A l’instar de plusieurs anciens sportifs tels que Teddy Sheringham ou encore Vikash Dhorasoo, Jean-Philippe Rohr a montré bien des fois qu’il n’était pas là pour faire de la figuration au poker. L’ancien milieu offensif qui a notamment joué à Nice ou Monaco vient de remporter le tournoi deepstack à 1000€ du casino Cannes Croisette, et signe ainsi une nouvelle performance de taille.
Jean-Philippe, quelle place tient le poker dans votre vie ? Le poker n’est pas mon métier, mais c’est une véritable passion. J’y passe donc beaucoup de temps, mais j’ai déjà une activité professionnelle. C’est un loisir comme un autre, mais je pratique ce sport du mieux possible en essayant de gagner. Je travaille régulièrement mon jeu, et lorsque je me déplace pour un tournoi, c’est pour le gagner.
Après le foot, considères–tu que le poker est aussi un « métier de rêve » ? Pour ceux qui en ont fait un métier et qui peuvent en vivre (et ils sont rares), je pense que c’est merveilleux. C’est surtout le fait de faire quelque chose qui plait et de pouvoir en vivre qui est idéal.
Est ce que le fait d’être un ancien footballer est un avantage au niveau du stress et de la pression lors d’un tournoi de poker ? Je suis convaincu que c’est un avantage, et je pense mieux gérer les mauvaises passes lors d’un tournoi. Grâce au sport, je suis devenu très tenace et c’est là tout le tempérament d’un compétiteur. Sans être un vrai challenger on ne peut pas espérer être un grand joueur de poker. Il faut avoir l’esprit de gagnant qui est propre aux sportifs.
Ton meilleur souvenir poker ? La victoire du Joa Poker Tour sans aucun doute. La table finale se déroulait sur la plage, et j’ai pu ainsi avoir ma femme et mes enfants à mes côtés au moment de la victoire, chose impossible dans un casino où mes enfants ne sont pas admis.
Et ton meilleur souvenir foot ? La médaille d’or aux Jeux Olympiques en 1984 à Los Angeles !
Le poker n’est-il pour toi qu’une étape ou une véritable reconversion ? J’ai encore envie de jouer très longtemps au poker. C’est du long terme, et j’ai envie de progresser encore et encore.
On sait que tu as des équipes préférées, comme celle de Barcelone par exemple, as tu également un joueur préféré ? J’aime beaucoup toute la jeune génération. J’adore plusieurs joueurs comme ElkY, Adrien Allain, Hugo Lemaire ou Pedro Canali pour ne citer qu’eux. Mais d’une manière générale, j’aime les jeunes car j’apprends beaucoup d’eux. J’aime partager et discuter du jeu avec eux car ils sont vraiment très bons.
Au contraire de Vikash Dhorasoo, lui aussi devenu joueur, tu considères le poker comme un sport, pourquoi ? Pour moi, il n’y a que des points communs avec le sport. Pour un tournoi comme pour un match, il faut déjà être prêt physiquement. Des joueurs comme ElkY ont compris il y a longtemps que sans une préparation physique on ne pouvait pas être bien dans sa tête. Lorsque l’on a compris ça, on est bien préparé et on a donc une meilleure concentration. Il n’y a pas de place pour des erreurs d’inattention dans un tournoi de poker. Avant un tournoi, je ressens exactement ce que je ressentais avant un match : l’excitation, l’adrénaline, le bon stress qui monte comme lorsque l’on fait du sport de haut niveau.
Ensuite, lorsque tu as la chance de gagner, tu as la jouissance de la victoire, le partage avec tes amis et/ou coéquipiers (cf Team PmuPoker.fr). Ce sont des sensations que l’on ne trouve nulle part ailleurs.
Tu as débuté dans le milieu du jeu par le Backgammon. Peux-tu m’en dire davantage ? J’ai arrêté à 31 ans le foot a cause d’une blessure. Peu de temps après, et alors que je vivais à Juan les pins, le Backgammon est arrivé d’abord comme un jeu de plage. Cela m’a tout de suite plu, et grâce au conseil de Francois Tardieu que je connaissais, et qui était l’un des meilleurs joueurs mondiaux, j’ai progressé et je suis devenu à mon tour un très bon joueur. J’ai été deux fois champion de France, et j’ai participé aux demi-finales du Championnat du Monde de Las Vegas où j’ai perdu suite à un véritable bad beat.
C’est aussi grâce à ce jeu que j’ai pu rencontrer des joueurs comme Phil Laak ou encore Gus Hansen.
Vers 2006, les joueurs de Backgammon se sont tournés petit à petit vers le poker, jusqu’au jour où la salle où je jouais comportais autant de tables de poker que de Backgammon. A l’époque, je ne savais même pas ce qu’était une paire ! Finalement, j’ai dû moi aussi m’y mettre et cela m’a tout de suite plu. Rapidement, j’ai cherché à progressé et je me suis mis à lire des tas de livres stratégiques. J’ai toujours voulu être le meilleur possible et je me suis donné les moyens d’aller loin, même si je ne serais jamais ElkY.
Qu’est-ce qui fait le plus mal : un but encaissé dans les arrêts de jeu, ou perdre à la bulle d’un tournoi ? C’est exactement pareil. C’est terrible et frustrant. On a entrevu pendant de longs moments la victoire et puis en une fraction de seconde tout s’écroule.
Qu’est–ce–qui te plait le plus dans la vie d’un joueur ? C’est la ressemblance avec le métier de sportif de haut niveau. Je suis également conscient que nous avons beaucoup de chance de voyager autant dans de si beaux endroits, comme la semaine prochaine à l’Ile Maurice par exemple. L’esprit de « famille » avec les autres membres de la team est très important aussi, c’est comme avec mes anciens coéquipiers de foot.
Tu as fais de beaux résultats poker dans ta carrière et tu viens de remporter un nouveau tournoi devant 104 joueurs. T’attendais-tu à de tels résultats avant de débuter ? Non, je ne m’attendais pas à une telle réussite. Mais comme je viens de le dire, j’ai toujours tout fait pour essayer d’être le meilleur.
Qu’as tu pensé du field de ce tournoi, et à quel moment as-tu senti que tu pouvais gagner ? Le field était très relevé. Beaucoup de bons joueurs comme Paul Guichard, Antonin Teisseire, Jérémy Palvini, Marc Inizan ou encore toute la team Barriere était présents.
Mais dès la fin du jour 1, j’avais le 3e tapis et j’ai pensé que je pouvais gagner Tout se passait bien, je n’ai pas eu de mauvaise rencontre et je n’ai pas arrêté de monter des jetons. Le jour de la finale, je suis revenu pour gagner et c’est ce que j’ai fais. Ca a été relativement long, mais plusieurs joueurs ont fait de grosses erreurs et ils ont été éliminés. Peut-être que ma concentration a pu faire la différence.
Ton programme tournois à venir ? Le WPT Ile Maurice, l’ EPT Madrid en mars, le WPT Vienne pour lequel j’ai gagné mon ticket sur pmu et l’EPT Berlin.
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Interview réalisée par Elaine « YoungMoneyMaker » Bulteau
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !