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Interviews

Dans nos archives… Rencontre avec Patrik Antonius

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Samedi 2 mars 2019, 13 heures. Nous prenons la direction du Parc des Princes à Paris. Non pas pour y voir évoluer l’équipe star de la Ligue 1, en déplacement ce jour-là en Normandie pour y affronter Caen, mais pour assister à la présentation à la presse du nouveau logiciel de poker Unibet sur le marché français et rencontrer une légende du poker, Patrik Antonius.

par Martin Garagnon

Développé en collaboration avec le fournisseur Relax Gaming, ce logiciel sera inauguré le 2 avril. La nouvelle plateforme se veut « divertissante, claire et équitable ». La collaboration entre Unibet et Relax Gaming a déjà fait la preuve de son efficacité et ce logiciel, exclusif en France, a rencontré un vif succès dans les pays où il a déjà été lancé.
Au programme de ce raout, visite des vestiaires et de la pelouse du Parc des Princes, à quelques jours du capital (mais finalement désastreux) match retour de Ligue des champions, cocktail, testing du nouveau logiciel et tournoi privé avec les joueurs et ambassadeurs de la marque. Unibet a mis les petits plats dans les grands et, un mois avant le lancement de son nouveau logiciel, témoigne clairement de son envie de soigner cette nouvelle étape de son développement.
Pour l’occasion, Unibet a mobilisé de gros moyens et s’est offert la présence d’une légende du poker, le Finlandais Patrik Antonius. Les passages de Patrik en France sont rares, bien qu’il réside à Monaco. L’occasion était trop belle et nous avons donc pris rendez-vous avec le joueur pour une interview sans langue de bois.
Autour d’une table dans un salon privé du Parc, Patrik nous rejoint à l’heure prévue. Chemise blanche immaculée, léger bronzage et silhouette svelte : aucun doute, le joueur est toujours irréprochable sur son hygiène de vie. Passant commande en anglais d’une eau pétillante, Patrik engage l’échange sous forme de mea culpa. « J’ai un peu honte de ne pas parler français, alors que je vis à Monaco. Mais bon je parle un peu italien alors ça va pour Monte-Carlo », nous confesse-t-il dans un demi-sourire contrit. Interrogé sur sa pratique des langues, il enchaîne : « Je parle anglais et russe aussi. Mais le français, c’est vraiment difficile. »

Vos venues en France sont rares. Pouvez-vous nous en dire davantage sur les raisons de votre présence ici, à la présentation du nouveau logiciel de poker Unibet France ?
La société dont je suis le cofondateur démarre un partenariat avec Unibet. Nous partageons une vision commune du poker du futur et nous investissons également dans les nouvelles technologies afin d’offrir une meilleure expérience de jeu. Je suis aussi ici pour le tournage des spots de publicité car je serai l’ambassadeur de la marque. Tout cela est très excitant.
Le timing était bon et puis, travailler avec Unibet est une belle opportunité. Ils ont une très bonne image et une approche très professionnelle qui me plaît.

Cela veut-il dire que l’on a des chances de vous voir sur le circuit français en 2019 ?
Tout à fait. Cela fait un moment que je n’ai pas participé à un tournoi Unibet. Je jouais davantage les gros buy-in ces dernières années.
Si mon planning le permet, j’aimerais aussi beaucoup disputer de gros événements à Paris. C’est une destination que j’adore. Mais j’ai déjà beaucoup de voyages de prévus, comme début avril avec le Patrik Antonius Poker Challenge [ndlr : du 1er au 7 avril à l’Olympic Casino Tallinn en Estonie]. C’est un événement au cours duquel nous allons lancer notre application social media, FLOP, pour First Land Of Poker.
Et juste après, je serai à l’EPT Monte-Carlo, à la maison. D’ici-là, je vais participer à quelques événements cette année en France., comme à Lyon [ndlr : Patrik était présent au Casino Lyon Vert lors de l’Unibet Deepstack Open, du 12 au 17 mars]. Je ne connais pas et il paraît que la ville est réputée pour sa gastronomie.

En parlant de bonne chère, vous êtes connu pour le sérieux de votre hygiène de vie. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet, notamment à propos de votre préparation physique et mentale dans le poker ?
[Sourire] Je pourrais vous parler de ce sujet pendant des heures. J’ai beaucoup appris de ma pratique du sport, notamment lorsque j’essayais d’être professionnel dans le tennis.
J’ai toujours eu un corps très réactif, très exposé à mon état d’esprit, je ne sais pas vraiment comment l’expliquer…
La préparation physique est essentielle et je l’ai mise en pratique très tôt dans ma carrière de joueur de poker. Elle est primordiale aussi bien en live qu’online. Elle vous permet d’être plus affûté, d’être plus efficace dans la compilation inconsciente de données.
Quand je suis bien équilibré dans ma vie, que tout va bien dans mon corps et dans mon esprit, j’ai un bien meilleur instinct, mes capacités sont bien plus en éveil.
Je pense que tout le monde cherche la même chose au fond : se sentir bien. Peu importe ce qui vous fait vous sentir bien. Pour moi c’est le sport, pour d’autres ça peut être de lire un livre pour se vider la tête.
J’ai essayé beaucoup de voies. Récemment, je fais davantage de yoga par exemple. Au fond, la vie est une question d’équilibre.
Au poker, la préparation physique est essentielle. Quand vous jouez des longues journées sur un tournoi, vous devez être focus du début jusqu’à la fin. La moindre erreur peut avoir des conséquences désastreuses et elles arrivent souvent en fin de journée, quand vous êtes fatigué.

Vous est-il déjà arrivé de coacher des amis ?
J’ai pu donner quelques conseils oui, mais c’est difficile. Tout le monde est différent. Et c’est vraiment une question de ressenti et d’honnêteté avec soi-même.
Au poker, il s’agit de prendre la bonne décision et vous avez peu de temps pour cela. Si vous êtes heureux dans votre vie, vos décisions à table seront bien meilleures. J’ai vu tellement de joueurs en difficulté avec leur jeu, alors que le problème venait de l’extérieur de la table. Il faut faire preuve de beaucoup de discipline à une table, comme dans la vie. Parfois, vous devez vous débarrasser de ce qui vous amène trop de négatif, même si ça n’est pas facile.

Vos récentes grosses performances ont eu lieu à Macao. Pouvez-vous nous parler du poker là-bas ?
Le poker en Asie est vraiment très différent, et encore plus à Macao. Le jeu y est beaucoup plus agressif, surtout en cash-game haute limite. Vous devez adapter votre jeu en conséquence. Il y a des joueurs dingues là-bas, qui vous mettent une pression incroyable à table. D’autant plus qu’ils ont la bankroll pour !
Il y a quelques années, j’y passais facilement deux ou trois mois par an. Certaines années, je n’y allais pas du tout. Là, ça fait quelque temps que je n’y ai pas joué de gros cash-game. J’en ai seulement disputé un pour l’émission TV Triton [ndlr : notamment lors du « Triton Million Dollar Cash Game », avec Tom Dwan, Paul Phua ou le Français Rui Cao]. Mais je vais en disputer prochainement. C’est vraiment le format qui me convient le mieux. J’ai toujours joué aux plus hautes limites au fil de mon évolution dans le poker. Dans les hautes limites, votre perception de l’argent a un impact primordial sur votre jeu. Certains vont chercher à passer des bluffs, d’autres à faire de gros calls. Vous pouvez enregistrer énormément de données sur la façon de jouer. Les montants en jeu peuvent vous sortir de votre zone de confort et c’est là-dessus qu’il faut travailler.
Il m’est déjà arrivé de prendre la mauvaise décision parce que je prenais conscience de la somme qui était en jeu. C’est arrivé à tout le monde, je pense. Même pour les milliardaires. Dans des pots de plus d’un million de dollars, vous constatez qu’eux aussi ressentent le montant d’argent en jeu, ça devient presque physique.
Mais j’adore vraiment ce format de jeu. Il y a tellement de pression et de tension et en même temps beaucoup de divertissement. Derrière les caméras, les gens ne se doutent pas à quel point l’ambiance est détendue. Les gars s’amusent et rigolent, comme dans n’importe quel home game finalement ! Seuls les montants en jeu diffèrent… C’est très rare que les parties soient sérieuses, silencieuses et ennuyeuses.

Y a-t-il un endroit où vous aimez particulièrement jouer ?
Pas vraiment. C’est surtout avec qui je vais jouer qui m’intéresse. Vous pouvez me mettre une table de poker n’importe où et ça m’ira très bien.
Il y a quand même des destinations qui ont une signification particulière pour moi. Par exemple, je ne crois pas avoir déjà perdu à Melbourne. J’y suis allé au moins pendant sept années consécutives, pour y passer tout le mois de janvier, et j’en suis toujours revenu largement positif [ndlr : entre 2011 et 2014, Patrik disputera six tables finales à l’Aussie Millions Poker Championship]. Je n’y ai que de bons souvenirs, que ce soit en cash-game ou en tournois.

À quoi ressemble pour vous le poker de demain ? À quelles évolutions pouvons-nous nous attendre ?
En ce qui concerne le jeu en live, je pense que la réglementation va devenir plus stricte et plus uniforme, notamment pour ce qui est des tenues vestimentaires aux tables. Par exemple, j’imagine assez bien que les lunettes soient interdites, tout comme les écharpes ou les capuches. Vous masquer le visage en remontant votre t-shirt vous vaudrait une pénalité. En fait, tout ce qui vous permet de vous dissimuler de manière excessive et volontaire.
Dans les tournois High Roller, je pense que l’utilisation des clocks sera optimisée afin de rendre le jeu plus rapide. Pour le public, cela rendrait le jeu plus divertissant. Je milite pour ça dans l’industrie du poker.
Je ne peux pas rentrer dans les détails mais j’ai beaucoup d’idées pour rendre encore plus divertissant le poker à la télévision par exemple et avec toute mon équipe nous travaillons sur ces sujets.
Enfin, les nouvelles technologies ouvrent beaucoup de possibilités, notamment dans le poker live. Tout pourra être digitalisé, y compris les inscriptions. Terminé les queues interminables pour s’inscrire à un tournoi, ou à un cash-game.

Avant le poker, votre grande passion a été le tennis. Suivez-vous toujours l’actualité de ce sport ?
Je suis toujours passionné et je regarde autant de matchs que je peux. J’ai la chance de connaître Novak Djokovic, qui vit également à Monaco, et Roger Federer. Nos enfants jouaient toujours ensemble lors de l’Australian Open [ndlr : qui a lieu à Melbourne, en même temps que les Aussie Millions]. En fait, j’en connais beaucoup [rires].
J’aime bien la nouvelle génération. Tsitsipás et Medvedev ont le profil pour prendre la place de numéro 1, une fois que les patrons auront pris leur retraite ! On ne se rend pas encore compte de la chance que l’on a d’avoir connu cette incroyable génération et ces rivalités.
Je vais essayer de venir à Paris pour supporter Roger à Roland-Garros, ça risque d’être son dernier…

Pour l’anecdote, lors du tournoi privé organisé par Unibet à la suite de la conférence de presse, Patrik a été le premier joueur éliminé. Les yeux rivés sur son téléphone, il assistait en direct à la victoire de Roger Federer, qui remportait dans le même temps son 100e titre à Dubaï.

* L’entretien a été réalisé en anglais. Il a ensuite été relu dans sa traduction française dans son intégralité et validé par l’équipe de Patrik Antonius.

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[WPO Bratislava] Kool Shen, ambassadeur Winamax à vie

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Troisième sur le podium des joueurs du Team W en terme d’ancienneté (devant lui, Gaelle Baumann et Davidi Kitai), Bruno « Kool Shen » Lopes a intégré l’équipe Winamax en 2012, et a depuis très largement confirmé sa passion absolue pour le poker. Rencontre entre deux bullets au Day 1 du WPO Bratislava.

Comment s’était passée votre décision d’intégrer le Team Winamax, il y a désormais tout juste douze saisons ?

J’étais déjà identifié comme passionné de poker à l’époque, après un passage par PokerStars, puis Poker Leaders, avec le regretté Eric Haïk. Comme ils n’avaient pas décroché de licence auprès de l’ARJEL au moment de la légalisation du poker en ligne, je me suis retrouvé sollicité par Winamax et j’ai tout de suite accepté. J’avais déjà touché pas mal de cartes, en poker fermé, à la cité quand j’étais jeune, et ensuite j’ai découvert le No Limit Hold’Em à la télévision avec Bruel un peu comme tout le monde… Et puis un jour, je suis allé dans un endroit où il y avait un casino, et où il y avait un tournoi ! Je me suis inscrit, et depuis je n’ai pas regardé en arrière. Après on m’a dit « eh, tu sais que tu peux jouer online ? » A l’époque, je ne savais même pas envoyer un email, t’imagines ! J’ai kiffé, et j’ai énormément joué online…

Qu’est-ce que vous apporte le Team W, dans votre évolution de jeu ?

Soit on décide de s’en foutre, et de n’être qu’un joueur récréatif, et on balance les jetons en se disant juste que c’est cool d’être sponsorisé ; soit on prend ça au sérieux, ce qui est mon cas, et on profite d’avoir des top players dans l’équipe pour partager et avancer ensemble. Les séminaires tous les ans, les chats avec les mains expliquées… à chaque fois que tu échanges, tu progresses un peu. Le soir, aux festivals, on debriefe les mains, ca te permet de te remettre en question. Il faut juste de la bonne mémoire ! Eux, les autres joueurs, bossent leur jeu au quotidien, c’est un vrai job ! Moi je profite plutôt de leur expérience et de leur façon de travailler pour avancer à mon rythme, et construire mon propre jeu.

Votre progression a été linéaire, ou s’est faite par paliers ?

Chez moi, c’est lissé car je ne bosse pas assez. C’est comme toujours, dans les sports ou l’art, tu bosses énormément, tu as l’impression que ça n’avance pas et tout à coup, tu as un déclic. Moi, au poker, je n’ai pas ça car je n’y accorde sûrement pas assez de temps. Ca m’embête aussi de ne pas être assez concentré sur le poker, mais c’est vrai que j’ai 58 ans, j’ai une famille, des projets professionnels… Je ne suis pas que fainéant, je fais d’autres trucs aussi ! (rires)

Quelles différentes générations de membres du Team vous ont fait progresser ?

La génération Ludovic Lacay, Antony Lellouche… je ne les ai pas côtoyés longtemps, donc j’ai eu peu d’interactions. Le gros partage, c’est avec Davidi Kitai, qui est un super pote, puis par exemple Guillaume le Top Shark, et aussi Romain Lewis, qui est un super mec. Avec l’arrivée d’Adrian Mateos et Joao Vieira, même Davidi s’est retrouvé à apprendre beaucoup de choses. Quand on fait les séminaires en leur présence, c’est eux les maîtres de conférence !

Est-ce que le niveau d’analyse d’un Mateos, d’un GTO, c’est utile dans un tournoi comme ce Main Event à 500€ au WPO ?

Le souci du GTO, c’est que si tu affrontes un mec qui n’a aucune idée de ce que c’est, vous n’allez pas vous comprendre… C’est applicable selon le joueur en face de toi : s’il est compétent, tu peux appliquer le GTO et d’autres petites leçons apprises. Si tu es contre un joueur récréatif qui ne comprend rien aux côtes et autres, il faut s’adapter et le scanner pour voir à peu près comment il joue. Ca peut arriver aussi d’avoir des joueurs hyper compétents face à toi dans le circuit mid-stakes, alors que dans un gros buy-in à 10 000$ des WSOP, tu vas avoir un Américain totalement nul qui ne comprend rien. Mais quand tu vois qu’Adrian Mateos s’arrache un Sismix à Marrakech contre 1200 joueurs alors qu’il sort de Super High Rollers au Triton avant… Respect.

Avec la généralisation du GTO s’est imposée une nouvelle norme, mais dès lors, comment en dévier et exploiter l’adversaire ?

Tout va dépendre comment tu arrives à dévier du GTO… Comment tu penses être perçu par l’autre. Il faut toujours scanner le mec en face, mais savoir comment lui te perçoit, comme tu peux dévier des règles que l’autre est censé comprendre.

Et quand vous affrontez des joueurs du Team à la table, ça change quelque chose, au vu de la somme d’infos que vous échangez habituellement ?

Ce qui est certain, c’est qu’on se joue comme si on n’était pas dans le même Team, bien évidemment. Mais c’est vrai qu’on peut avoir des historiques, si on s’est beaucoup joués. Par exemple hier avec Julien Sitbon, je touche le brelan au flop, mais comme je n’ai pas d’historique avec lui, et que je suis battu à la river par full et flush, ça me fait beaucoup hésiter. Il n’y a pas un milliard de combos qui me battent, mais je me dis au final que ce n’est qu’un 500€, avec la re-entry, me bluffer là me semble très osé, surtout que je représente basique un brelan de 5. Bon, après, il n’a pas voulu me révéler sa main ! (rires)

Vous avez signé votre plus belle performance de l’année dans un Senior aux WSOP. Ca fait bizarre la première fois qu’on entre dans cette catégorie ?

C’est presqu’un peu le bracelet que tu n’as pas envie de gagner ! (rires) En fait, c’est pas vrai car maintenant que c’est un high-roller à 5000$, ça vaut le coup. Quand je suis arrivé en chipleader en table finale, j’étais vraiment hyper motivé. J’avais plus de 110 blindes, et je perds un énorme coup à la moitié de mon tapis contre le pire joueur de la table. En gros, il y avait une joueuse et moi à table qui savions ce qu’on faisait… Le type venait de buster la joueuse en payant deux barrels en ventrale contre double paire floppée. Et c’est bien sur lui qui va me défoncer juste après : il fait une erreur pré-flop, et bien sûr, il touche quinte tout de suite, en donkant max, pendant que moi je me débats avec ma paire de 6 en mains sur un flop 6-7-8. Tout ça en à peine 45 minutes, et heureusement que Stéphane Matheu et Romain Lewis sont derrière moi, donc je reste tranquille, j’ai encore plus de 50 blindes. Derrière je perds 18 BB avec 88<<10-10, puis 8 BB avec 66<<A-J suited. Et à la fin je défends un As contre un flush draw et je finis par payer pour la fin de mon tapis, et j’ai fini sixième, ce qui était une grosse déception car le niveau était mauvais, très passif. Bien sûr, tu as des top joueurs de plus de 50 ans, et d’ailleurs dans 5 ans, Davidi, il pourra jouer le Senior ! Je rentre presque jamais bredouille de Vegas pendant les WSOP, c’est aussi car c’est bien l’endroit où je peux avoir un edge, bien plus que sur les EPT. Le niveau en Europe est plus élevé, et aux WSOP, il y a de tels fields…

Vous swappez beaucoup entre joueurs ?

Franchement, je n’y pense jamais ! J’ai du faire ça une fois avec Romain Lewis car on faisait tous les deux un deep-run, avec le même stack environ, mais j’avoue que ça ne me vient pas du tout naturellement… J’ai fait deux tournois plus chers dans ma vie, deux fois des 25 000$ à Monte-Carlo. La première fois, je perds à la quasi-bulle avec deuxième nuts contre les nuts d’un super joueur, et puis j’ai signé ma plus grosse performance en finissant runner-up pour 700 000€ il y a deux ans. J’avais un peu de « rab » sur mon enveloppe de tournois à cause du Covid, mais tu sais que parmi les 200 joueurs qui s’inscrivent, tu pars 180ème, à part les millionaires qui viennent là pour se détendre…

photographie par Caroline Darcourt pour Winamax

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Interviews

[WPT World Championship — 13 décembre] Erik Seidel, deux balles dans le barillet

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A part le Main Event des WSOP —et pour combien de temps encore?—, quel tournoi se joue encore sans re-entry ? Pour le point d’orgue du WPT World Championship au Wynn, le format à 10 000$ et re-entry possible sur 4 jours permet une double articulation : offrir plusieurs chances aux joueurs aux poches bien garnies (ou au multi-qualifiés par des satellites à 1000$ qui se multiplient sur la propriété), mais aussi disposer d’une garantie gigantesque (40 000 000$, soit la plus grande garantie jamais créée pour un tournoi de cette envergure) et ne pas pour autant sacrifier la structure du tournoi.

Ce matin, alors que le Day 1B débute à peijne, la ferveur qui agite la salle en plein réveil semble plus tangible que la journée précédente : déjà plus de 330 inscrits, dont quelques visages croisés hier. Avec les Day 1 qui se suivent, on devrait assister à de plus en plus d’entrées, les pro n’hésitant pas à maximiser les risques pour aborder le Day 2 riches en munition, quitte à re-entry le jour suivant. Erik Seidel fait partie de ce deuxième wagon, lui qui revient auréolé de sa récente victoire aux WSOP Paradise, lors d’un high-roller à 50 000$. L’homme est infatigable, GOAT parmi les GOAT, discret héros de plusieurs générations de joueurs de poker, à tous les niveaux, dans toutes les villes, et à toutes les tables. Difficile, voire impossible, de trouver une voix critique et encore moins contemptrice de ce grand shark au coeur sur la main et à l’intelligence qui transpire de chacun de ses moves. Nous l’avions rencontré il y a tout juste un an, lors du précédent WPT World Championship, et profitons de cette apparition dans la sublime salle Chopin du Encore Convention Center pour en republier de larges extraits.

Vous êtes l’un des plus discrets des joueurs présents au Poker Hall Of Fame, depuis des années ? Est-ce que la fame, la gloire et la reconnaissance, est importante pour vous ?

Plus jeune, peut-être oui, c’était un objectif auquel je pensais parfois. Même adolescent, on peut dire qu’on a souvent des rêves de reconnaissance, qui sont d’ailleurs bien légitimes. Mais quand on devient un tant soit peu adulte, je crois que ce n’est plus du tout une motivation, ça reste assez futile avec le temps.

Vous pensez que certains membres du Top 10 de la All Time Money List peuvent être perdants au poker ?

Non, quand même… je ne crois pas. Tous ceux du Top 10 ont beaucoup gagné au final. Mais les chiffres réels sont vraiment à prendre avec des pincettes en retirant les tarifs d’entrée dans tous ces nouveaux tournois high-rollers. Si vous payez plusieurs reentry dans des 250 000$ ou des 100 000$, c’est certains que cela fait relativiser. Mais je respecte énormément le travail proposé depuis des années par HendonMob, et j’observe souvent les progrès de mes contemporains.

Avant de vous consacrer au poker, vous étiez joueur professionnel de backgammon… Pouvez-vous nous décrire cette période de votre vie ?

C’était un mode de vie très proche de celui du joueur de poker, sauf qu’il y avait moins d’argent en jeu… Je jouais des tournois dans le monde entier, et ça a été pour moi, dès le départ, l’opportunité unique de voyager ainsi partout. Quand on est jeune comme je l’étais, c’était juste incroyable de pouvoir aller en Europe, ou même d’aller dans des villes américaines dans lesquelles je ne serais jamais allé autrement. C’était vraiment super à vivre, une sorte de circuit du poker, mais en plus intimiste : c’était toujours les mêmes joueurs, dans des villes qui changeaient chaque semaine, et l’esprit de compétition était le même. La seule différence c’était que le budget voyage était beaucoup plus resserré ! (rires) On n’avait juste pas d’argent… Il y a peu à gagner dans le backgammon. On a eu nous aussi une sorte d’âge d’or et de boom à cette époque, mais cela n’avait rien à voir avec le poker : on partageait notre chambre entre joueurs pour diviser les frais, et on faisait attention à toutes nos dépenses.

C’est pour cette raison que tous les joueurs de backgammon se sont mis au poker ensuite ?

Oui, bien évidemment… Souvent, je me dis que je vais me remettre au backgammon, parce que j’adore ce jeu, et j’aimerais comprendre jusqu’où on pourrait le faire évoluer de nos jours, avec tous ces nouveaux outils d’analyse. Mais pour être honnête, c’est plus un défi intellectuel qu’autre chose.

Vous faisiez également partie du Mayfair Club, à New York. Quelle atmosphère y règnait-il ?

Le Mayfair était un endroit génial. Quand j’ai commencé à fréquenter ce club, mi clandestin, mi légal, il était situé sur la 57ème, à New York, entre Lexington et la 3ème Avenue. C’était un club de bridge, surtout. Mais c’était très agréable d’y aller tous les jours, on s’amusait beaucoup, il y avait de sacrées personnalités… Là-bas, j’ai vu pas mal de joueurs de backgammon, comme moi, qui ont commencé à opérer leur transition vers le poker, et je les croise encore aujourd’hui, ce qui fait très plaisir. Pour moi, c’était fabuleux, car j’étais encore un gamin, et c’était le paradis pour gagner de l’argent et me confronter à tous types d’adversaires.

A l’époque, il y avait beaucoup de triche ?

Au Mayfair, sur les tables de backgammon, non, je n’en ai jamais été témoin. On a essayé de m’arnaquer une fois à Las Vegas à l’époque, au moins une fois… Au poker, il y avait un type au Mayfair qu’on suspectait de tricher à répétition, et aussi certains de passage, mais ils étaient vite expulsés. Ce n’était pas un gros souci en tout cas.

A quelles caves jouiez-vous à l’époque ?

Au poker, c’était assez raisonnable, on jouait en 25/50$, mais en vrai on s’accordait pour jouer à la moitié, en 12, 5/25$. A l’époque, j’ai eu un super run juste avant d’aller aux World Series : en deux semaines, j’avais gagné près de 80 000$, mais c’était une somme vraiment exceptionnelle pour ce genre de tables, on avait des swings de quelques milliers de dollars par jour normalement.

Il n’y avait que des sharks à table ou il y avait aussi des joueurs plus faibles ?

Lors de ma première année au Mayfair, aucun joueur professionnel de poker n’avait le droit de s’asseoir à table. Il y avait énormément de joueurs comme qui ne savaient pas vraiment comment jouer, mais qui se faisaient leurs dents sur ces tables, et c’était génial, car ça nous permettait de progresser in vivo. Au bout d’une année, ils ont laissé entrer les premiers pros, comme Dan Harrington ou Howard Lederer. Il devait y avoir aussi Steve Zolotowski depuis le début ceci dit, car c’était un joueur historique du Mayfair. Il était bien meilleur que nous tous. Puis Dan Harrington a commencé à faire le voyage depuis Philadelphie, et il était bien au-dessus du lot, comme Lederer. Les deux avaient dû faire la table finale du Main Event des WSOP l’année précédente, d’ailleurs. C’était vraiment un sacré truc de les avoir à notre table, parce qu’ils savaient vraiment bien jouer, et ça nous permettait d’apprendre plein de choses.

Ces premières années au Mayfair ont donc beaucoup compté pour vous ?

Oui, ce qui était super au Mayfair, c’est qu’au bout d’une année environ, on s’est mis à jouer avec de vrais champions, mais qu’il restait aussi pas mal d’amateurs. J’ai pu continuer à apprendre et perfectionner mon jeu sans perdre de l’argent pour autant. Je n’avais pas beaucoup d’économies, et je devais faire très attention avec ma bankroll, tout en tentant de comprendre ce que faisaient les champions et m’inspirer d’eux.

Cela fait plus de trois décennies que vous êtes professionnel de poker… que pensez-vous de ce jeu aujourd’hui ? Vous avez encore envie de jouer ? Pensez-vous à arrêter un jour ?

Non, pas du tout : j’espère bien pouvoir jouer bien plus longtemps encore. J’adore toujours autant ce jeu, et je crois même encore plus qu’à mes débuts. Le poker reste fascinant pour moi, et je trouve cela très excitant d’aller affronter les meilleurs joueurs au monde, et essayer de comprendre ce qu’ils font et d’ajuster ma stratégie à chacun d’eux. J’ai beaucoup de chance d’être encore là aujourd’hui, et j’espère pour encore pas mal d’années. J’arrive encore à gagner de l’argent, autrement ça ne serait pas aussi drôle ! (rires) Je voudrais donc continuer encore. Quand je vois Doyle Brunson, à plus de 80 ans, qui continue, cela m’inspire énormément. Ce jeu fait fonctionner le cerveau, et j’ai peur d’arrêter car j’ai peur de vieillir tout à coup autrement. Certaines études ont montré que les joueurs de poker ont moins tendance à développer des maladies mentales, comme la démence sénile, par exemple…

A vos débuts, quels étaient les grands noms qui régnaient sur le poker ? Que vous ont-ils appris ?

Tout le monde admirait les joueurs new-yorkais, mais la liste est longue car il y avait énormément de très bons joueurs au Mayfair, par exemple. Et puis à Las Vegas, bien sûr, je connaissais Chip Reese de nom, ou Doyle Brunson, Stu Ungar, Puggy Pearson… Stuey, Puggy et Chip jouaient au backgammon, et je les avais croisés quelques fois sur ce circuit. Doyle, je ne le connaissais que de nom, et je me souviens avoir découpé parfois des articles dans le Daily News qui parlaient de tous ces types là. C’était des vraies stars à l’époque, mais ils vivaient dans une autre galaxie. Chip, Stuey et Puggy étaient très sympa avec moi au backgammon, mais je ne pensais jamais qu’un jour je les affronterais au poker. Je n’avais pas encore la confiance pour jouer contre l’élite du poker. J’aimais juste jouer, et j’espérais qu’un jour, je pourrais gagner ma vie ainsi. Je n’avais ni le but ni la vision de devenir riche avec le poker. A l’époque, j’avais un ami qui jouait en midstakes et s’en sortait bien, et pour moi, c’était hors d’atteinte.

A partir de quand avez-vous compris que vous aviez le niveau ?

Il a fallu plusieurs étapes pour que je me sente enfin assez confiant : je gagnais déjà pas mal à New York, et je savais qu’à l’époque j’affrontais déjà de très bons joueurs, ce qui me donnait confiance en mon jeu. Plusieurs joueurs de notre partie m’ont poussé à aller aux World Series pour tenter ma chance. Avant d’arriver à Las Vegas, je n’y croyais pas trop, mais une fois que je me suis engagé dans les WSOP, c’est venu tout seul. J’ai ce souvenir du Day 2 où j’ai réussi à passer certains bluffs que j’avais bien construits et je me disais, c’est fou, je joue avec des gros noms du poker, et je trouve des spots où je peux exploiter leur jeu. C’était vraiment très excitant. Même après avoir fini deuxième du Main Event, je ne me prenais toujours pas pour un joueur d’élite ; je pensais juste que mon jeu était correct et que ça m’excitait beaucoup d’améliorer mon niveau à ce jeu.

Est-ce que l’argent a toujours été un but pour vous ou juste un moyen pour disputer de plus belles parties ?

L’argent a toujours été un facteur, en effet, car j’ai débuté ma carrière sans aucune bankroll, et il fallait vraiment que je monte de l’argent. Et puis j’ai deux enfants, donc en réalité, il fallait bien que je gagne assez pour les éduquer et les nourrir. Cela ne fait qu’une décennie, à peu près, que l’argent n’est plus devenu un facteur important pour moi. Au début de ma carrière, et même par la suite, c’était vraiment ma première motivation, et encore aujourd’hui cela peut me motiver. Bien sûr, il faut survivre et c’est toujours agréable de faire du profit, d’avoir un toit et une maison pour toute sa famille, de ne jamais avoir peur de manquer, mais ce n’est plus une question existentielle comme au début de ma carrière, à moins que je me mette subitement à perdre énormément sans m’arrêter… Dans ce cas, je préfèrerais arrêter.

Quel regard portez-vous sur le poker actuel ? En terme d’offre et de niveau de jeu ? Avez-vous remarqué des changements importants chez la jeune génération ?

Bien sûr, il y a eu des changements radicaux depuis toutes ces années, et surtout récemment. Les joueurs commencent à comprendre les mathématiques du jeu pré-flop, par exemple, et ils savent comment miser après le flop. Je me sens un tout petit peu largué par rapport à ces jeunes joueurs, en terme technique. Avec l’élite de l’époque, quand vous jouez contre des types comme Jason Koon, ou Isaac Haxton ou Chidwick, c’est clair qu’ils ont énormément travaillé et qu’ils comprennent le jeu d’une manière vraiment très novatrice. Et tant mieux, car c’est bien d’avoir trouvé de nouvelles solutions à de vieux problèmes. J’ai l’impression de mieux comprendre comment on doit jouer au poker. D’un autre côté, je me dis aussi que j’ai encore beaucoup de boulot si je veux rester compétitif avec l’élite…

Et vous avez envie de vous coltiner justement tout ce travail ?

Oui, j’adore ça, mais j’ai peur parfois de ne pas être aussi motivé que la jeune génération, parce qu’ils ont beaucoup plus de temps devant eux, et que je veux pour ma part garder une vie agréable et équilibrée. J’aime beaucoup mes loisirs, passer du temps en famille, aller à des concerts ou voir des pièces de théâtre. J’adore lire, aussi, donc je ne serai jamais autant immergé dans la stratégie poker que ces jeunes joueurs. Je suis très motivé pour bosser autant que je peux, car cela signifie que je ne suis pas totalement largué, et que je peux jouer à des hautes limites.

Vous utilisez les solvers ?

Jason Koon m’expliqué tout ça, c’était très intéressant, il m’a montré énormément de choses, mais je crois que je ne comprends pas aussi bien ces outils que les jeunes joueurs (rires). J’essaie, j’essaie mais… ça ne vient pas !

Vous avez recommencé à voyager pour jouer ?

Oui, c’est récent, mais je viens en Europe en début 2023 en effet pour l’EPT Paris. J’adore cette ville, et cela faisait 8 ans que je n’étais pas allé en France pour le poker. C’est mon ami Bruno Fitoussi qui m’a fait découvrir cette ville et ses grands restaurants, et Bruno a fait énormément pour le poker en France et en Europe, on ne s’en rend pas compte mais sans lui beaucoup d’Américains ne seraient jamais venus ou revenus… Il a énormément contribué au poker.

Comment vous préparez-vous pour de si longues journées de tournoi ?

C’est vrai que j’ai commencé mon Day 1 au tout début, contrairement à d’autres joueurs comme Dan Cates ou Phil Ivey. C’est vrai que jouer douze heures d’affilées, ça peut être épuisant, mais c’est aussi un avantage car on affronte beaucoup d’amateurs au début, et on peut monter des jetons plus facilement. Je marche tous les jours une dizaine de kilomètres pour être en forme, et je mange sainement avant le tournoi. Et puis il y a le sommeil, qui est le plus important. Avec trois Day 1 comme dans le WPT Championship, si vous êtes qualifié lors du Day 1A, c’est parfait car vous avez deux jours de repos avant le Day 2.

Comment jugez-vous l’évolution de l’offre des WSOP ces dernières années ?

J’ai bien peur que la marque WSOP ait été un peu égratignée et qu’elle soit moins forte qu’avant, notamment avec la multiplication des tournois offrant un bracelet. Les joueurs de poker sont souvent jaugés au nombre de bracelets WSOP qu’ils ont gagné, et si vous commencez à donner des centaines de bracelets par an, notamment pour des petits tournois en ligne, cela devient moins rare, et donc moins attractif. J’adore jouer aux World Series, mais il faut arrêter de gâcher comme ça tous ces bracelets. Cela n’a plus la même valeur que lorsqu’il y en avait 30 ou 50… Cette année, j’ai joué contre un type qui avait 4 bracelets mais qui était inconnu auprès de tout le monde… A la fin cela devient une question de chiffre, où le talent n’est plus indispensable, où il suffit de tout jouer pour statistiquement décrocher des bracelets. Au final, on va commencer à jauger les joueurs sous d’autres critères, en oubliant les bracelets WSOP. Bien sûr, c’est super pour un joueur local de se pointer chez ses amis avec un bracelet WSOP, mais je pense quand même que cela gâche la valeur des choses. On m’a dit cependant qu’avec le passage au Ballys/Paris, pour 2023, ils allaient modifier les structures en mieux. J’en ai assez des journées de 12 heures, de jouer jusque 2 ou 3 heures du matin. Il vaudrait mieux une structure un peu plus rapide, et je trouve cela très bien que les directeurs des WSOP écoutent ainsi les joueurs.

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Doyle Brunson, le « parrain » du poker, est mort

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C’est Todd Brunson, son fils, qui l’a confirmé cette nuit du 14 au 15 mai : Doyle Brunson, son père, est décédé à l’âge de 90 ans. Celui qui avait déjoué tous les pronostics de survie après un cancer développé alors qu’il n’était que jeune adulte ne verra donc pas l’édition 2023 des WSOP, une compétition qu’il aimait par dessus tout. Nous republions le dernier entretient qu’il nous avait accordé avant de lui consacrer un dossier spécial dans notre prochain numéro.

Lire notre entretien exclusif avec Doyle Brunson ici.

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