En marge du Barrière Poker Tour, le Casino Barrière de Cannes organisait pour la première fois les Cannes Croisette Hold’em Series. Du 10 au 13 juin, une série de satellites, Side Events et un tournoi Deep-Stack au buy-in de 1 500 € pour une structure digne d’un grand tournoi majeur.
Par Tommy Mandel / photos : Edouard Nicollas
Le Sud, la Côte d’Azur, Cannes, la Croisette, le Palais des Festivals… lorsque l’on pense à tous ces noms, on pense tout de suite aux vacances mais aussi et surtout au prestige. Et en matière de prestige, le Casino Barrière de Cannes vient à point compléter cette liste. Les directeurs de tournoi avaient prévu les choses en grand et ont tout fait pour faciliter la venue des participants. Un package « buy-in + hôtel » était proposé pour le Majestic ou le Gray d’Albion pour pouvoir jouer les starlettes jusqu’au bout. Les accompagnants des joueurs pouvaient également profiter pleinement du week-end grâce aux spas, plages privées, activités nautiques ainsi qu’aux nombreux restaurants où les tables ne cessent d’être réservées par les personnalités du monde entier.
Un cadre idéal
L’ancienne salle de jeux principale du casino désormais transformée en poker room peut accueillir 60 tables, bars, écrans télé, masseuses… tout avait été préparé pour rappeler l’Amazon Room à ceux qui n’avait pas pu se rendre à Vegas pour les WSOP. Derrière cette salle, c’est l’accès au casino : un gigantesque aquarium balisé de colonnes et statues grecques situe le thème de ce casino Barrière à mi-chemin entre le Caesars Palace et le Mirage, rien que ça. L’autre poker room réservée au cash-game allie discrétion, classe et style. Au-delà, l’immense salle de jeu vegassienne surplombée par le restaurant sur mezzanine attire les foules euphoriques. Un menu spécial « poker » était prévu pour tous les participants afin qu’ils puissent manger vite et surtout bien pendant les dinner-breaks.
La période estivale et les WSOP entraînent une forte migration de la planète poker vers le Nevada, entre autres. Ce phénomène pouvait mettre en danger le volume de participation à ce Deep-Stack mais 130 joueurs ont tout de même fait le déplacement pour allier tournois de poker et soleil de la Riviera. Parmi eux quelques jolis noms comme Antoine Saout, Tristan Clémençon, Paul Testud, François Tardieu ou Kevin Durand. Hasard du calendrier, le coup d’envoi de ce Main Event des Cannes Croisette Hold’Em Series a débuté en même temps que France-Urugay, le premier match de football des Bleus dans le Mondial. Mais ce « vrai » tournoi Deep-Stack peut se permettre d’accepter les dons de blinds des retardataires, « une structure de rêve, on se croirait en EPT » confie le récent finaliste du WPT Barcelone, Tristan Clémençon. Peut-être une manière de se déculpabiliser car le jeune Tristan n’avait pas la tête à jouer et passera les deux premiers niveaux du tournoi, soit 1h30, à encourager l’équipe de France accoudé au bar devant l’un des écrans de la poker room. Une fois dans le tournoi, il ne fera malheureusement que patienter, subir et tenter de prendre l’ascendant en vain. Vers la fin de cette première journée, il retardera sa sortie grâce à un beau laydown des rois mais qui lui coûtera très cher, assez pour un dernier push qui lui sera finalement fatal.
Un tournoi ouvert
Antoine Saout, passé à peu près inaperçu jusqu’alors, s’est vite fait repérer en commençant son travail de sape et est devenu alors sujet de toutes les discussions lors des breaks. « Qu’est-ce qu’il est dur à jouer » ou « Pas étonnant qu’il fasse un malheur au WSOP Main Event avec la chance qu’il a » commenteront amèrement ses différents adversaires. Et il est vrai que Antoine a attaqué constamment tout en restant solide et toujours aussi illisible. Il terminera même deuxième au chipcount à la fin du Jour 1 parmi encore 104 joueurs. Si tout le monde le voyait déjà favori pour la Palme d’Or, le jour suivant a pourtant été tout autre pour le Breton. S’il remporte un pot conséquent en ce début de Jour 2, la suite ne sera que calvaire pour lui, chutant doucement mais sûrement jusqu’à un ultime coin-flip perdu. Heureusement pour lui, il participera dès le lendemain à un modeste Side Event qu’il s’adjugera, maigre consolation financière pour lui mais belle victoire pour le moral juste avant de s’envoler pour les WSOP. On espère que le 3e des WSOP Main Event 2009 fasse encore mieux cette année… si c’est possible !
Dimanche vers 14h, les deux dernières tables, soit 18 joueurs, se sont affrontées pour décrocher le premier trophée des Cannes Croisette Hold’Em Series. Très vite, les short-stacks se sont mis en action mais Franck Bedrossian aura vite raison d’eux et le field sera réduit à 10 en deux heures chrono. Le chipleader se fera par la suite beaucoup plus discret et laissera les autres s’éliminer entre eux. Franck Bedrossian n’aura alors plus qu’à attendre ses bonnes cartes, ses bons jeux tout en évitant les bad beats jusqu’à la couronne finale.
Les pros éliminés
Si les joueurs pros n’ont pu aller au bout de l’épreuve, le tournoi a laissé la place à d’autres sans complexes et non moins solides. On a ainsi découvert Stéphane Nardini, Mickael Berthe, Cyril Monbrun, Omar Karib et bien sûr Franck Bedrossian. On peut aussi noter les belles performances des femmes alors qu’elles n’étaient qu’une demi-douzaine au départ sur 130 inscrits : Sarah Herzali (35e), Monique Saffioti (21e) et surtout Laurence Fleury (18e) à la première place payée après ses récents bons résultats au BPT Biarritz et au Warm-up du Rendez-Vous à Paris. Si Antoine Saout, Sarah Herzali ou Stéphane Nardini ont été chipleaders ou presque à leurs heures, ils n’ont pourtant pas été au bout de leurs espérances à l’instar d’autres joueurs qui sont restés dans le rythme tout le tournoi sans faire trop de bruit mais qui ont réussi à accomplir de belles performances. Le runner-up, Jamel Haddad, aura eu le mérite d’être resté solide lors des deux premiers jours et a bénéficié de pas mal de réussite durant le money-time, chance qui l’a abandonné au moment du heads-up final.
Alain Fabre, directeur général du casino nous confie ses impressions d’après tournoi. Malgré de nombreux tournois organisés à la même période : Haussmann, WSOP et malgré le début de la Coupe du monde de football, il se dit très satisfait de l’engouement suscité par l’événement. Sa plus grande fierté réside dans le fait que le poker n’ait ouvert ses portes qu’en décembre dernier dans ce Casino Barrière de Cannes. De plus, un tel tournoi demandait une formation irréprochable du personnel et toute la préparation s’est faite en interne. Pour une première, ce Deep-Stack aura donc été un essai concluant et sera évidemment à refaire, peut-être en y rajoutant une journée ou deux de plus pour des satellites, Side Events voire même un Ladies. Le plus compliqué n’est pas l’organisation en elle-même mais réside plutôt dans le choix de la date puisque les packages « buy-in + hôtel » se doivent d’être proposés hors saisons hautes et qu’il n’y ait pas non plus de tournois importants en même temps. Une chose est certaine : ces premières Cannes Croisette Hold’Em Series ont été une très belle réussite.
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !