Pendant deux semaines, l’Aviation Club de France a accueilli sa prestigieuse série de tournois, les Euro Finals Of Poker. Au programme, des tournois pour tous les budgets et les amateurs de variantes plus exotiques que le simple Texas Hold’Em. Mais c’est lors de ses tournois les plus prestigieux, le WPT National Series Diamond et le High Roller que les phases de jeu ont été les plus impressionnantes…
Par Antoine Salvi / Photos : River Tells
Chaque année, l’Europe du poker se donne rendez-vous sur les Champs-Elysées pour les Euros Finals Of Poker. L’apparition lors de l’édition 2011 du label « WPT National Series » accolé au prestigieux tournoi phare de cette quinzaine de compétitions, le tournoi Diamond aura encore plus motivé les joueurs à faire le déplacement. C’est au final 188 joueurs au total qui se sont inscrits au Main Event à 5.000€, où l’on pouvait croiser tous les grands champions français, quelques valeurs sûres européennes et des high-rollers américains. Ainsi, au hasard de la dizaine de tables qui émaillaient les deux Day 1 proposés par l’Aviation Club de France, on a pu croiser aussi bien Jérôme Zerbib, Fabrice Soulier, Guillaume Darcourt, Benjamin Pollak, Rémy Biéchel, Antony Lellouche, Ludovic Lacay, Nicolas Lévy que Tony G, Theo Jorgensen, Juha Helppi, Sam Trickett ou encore Freddy Deeb.
DARCOURT JOUE… ET PERD
La star incontestée du Day 1 a été Guillaume Darcourt. Le Français a en effet réussi à monter un tapis incroyable (15 fois celui de départ…) en l’espace de quelques heures, avec son jeu loose agressif qui sait parfois faire des ravages. Si tout le monde voyait l’ultra-chipleader aller loin dans le tournoi, le hasard des cartes en aura décidé autrement puisqu’en Day 2, Darcourt s’est contenté de ne faire qu’un petit tour puis de s’en aller après avoir spew tous ses jetons en quelques heures. « Un joueur comme Darcourt, s’il touche ses cartes, il est inarrêtable, car personne ne le croit et il a tendance à se faire payer avec des call très light. Mais quand il est à l’envers, il perd tout très vite… » résume un des nombreux journalistes couvrant l’événement.
DES CONDITIONS DE JEU OPTIMALES
Grâce au travail efficace du Tournament Director des lieux, Nicolas Fraioli, les journées ont été à la fois denses et compactes, permettant aux joueurs de se reposer suffisamment avant d’aborder les phases finales du tournoi. La structure très deepstack des premiers jours a, comme toujours, poussé quelques joueurs à overbetter systématiquement, et les éliminations sont allées à bon rythme… La bulle à 18 joueurs est très vite arrivée et, contrairement aux années précédentes, elle n’a guère duré, malgré la présence de nombreux shortstacks à table. Isabelle Mercier, presque chez elle (puisqu’elle a appris le poker à l’ACF au début des années 2000), s’est hissée en place payée, accompagnée de pros comme Manuel Bevand (Winamax), Ilan Boujenah (ACFPoker.fr), toujours aussi régulier, ou Bruno Benveniste (BarrièrePoker). Le Day 3 s’est fini à 10 joueurs, après la sortie prématurée de Jérôme Zerbib, l’excellent joueur parisien qui devrait bientôt signer une grosse performance au vu de son niveau de poker.
SAM TRICKETT EN EMBUSCADE
À l’entame des demi-finales à 10 joueurs, l’ultra-chipleader n’est autre que Sam Trickett. L’Anglais connaît depuis le début 2011 une année fulgurante, après avoir remporté le super high-roller à 100 000 $ en Australie et avoir fini deuxième du tournoi à 250 000 $ ! Broke il y a moins d’un an, l’ancien joueur de football professionnel est au firmament de la planète high-stakes et dégage à table une assurance folle. Malheureusement pour lui, la très courte journée de demi-finale (puisqu’il fallait passer de 10 à 8 joueurs) a été un véritable calvaire, car il n’a fait que perdre ses jetons, arrivant ainsi en table finale (après la sortie de Nichlas Mattson) ultra short-stack. La table finale télévisée à 8 était ainsi déterminée, et c’est fort logiquement que la serrure italienne Nicolo Calia a sauté en huitième position, après un tournoi passé à jouer uniquement les monstres. Derrière lui, Ingo Paulus, sympathique amateur, soldat dans le civil en Allemagne, le suivait, avant que Trickett lui-même ne saute en sixième place, énervé de ne pas avoir su mieux faire. Ne restaient alors que les favoris, ou presque : l’excellent Tobias Wagner, le pro Barrière Benjamin Pollak, le régulier des parties d’Omaha Alexandre Brivot et la beauté froide russe, Natalia Nikitina. Seul Jean-Lou Tepper, fondateur de la marque Kookaï et habitué de l’ACF, semblait détonner dans cette bande de jeunes sharks, mais il a vite fait taire les détracteurs en imposant son jeu, solide et réfléchi. C’est lui d’ailleurs qui portera des coups de grâce à Wagner (cinquième) et même Benjamin Pollak, qui avait entamé la finale en chipleader. Ce dernier n’aura pu éviter des set-up difficiles et repart quatrième, déçu par ce qu’il considère comme une contre-performance. Tepper résistera jusqu’en troisième place, laissant le champ libre pour Nikitina et Brivot. La Russe, très réservée et peu habituée aux tournois télévisés (on la dit, sans aucune preuve, régulière des gros cash-games en Russie), va alors batailler pendant deux heures contre le très sympathique Alexandre Brivot. Mais la chance sourit à Nikitina qui finit par remporter le WPT National Series Diamond pour 243.000€ devant «Tintin» Brivot, un peu déçu de ne pas avoir pu contrer la variance.
IMAD DERWICHE REVIENT DE LOIN
Lors du tournoi high-roller à 10.000€ qui a commencé en parallèle du jour off du Main Event, c’est un habitué des belles parties de cash-game du Casino de Dakar, au Sénégal, qui remporte le titre. Le joueur, qui joue sous les couleurs ACFPoker.fr, a dominé un field très relevé, au terme d’une finale commencée short-stack. Les deux pros de la finale, Basil Yaïche (Team Eurosport) et Ludovic Lacay (Winamax) n’ont rien pu faire contre les «barres de fer» Haïm Hakoun (quatrième), Firas Nassar (troisième) et Saiah Bouali (deuxième). L’histoire de Nassar a d’ailleurs tout du conte de fées puisque ce dernier s’était qualifié au tournoi à 10.000€ à partir d’un satellite à 6€ sur PartyPoker.fr ! Trois satellites plus tard, le voilà installé à ce field de grands champions ; en deux jours, il a ainsi transformé ses 6€ de départ en plus 46.000€… Yaïche, pourtant ultra-chipleader au début de la table, a vécu une finale terrible, dans l’incapacité de développer son jeu face à des adversaires aussi différents de sa tactique. Ludovic Lacay a quant à lui très vite perdu des jetons et malgré la structure très deep du tournoi, il a sauté avant les places payées. La victoire de Derwiche, joueur très solide et sympathique, prouve une fois de plus que les joueurs de casinos et de cash-game restent de très redoutables adversaires.
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !