Pour beaucoup, le Main Event qui vient de débuter aujourd’hui a le goût amer d’une dernière danse. Avec l’obligation de réussir, à tout prix. Loin est le temps des tournois de « rattrapage » qui permettait de clore en douceur un été de World Series : en marge du Main Event, les WSOP organisaient un ou deux tournois à faible buy-in pour accueillir les éliminés des premières journées du Main à 10 000$. Une occasion de « se refaire » ou de perdre encore un peu plus, selon le point de vue. C’est ainsi qu’en 2006, alors que nous suivions Fabrice Soulier dans le cadre d’un documentaire pour Arte, le champion français avait balayé un été de malchance et de poisse qui colle au corps en finissant dans les premières places du dernier tournoi des Series. Comme un rappel dans un concert, qui fait oublier tous les soucis techniques qui ont émaillé la performance principale.
Toujours annoncé à 10 000$, le Main Event est un invariant des World Series. C’est le Graal absolu, le tournoi dont l’élimination fait encore plus mal que les autres. Demandez à n’importe quel joueur quel est le tournoi le plus important de l’année, et la réponse sera invariable : le Main Event et ses dizaines de millions de dollars de prizepool. Mais le combat est long et âpre. Paul McGuire, journaliste poker américain, avait coutume de décrire l’Amazon Room pendant le Main Event comme un gigantesque champ de bataille recouvert de cadavres de joueurs égorgés en direct à coup de bad beat. « Seat Open ! » hurlent les croupiers à chaque instant, scellant ainsi le destin de chacun des nouveaux éliminés, pétri de déception d’avoir échappé une fois encore au rêve du gain qui change la vie, à tout jamais.
Ce changement, cette vie de millionnaire dans l’insouciance absolue, tous en ont rêvé. Mais ceux qui l’ont décrochée n’en sont pas tous revenus. Parmi les vainqueurs, rares sont ceux qui arrivent à vivre normalement par la suite. Pius Heinz, le vainqueur allemand de la précédente édition ? Quelques rares places payées après une année passée à écumer le circuit. Jonathan Duhamel, le Canadien de 2011 ? Sûrement un des rares à avoir réussi son passage au statut de joueur pro. Joe Cada, le jeune Américain qui a raflé la victoire en 2009 au nez d’Ivey ou Saout ? Une récente place de runner-up dans un crapshoot à 1500$ pendant les WSOP 2012, après trois années assez mornes. Peter Eastgate, le Danois de 2008 ? Plus jeune retraité du poker après avoir beaucoup perdu, il est revenu, en catimini et sans sponsor, retenter sa chance. Jerry Yang, l’absolu amateur de 2007 ? Le seul qui aura eu la clairvoyance de s’arrêter, tout de suite, fort de ses 8 250 000$, guidé « par Dieu », dit-il. Jamie Gold, le plus gros vainqueur de l’histoire du Main Event, en 2006 ? Il n’a pas pu toucher l’intégralité de ses 12 000 000, après avoir essayé d’arnaquer ses backers, et passera une année à jouer le rôle de « fish » des tables de cash-game high-stakes, dilapidant ses gains jusqu’à la ruine absolue ; on l’a même annoncé en poker-host au Tropicana, vieux casino du Sud du Strip qui a tenté, comme lui, un come-back poussiéreux. Cette année encore, la table finale du Main Event fera des néo-millionaires dont la vie sera bouleversée à tout jamais ; mais le rêve a un prix : 10 000$.
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !