L’histoire du poker l’a toujours montré : pour que les pros gagnent assez d’argent pour s’adonner aux paris les plus fous ou mener une vie grand luxe, il y a besoin de « dead money » à table —de l’argent facile à gagner. La plupart du temps, ces jetons qui semblent aller droit dans les mains des meilleurs joueurs high-stakes ont une provenance bien identifiée : le tapis d’un milliardaire de passage, d’un riche homme d’affaire désoeuvré, d’un chanteur ou d’un sportif à la mode qui ne sait quoi faire de ses émoluments royaux.

Depuis l’époque où Frank Sinatra, Nick Dandalos, patron de Hustler et autres propriétaires des Lakers perdaient des millions dans les parties privées de Los Angeles ou les grosses tables du Dunes, les pratiques ont changé. Désormais, c’est « online » sur les tables « nosebleed » qui s’asseoient les millionnaires anonymes pour « apprendre » le poker haut niveau.

Le plus célébre d’entre eux n’était autre que Guy Laliberté, milliardaire québécois fondateur et directeur du Cirque du Soleil. Une PME née dans les rues du Plateau à Montréal et transformée en cash-machine incroyable depuis qu’elle produit à peu près tous les spectacles et shows gigantesques des casinos du monde entier. En moins d’un an, Laliberté aurait perdu plus de 20 millions de dollars sur FullTilt, sous deux pseudonymes… sans compter les nombreux allers-retours à Monte-Carlo et au Sun Casino, où une « grosse table » digne du Big Game était régulièrement montée pour l’accueillir, lui et son jet privé…

Ce week-end, l’excellent forum « Two plus two », la mecque des geeks du poker, a révélé —une fois de plus— la présence d’un invité de marque sur les grosses tables de Full Tilt. Rien à voir, cependant, avec les folles limites habituellement pratiquées par Patrik Antonius, Dwan ou Ivey : le joueur portugais Cristiano Ronaldo s’était « contenté » d’une table 25/50$ où les sharks ont vite fait de rappliquer.

Une nouvelle pas si étonnante, au vu de l’intérêt que portent les sportifs sur le poker : un jeu qui demande discipline et concentration, et que l’on pense de plus pouvoir maîtriser au bout de quelques parties seulement… Quelques uns ont même réussi une reconversion brillante dans le domaine, comme bien évidemment Vikash Dhorasoo (Team Winamax), Jean-Philippe Rohr (Team PMU) ou, en angleterre, Sheringman et Tony Cascarino.

Résultat des courses : Antonius n’a eu de cesse de féliciter le « champion » pour son beau jeu, et s’est vanté tout de même sur son compte Twitter d’avoir enfin « joué avec Ronaldo, mais pas au foot ! » quelques heures après. Selon les analyses de « Two plus Two », Ronaldo, caché derrière son compte ‘CR7sete’ n’en serait pas à son premier galop d’essai et il y a fort à parier que les high-stakers vont le laisser doucement s’approcher de plus grosses limites avant de véritablement s’intéresser à son cas. Car plumer un joueur relève de l’art, et il ne faut pas obligatoirement tout lui prendre, tout de suite… Une discipline où excellent les Hansen, Ivey, Dwan et Antonius qui en ont vu passer des centaines depuis le début de leur carrière…