Le poker est-il un sport de combat ? Un loisir coûteux ouvert à toutes et tous ? Une course de fond où, comme le veut le dicton, on compte les vainqueurs à la fin du bal ? Lors de ce festival WiPT à Aix-en-Provence, comme dans toutes les grandes compétitions low-stakes ou high-stakes, c’est surtout à tout un chacun de trouver son sommet —et de l’atteindre.
Demandez à un ancien pro du poker hexagonal ce qu’il fait ici, et sa réponse fusera : « se remettre à l’ouvrage ». Après des années à avoir amorti un lourd redressement fiscal, il lui a fallu se remettre au cash-game puis, depuis le début d’année, refourbir ses armes sur le online (« pas up, pas down, c’est déjà pas mal! ») ; retenter un shot dans l’univers du tournoi ; planifier ses WSOP 2025 pour six semaines à grinder (« tranquille, pas d’alcool, un petit mini-golf de temps en temps et des bons repas entre amis ! »). Son sommet ? Revenir, peut-être. En tout cas : vivre à nouveau du poker.
Posez la même question aux jeunes Red Diamond de Winamax, qui sont foule au milieu du field, logos resplendissants sur leurs hoodies : les objectifs sont différents, chercher la gagne, monter une bankroll live, même si tout cela est souvent assez marginal par rapport aux volumes qu’ils assurent sur internet.
Le poker est une escalade sans fin, et parfois tout dérape. Seuls ceux qui ont su diversifier leurs activités autour du jeu ont l’assurance d’une vie à long terme dans le milieu du gambling. Les créateurs des premiers sites online ? Partis, souvent, dans la crypto, les NFT, et autres joyeusetés encore plus virtuelles. D’anciens pros auront suivi la même voie, l’esprit entrepreunarial en moins, et auront vite atteint un plafond de verre qui les force, malheureusement, à se lancer dans des promotions plus ou moins ponzi-esques ; d’autres, comme Almira Skripchenko, grand-maître d’échecs et ancienne membre du Team W, refont parfois leur apparition pour le simple plaisir du jeu, dans les oturnois Winamax, comme ce week-end au Main Event de la finale du WiPT.
Dans les travées du Mixed Games Hold’Em/Omaha d’hier soir, on a même vu l’une des figures les plus sympathiques du poker français, Loïc Sabatte, crêpier depuis neuf générations au marché des Jacobins au Mans, et créateur il y a plusieurs décennies du premier site du poker français, le fameux « Poker.fr ». Une autre époque pour celui qui a été un pionnier du poker associatif et qui s’émerveillait lors du tournoi des évolutions du poker live : « Cela fait cinq ans que je n’ai pas touché de cartes, et là je me rends compte à quel point le poker live a évolué, en bien. Des petits détails qui fluidifient le jeu, simplifient les structures, améliorent l’accueil client. Ce que font Texapoker, Partouche et Winamax ici, c’est formidable… » Son sommet, à lui ? « Revoir les amis, passer un bon moment, et bye bye ».
(photo : Jules Pochy)