avec douze qualifiés pour un package à 12000€ offrant le tournoi du WPT Championship de décembre 2023 au Wynn à LasVegas, à partir de tournois qualificatifs à quelques centaines d’euros.C’est du long terme, avec le WorldPoker Tour, comme avec tous les partenaires avec qui nous travaillons.» Car la force de Texapoker réside également dans sa fidélité à de nombreux acteurs du marché: PMU et Unibet côté online, qui ont vu leur fréquentation exploser depuis deux ans, mais aussi des franchises telles que le WPT, le FPO, les DSO, les satellites pour l’EPT ou les FPS, des casinotiers indépendants ou ralliés à des groupes. «L’important», conclut Apo, «c’est que tout le monde s’y retrouve. Et que l’on travaille tous ensemble dans la même dynamique positive qui nous anime depuis le départ.»

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