Le monde du poker est en pleine effervescence depuis la fermeture administrative inopinée de l’Aviation Club de France, le 16 septembre dernier. Et derrière cette clôture que l’on espère provisoire, il y a la vie de centaines d’employés en jeu : les 213 salariés de l’Aviation Club de France sont, depuis cette date, dans la pire des situations possibles : sans activité, puisque le cercle n’a pas été rouvert malgré les nombreux recours déposés auprès de la juridiction par les instances dirigeantes du cercle, mais non éligibles également au chômage puisque leur cas est en suspens !
Devant cette situation honteuse qui met financièrement en danger tant de foyers, les 213 employés de l’Aviation Club de France mais aussi les joueurs, les amis du cercle et autres journalistes de la presse poker ont décidé de réagir afin de médiatiser leur cause. Ainsi, un sitting sera organisé ce JEUDI 9 OCTOBRE à 13h30 devant les portes (fermées) de l’Aviation Club de France sur les Champs Elysées (au 104). Venez nombreux soutenir ceux qui oeuvrent depuis tant d’années à offrir les plus belles conditions de jeu aux joueurs du monde entier, et faites entendre votre voix afin qu’ils soient entendus. Si vous n’avez ne serait-ce que quelques minutes lors de votre pause déjeuner à consacrer à ceux qui sont dans une situation si précaire, n’hésitez pas à passer, cela fera grossir les rangs et décupler la portée du message !
Dans ce cadre, les salariés de l’ACF ont publié un texte que nous publions ci-dessous en intégral. Rendez-vous jeudi 9 octobre à 13h30 au 104 avenue des Champs Elysées !
« Nous, les 213 salariés de l’Aviation Club de France (ACF) souhaitons attirer l’attention du plus grand nombre sur la situation dramatique à laquelle nous sommes confrontés.
Le 16 septembre dernier, une perquisition effectuée par les policiers du Service Central des Courses et Jeux et de la Police Judiciaire opérant dans le cadre d’une commission rogatoire aboutissait au placement en garde à vue de plusieurs responsables de l’ACF.
Leur présentation devant le juge d’instruction le 18 septembre a conduit pour 4 d’entre eux à une mise en examen pour travail dissimulé et un abus de confiance, charges relevant essentiellement du simple droit du travail.
Rappelons qu’à ce stade de l’enquête, et comme pour tout justiciable, ces 4 responsables sont présumés innocents; la Justice devant statuer sur ces faits.
Mais bien au-delà, en aucun cas l’ACF en tant que personne morale a été visée dans ce dossier, sous n’importe quelle manière que ce soit. Depuis, l’Aviation Club de France est sommée de rester portes closes, laissant ainsi, du jour au lendemain, 213 salariés sans travail ni revenu.
Passé le choc de la perte potentielle de nos emplois et de la brutalité de la nouvelle, nous sommes confrontés à un véritable vide juridique, aucune décision définitive n’étant prise.
Ainsi, d’éventuels agissements présumés de personnes physiques ont eu pour conséquence la fermeture administrative de fait de notre établissement et cela avec la bénédiction de l’État. En plus de plonger 213 salariés dans le désarroi, cette décision prive Paris d’un patrimoine historique et touristique reconnu et respecté mondialement, l’Économie d’une structure bénéficiaire et pérenne et le Trésor Public d’un grand contributeur fiscal !
Quinze jours plus tard, alors qu’aucune charge n’a été retenue contre notre établissement, et que tous les éléments nécessaires à la ré-ouverture sont présents, les autorités nous empêchent de reprendre le travail en retardant la délivrance de notre agrément de jeux. Mieux, le juge du Tribunal Administratif n’a pas jugé urgente la ré-ouverture de notre établissement et donc le retour au travail des 213 employés.
Depuis le 16 septembre, nous sommes livrés à nous-même sans information de la part des autorités et confrontés à une situation juridique qui nous dépasse. L’avenir de notre établissement est en jeu et dans quelques jours si aucune décision est prise la liquidation judiciaire sera inéluctable et entrainera 213 personnes au chômage et leur famille dans la précarité.
Tous les jours en France, des entreprises ferment, des emplois disparaissent sans que l’État n’y puisse rien. Contrairement à toutes ces situations face auxquelles l’État est impuissant, et l’économique prime, les autorités publiques ont ici le pouvoir de sauver 213 emplois en France.
Rappelons aussi les propos et propositions de nos responsables politiques. Ce gouvernement se voulait le chantre de la défense de l’emploi. Ainsi, le candidat Hollande dans ces 60 propositions pour la France s’engageait à « soutenir les PME » (engagement n°2) et à « favoriser l’emploi et la production en France » (engagement n°3). Plus proche de nous, Manuel Valls, Premier Ministre en exercice a déclaré récemment qu’il « aime l’entreprise qui crée de la valeur, génère des richesses et crée des emplois ».
Nous, les 213 salariés de l’Aviation Club de France, prenons au mot nos responsables politiques. Aimez l’entreprise et sauvez nos emplois en ne faisant pas de nous les 213 victimes collatérales d’un bras de fer juridique !
Nous, les 213 salariés de l’Aviation Club de France, nous demandons à l’État de prendre ses responsabilités et de ne pas condamner dans une morte lente et asphyxiante une structure aucunement mise en cause dans cet imbroglio judiciaire !
Nous, les 213 salariés de l’Aviation Club de France, souhaitons vivement la bienveillance des autorités publiques pour que demain nous ne puissions pas dire « l’État a tué nos 213 emplois » !
Nous sommes l’Aviation Club de France, victimes potentielles de l’inaction de l’État et refusons de mourir dans le plus grand anonymat et l’indifférence générale.
En 107 années d’existence, l’ACF peut se targuer de n’avoir jamais été mise en cause et jouit d’une réputation internationale exceptionnelle quant à son sérieux, sa respectabilité et son savoir-faire Made in France.
Même aujourd’hui, le nom de notre institution n’est aucunement mentionné dans ce dossier et seul le fantasme de certains souhaiterait lier cette affaire quelconque relevant du droit du travail à une obscure affaire de banditisme.
Nous, les 213 salariés de l’Aviation Club de France refusons d’être les victimes de cette affaire !
Face à ce drame social programmé, seuls les pouvoirs publics peuvent encore influer et sauver les 213 emplois en appliquant le droit et en faisant montre d’une certaine clairvoyance économique et sociale.
En conséquence, nous demandons donc aux pouvoirs publics d’assumer leurs responsabilités et d’intervenir pour accélérer notre ré-ouverture .
Enfin, dans ce drame social, nous prenons l’opinion publique à témoin : si l’État ne sort pas de son silence, il condamne 213 employés et leur famille.
Nous vous invitons jeudi 9 octobre à 13h30 au 104 avenue des Champs Élysées au rassemblement de soutien aux 213 employés de l ‘Aviation Club de France. »
Alors que le Day 1A s’apprête à accueillir, en mode turbo, un Day 1b qui débute chaque jour à 18h, les busto ou les joueurs trop en retard qui veulent une compétition ne s’étalant pas sur trop de journées, se pressent déjà pour le « Battle Royale », un 750€ qui débute à 17h30, avec des ITM qui se reverront en Day 2 pour toucher le « vrai » argent. Déjà 50 inscrits, et au vu des tables où les croupier se sont déjà installés, il semble que le field devrait au moins doubler dans l’heure à venir.
Au programme, 1 seul re-entry possible, des niveaux de 25 minutes et un bounty à 300€. Bruno Fitoussi, qu’on a aperçu de loin en grande discussion avec Apo Chantzis et François Lascourrèges, les deux hommes-lige à la marque Texapoker, devrait être de cette compétition : l’ambassadeur de la marque a dû renoncer au dernier moment à jouer le Main Event qu’il convoitait car il aurait été pris par un rendez-vous immanquable en éventuel Day 2…
Le poker est une course de fond, mais au rythme assez soutenu des niveaux d’une demie heure proposés par ce Day 1A —à l’heure où nous écrivons ces lignes, sur un tapis de départ, on est déjà à mi-parcours du 600/1200/1200—, les éliminations se succèdent à un train de sénateur (lentement, donc, mais sûrement). Pierre Calamusa, le deuxième pro Winamax à avoir fait son apparition dans la grande salle du parc des Expos de la porte de Versailles, a amené un peu de chaleur et de vie avec lui, déclenchant les selfies des qualifiés et autres joueurs ayant fait le déplacement.
En parallèle, des satellites s’organisent à l’entrée de la salle de tournoi, sous l’oeil affûté d’Apo Chantzis, l’homme derrière la saga fabuleuse de Texapoker, devenu en quelques années le grand acteur incontournable du poker live en France. Ses équipes sont en place, les croupiers de toutes nationalités enchaînent avec dextérité les mains, tandis que les Tournament Director et autres responsables assurent des jugements de Salomon lors des rares protestations. Au menu des satellites, un format peu connu —en tout cas, pas chez nous— qui accélère le jeu : une fois atteint un tapis de 120 000 jetons (sur un tapis de départ de 20 000 jetons), vous décrochez automatiquement vos buy-in pour la finale, au jour désiré. Le gamble va bon train, avec des levels de 10 minutes, mais tout semble désormais possible, avec seulement 105€ en poche. Le rêve, toujours, à portée de jetons.
Les années passent, les passions se déplacent. Il y a quelques années encore, se diriger vers l’autre bout de Paris (quand on habite rive droite) au beau milieu du mois de mars était synonyme d’un voyage quotidien, durant une petite semaine, vers le Salon du Livre qui avait lieu au mêmes dates que cette grande finale du Winamax Poker Tour, au même endroit —dans l’un des grands pavillons de la Porte de Versailles.
En arrivant ce matin sous la chape nuageuse qui obscurcit ce quartier sans grand charme du deep south parisien, les souvenirs reviennent : l’effervescence des signatures d’écrivains régionaux qui attendent le chaland désespérément, les files d’attentes interminables devant les quelques rares stars de l’édition, les stands thématiques qui rappellent plus le salon de l’agriculture que la décadence germano-pratine, les open bar mouvants des soirées de vernissage, les réserves de livres qui s’agitent frénétiquement au rythme des aventures sexuelles des différentes parties en présence, les haines pichrocolines entre éditeurs, les rumeurs de rachat entre géants de l’édition pré-Bolloré (Editis, Hachette, Gallimard), et les reportages cultes qui y sont tournés (« L’édition c’est pas de la littérature », meilleur Strip Teasejamais proposé sur la question, à découvrir gratuitement ici).
Cette année, c’est le poker qui a pris place, parmi d’autres, dans l’un des grands pavillons de cette gigantesque place tournante qu’est la porte de Versailles et ses salons à tous les étages. Au-dessus, une exposition Johnny Haliday, dans deux jours, un championnat de France du sushi, en attendant le « Salon des seniors », le « Sandwich & snack show » ou le plus populaire « Comic Con », fin du mois. Les passions s’additionnent, se superposent, cohabitent le plus naturellement possible.
Avec le temps, la littérature poker, elle, a quasiment disparu. Fut une époque où chaque grand champion offrait son propre livre au joueur qui le bustait des WSOP. Alors que les grandes théories du jeu avaient été popularisées par ce medium —Super System de Doyle Brunson en tête—, et que chaque joueur sponsorisé rêvait d’avoir son nom en couverture d’une biographie ou d’un livre de stratégie (Isabelle Mercier, Patrick Bruel, les collections de François Montmirel —pour les francophones), la mode est passée. « Un livre, mais pour quoi faire ? » répondait un grinder américain à une intervieweuse aux WSOP qui s’enquérait quant au jour où il sortirait sa méthode. Désormais, le passage de témoin se fait par les tutos vidéos, les streaming sur twitch et, de plus en plus rarement, sur des blogs éditorialisés pour l’occasion.
Si les écrits restent, la parole, elle, circule. Elle s’accommode des changements et des évolutions stratégiques, permet de réviser ses erreurs et les nier, autorise tout un chacun à ne pas passer pour le ringard de service. Seuls les récits épiques du jeu parviennent encore à trouver matière à réédition, avec un public de plus en plus restreint. Mais sans story telling, sans grand souffle, le poker arrivera-t-il encore à subsister dans l’histoire et écrire ainsi son grand roman?