A bien observer les joueurs à table —d’un côté ou l’autre de cette stricte barrière invisible qui sépare les joueurs et les journalistes—, une évidence saute aux yeux : le rapport à la compétition y est parfois drastiquement opposé. Hier, au coeur du Day 1D —un flight turbo à niveaux de seulement 15 minutes—, il suffit d’écouter les conversations qui allaient bon train à table pour déceler bien des approches différentes d’une telle compétition. A la clé, le concept même de « re-entry », qui permet de retenter sa chance avec (accent marseillais à la clé, au siège 4, table 82), « la deuxième boulette de la journée » (entendre bullet ou deuxième cartouche). Au fur et à mesure que la compétition avance, les plus déterminés des joueurs habitués ont tendance à cliquer sans fin sur la touche « RE » de leur bankroll, afin de continuer à faire partie de cette grande fête qu’est la finale du WiPT.
Ces Day 1 bis sont souvent ceux de la deuxième chance : après avoir bust en début de journée du format classique, on met cap vers le gamble, avec re-entry en option, puisque chacun peut re-entry le premier Day 1 joué (soit 6 Day 1, et donc 7 possibilités, pour un joli total de 3,500€ maximum). Dès lors, les stratégies à l’approche de la bulle sont bien différentes. A ma droite, deux joueurs discutent sans avoir même intégré que le concept des Day 1 du Main Event de la grande finale du WiPT est d’accéder, dès le début du Day 2 à l’argent. Les premiers ITM équivalent souvent au double du buy-in, mais pour tous ceux qui ont appuyé un peu trop souvent sur la touche « Re-entry », un min-cash ne veut pas dire grand-chose : l’un « en est » de 3 buy-in rien qu’en cette journée de mercredi, tandis que l’autre a « limité les dégâts, avec 4 buy-ins sur la semaine ». Les deux sont des réguliers du circuit français, où le rêve correspond à une table finale ou même un Top 3, pas une simple ligne de plus sur HendonMob.
Au bouton de la même table, un qualifié freeroll sur les étapes live de Winamax semble ne pas comprendre cette degenerate logique : concentré, il scrute fiévreusement la clock à l’approche de la bulle, bien décidé à survivre coûte que coûte jusqu’aux places payées puisque 1000€ de gains minimum quand on n’a rien déboursé pour venir participer, c’est déjà un très beau gain. Les jeux se serrent et se desserrent au fur et à mesure que les profils de joueurs défilent ; demain, au Day 2, il ne sera plus possible d’appuyer à nouveau sur « RE ».
photographe ; Caroline Darcourt pour Winamax