La table finale débute avec un retard d’environ une heure du à des problèmes techniques affectant le stream vidéo.
Ayman Jarrar aborde le HU en position de favori en jetons
Les deux joueurs démarrent leur confrontation finale avec des stacks relativement équilibrés et avec un historique de jeu plutôt clair. Le duel s’annonce passionnant et animé. Ayman voit tous ses amis du Pedro Poker Tour présents pour le soutenir, dans un rail bon enfant et festif.
Le duel final oppose deux amateurs. Pour l’un, Ayman, il s’agissait tout simplement du premier tournoi international de poker. Pour le second, Samiyel Duzgun, il s’agit d’une nouvelle table finale. Un back-to-back après son dernier tournoi qui l’avait déjà vu atteindre la table finale. C’était à Chypre en novembre 2019, lors du Golden Poker Million, un Main Event à 800 euros, où Samiyel avait terminé à la 7ème place pour un gain de 19 900 euros. Pas mal pour un joueur récréatif !
Duzgun sort les guns
Très deep au début du duel, avec environ 106 et 81 blinds, les deux joueurs ne se sont pas laissés refroidir par la coupure technique. Ayman reprend très vite sa marche en avant et son agression permanente, empochant notamment un pot à 35 BB dès la reprise du jeu. En face, Samiyel ne comptait pas se laisser faire aussi facilement et commençait à rendre coup pour coup. Avec des ouvertures à 5x et des pots de plusieurs dizaines de BB, les joueurs s’envoient des parpaings sans hésiter. Duzgun prend l’avantage en débusquant les bluffs d’Ayman et passe au bout d’une vingtaine de minutes à 12 millions contre 6 pour Ayman, soit à la fin du niveau sur lequel le HU a démarré. Les niveaux sont par ailleurs passés désormais à 30 minutes, comme toujours en heads-up.
Jarrar parvenait à stopper l’hémorragie mais se voyait nettement dominé. Et le heads-up semblait être à sens unique. Jarrar n’avait plus les cartes et Jarrar n’avait pas les armes non plus visiblement. Le round 31 allait être un véritable chemin de croix pour Ayman, qui tombait à 1 million quand son adversaire en possédait plus de 17 ! Le clan israëlien continuait néanmoins à lui porter encouragement et soutien et Ayman parvenait à doubler une première fois avec As Sept contre Valet Neuf. Le flop lui offrait un répit avec deux As frappés.
Samiyel en avait le sourire mais reprenait sa marche en avant et maintenait une pression constante, et en quelques mains, Ayman reperdait tout ce qu’il avait pu engranger lors de son double up. A nouveau réduit à très peu au début du niveau 32, Ayman se retrouvait à payer son tapis avec Trois et Cinq off quand son adversaire détenait Dame Dix de cœur ! Mais un premier Trois sur le flop redonnait espoir à ses soutiens, nombreux, avant qu’un nouveau Trois sur la turn ne permette un nouveau double up. Ayman repassait à 2 millions, soit 10 BB. Tout était encore une fois à refaire pour Duzgun.
Mais Samiyel semblait sans pitié et rien ne paraissait de nature à le priver de cette première victoire sur le circuit international.
La dernière main du tournoi
Comme un présage, Phil Huxley, le dernier vainqueur de bague WSOPC en juin 2019, passait derrière la table finale lors de l’ultime main du tournoi, comme une passation de pouvoir. Sur une ultime tentative, Ayman pousse tapis pour call l’open shove adverse avec . Le Suisse détient et trouve son bonheur sur le dernier flop du tournoi : . La turn vient définitivement condamner Ayman et la river est anecdotique.
L’accolade finale
Il est 0h30 lorsque les deux adversaires se congratulent chaleureusement sous les applaudissements du public nombreux. Le Suisse peut savourer sa victoire, la plus belle de sa carrière. Il remporte 1 600 000 dirhams soit un peu plus de 150 000 euros.
Samiyel Duzgun remporte le Main Event pour 1 600 000 dirhams
Ayman Jarrar aura réalisé quant à lui un superbe tournoi pour sa première participation et repart avec 1 060 000 dirhams pour célébrer sa place de runner up.
Les mots du vainqueur
Sur sa victoire : « C’était super, je reviendrais ! J’étais déjà venu ici mais pour le tourisme, jamais pour jouer au poker. »
Sur sa pratique du poker : « Je vais sûrement aller aux Etats-Unis pour faire un peu de poker. Après je ne sais pas trop. Je joue peu de tournois, c’est surtout pour m’amuser avec mes amis. »
Sur sa vie : « Je suis Suisse et je vis en Suisse alémanique. Pour vivre, je suis dans les affaires. » Et pour ceux qui s’étaient posés la question : « Je suis né en Turquie et mon nom est d’origine turque. »
Sur sa célébration de ce soir : « On va boire quelques verres avec mes amis. »
Et pour conclure, Samiyel n’oublie pas de remercier la presse. Amateur, mais très professionnel tout de même le Suisse !
Avec la bague au doigt pour son titre et la traditionnelle photo avec Jean-Alexandre Bauchet, le patron du Es Saadi resort qui fait toujours l’effort de poser sur la photo avec chaque vainqueur !
Une édition record
Avec 625 entrées, l’édition 2020 améliore le record établi en 2019 (544 entrées).
Le record de fréquentation a également été battu sur le High Roller, avec 245 inscriptions.
On retiendra aussi :
– La victoire de Romain Follet au bout de la nuit sur le High Roller face à l’élégant et surprenant Italien Achille Voltolina.
– La composition du field avec toujours plus d’Espagnols
– Le deep run de Tom Laghzaoui Jarry qui réalise un 100% ITM sur la semaine, avec une 10ème place sur le High Roller et une 50ème place sur le Main Event, après sa victoire sur le FPO Paris (pour 70 600 euros)
Le Es Saadi Palace vous remercie et vous dit à très bientôt pour de nouveaux tournois
C’est reparti pour s’équilibrer entre joueurs lorsqu’Aliosha Staes, qui avait un peu pris du champ, shove paire de 9 et tombe sur paire de rois chez Timothé Labassa qui double à 20 BB, pour 31 pour Staes, et 20 pour Hammann.
Comme les niveaux continuent de se rapprocher (25-22-17), les joueurs décident de faire une pause pour rediscuter d’un deal éventuel. Le directeur du tournoi propose une distribution 61K pour Staes, 59K pour Hammann, et 55K pour Labassa, mais finalement les joueurs refusent et le jeu reprend.
Une main intéressante se déroule entre Staes et Hamman, relancée par Staes en petite blind et payée par Hammann. Le flop vient 7-6-10, Staes mise 1,2M et Hammann le suit pour aller voir un turn qui est un autre 6. Staes checke et Hammann mise 3M. C’est au tour de Staes de coller et de checker sur un As à la river. Hamman met 5,8M et Staes paye : 10-5 contre 10-9, et ça partage.
Soudain une main qui sonne comme un éclair dans un ciel sans nuage : tapis de Labassa avec J-10 de carreau et Staes paye immédiatement avec paire de rois. On croit à l’élimination de Labassa mais il trouve deux 10 au board pour doubler à 38M. Staes est amoché à 9,2M (7,7BB)
Labassa a fait preuve de talent et aussi de chance, ce qui est encore plus important (Photo Winamax)
Staes envoie à tapis le coup d’après puis qui trappe Hammann (ou bluffe avec talent) sur un board 7-K-7-As-6 en envoyant à tapis sur une petite mise river de Hammann qui semble sans conviction. Il part à tapis et Hammann montre une paire de 8 qu’il folde. Staes revient à 18M, puis 23M en envoyant sans peur à all-in autant qu’il peut. Un de ses amis du rail belge lui dit « d’aller chercher le loyer ».
Eh bien c’est ce qu’il semble faire le coup d’après en rendant la monnaie de sa pièce à Labassa : il shove As-2 contre As-roi, et fait deux 2 au board ! Il double à 48 et laisse Labassa exsangue (8M).
Hammann ne bouge pas depuis un moment à 20M. Il essaye de mettre la pression à Labassa sur le coup suivant mais il est payé immédiatement avec As-8. Son J-2 fait pâle figure, Labassa prend le coup et double à 15M. Hammann est à 13.
Staes et Hammann (Photo Winamax)
Le coup suivant, Hammann part à tapis, Labassa paye sans trop hésiter, et Staes, au terme d’une longue réflexion, décide de suivre. K-J de pique pour Hammann, As-J de coeur pour Labassa, K-Q off pour Staes. Le flop vient 8-9-10 avec 2 trèfles, la turn est un 5 de pique qui ouvre énormément d’outs pour Hammann mais le 9 de carreau final le renvoie chez lui. La question se pose de savoir s’il regrettera d’avoir fait capoter un deal deux fois. Il touche néanmoins 43000 euros pour sa peine.
Labassa en gagnant ce coup monstrueux remonte à 44M (29BB), Staes est à 30 (22BB). Il y a une nouvelle proposition de deal avant de lancer le heads-up, avec 70k, 66k et 15k laissés à la gagne, mais il est une refusé encore une fois pour prolonger le plaisir. Il est 2h du matin. Les niveaux vont désormais être de 20 minutes.
Labassa met la pression dès le premier coup et fait monter l’écart à 20M avec une relance préflop et un parpaing au flop 6-3-8. Il ne laisse pas Staes respirer pendant les coups suivants, shovant ou misant post-flop pour le faire jeter ses cartes. Staes flat une nouvelle fois du bouton, Labassa part all-in avec As-5 et Staes paye debout sur la table avec As-roi et repasse en tête 32BB contre 22BB. Tout est encore possible !
Staes attaque fort un coup avec une mise à 3,1M préflop, 3M au flop et 8M au turn sur un board Q-4-10-8 et Labassa finit par jeter après une longue hésitation, passant à la moitié du tapis de son adversaire.
Et c’est fini ! Sur le coup suivant, Staes checke quand Labassa complète du bouton. Le flop vient 6-4-7 rainbow. Labassa mise 1,6M. Staes met un long moment à tribet à 4,9M. Labassa prend presque autant de temps pour annoncer all-in et Staes snap-call. K-7 pour Labassa, et 8-5 et quinte max pour Staes. Il faut au Français deux runner-runner pour espérer faire full et s’en sortir mais l’As du turn met fin à tous ces espoirs.
Labassa sort avec 62K euros, Staes avec 90k. Félicitations à lui ! Et merci à Winamax pour ce magnifique événement à Bratislava qui a tenu toutes ses promesses !
L’événement « Face the Pros » où les joueurs peuvent venir défier les membres de l’équipe pro pour des heads-up sur iPad est l’occasion d’affronter les meilleurs dans la bonne humeur.
Côté finale du Main Event, Timothé Labassa colle un open d’Imperatore UTG avec paire de 10, ça fold jusqu’à Cechowski qui se réveille en BB avec As-Roi. Il part à tapis, Imperatore fold sa main random et Labassa call. Les 10 tiennent et Cechowski sort en 5ème position (21600 euros).
Les mains suivantes, Labassa s’essaye à ouvrir avec des mains limites mais doit les jeter une par une face à des relances de mains plus fortes. Hammann, peut-être du fait de l’image qu’Imperatore s’est donné à table, fait plusieurs calls ambitieux sur des tirages qui rentrent à la river, et grignote un peu le tapis du chipleader.
Vient le moment fatidique où l’image qu’il s’est construite pourrait payer : ouvrant avec paire d’As, Imperatore est payé par Staes, le Belge de la table, avec paire de 8 en petite blinde. Mais un 8 tombe au flop et Staes double (21M) , tandis qu’Imperatore retombe à 17M. Les tapis sont maintenant assez proches et l’action ralentit.
Peu de temps après, sur une opposition entre les mêmes avec As-Q contre As-Roi avec un pot monté à 19M, Imperatore trouve un fold surnaturel sur une mise 6,5M à la river (board As-7-2-9-7).
Aliosha Staes est désormais le chipleader et fait un mouv fou quelques coups après : sur une relance de Labassa avec As-10, il tribet à 3,1 à la BB avec As-7 dépareillé, reprend 6,2 en 4-bet de Labassa et shove en 5-bet ! Labassa jette sa main et Staes est à 41M.
Aliosha Staes (Photo Winamax)
Les coups suivants ne font que confirmer cette tendance, d’autant que le Belge semble toucher chaque flop et il part en pause avec une belle avance sur les 3 autres joueurs qui doivent maintenant faire attention à l’ICM pour optimiser leur résultat.
Il n’y aura pas de round d’observation en cette table finale à 7 (qui s’explique par l’impossibilité de distribuer les joueurs sur 2 tables sans désavantager le groupe de 3).
Après 2 tours, Hugo Menant part à tapis UTG, payé par Dylan Cechowski en late avec paire de 10. Le roi-dame de Menant semble bien parti avec un flop Q-K-8. L’As du turn offre les valets en plus des 2 derniers 10 pour Cechowski, et c’est bien un valet qui renvoie finalement Menant chez lui en 7ème position (12080 euros).
Hugo Menant (Photo Winamax)
Le chipleader de la table, Valentin Imperatore, joue très loose, en mettant des patates dans tous les sens sans hésiter à montrer des mains douteuses quand personne ne colle… ça ne tombe pas dans l’oreille de sourds à la table, et sur une nouvelle ouverture d’Imperatore, Jonathan Pastore part à tapis avec 20BB, Imperatore paye avec paire de 7, contre K-Q chez Pastore.
Le flop vient 10-5-J, qui ouvre la quinte par les 2 bouts à Pastore, un 10 au turn lui ouvre également les valets, mais aucun de ses 12 outs ne sort à la river et Pastore sort en 5ème position (21660 euros).