A plus de 80 ans, Amarillo Slim était la dernière légende vivante des « Texas Rounders », ces parieurs itinérants invétérés qui écumaient les villages du Texas, de l’Arkansas ou du Nevada pour proposer les paris les plus fous (et les plus biaisés) qui soient. Des pros de la cote sportive qui, une fois les naïfs plumés, partaient avant de se retrouver recouverts de goudrons et de plumes… A l’époque, ces francs-tireurs s’appelaient Jack Binion, Doyle Brunson, Sailor Roberts, Jack Treetop Straus ou Clyde Puggy Pearson ; désormais, les bookmakers sont des multinationales aux noms étudiés par des sociétés de marketing.

Amarillo a bien changé depuis ce temps béni du Texas façon western : à la fin des années 1950s, il a lancé la première agence de « bookmaker » du Nevada avec Doyle Brunson et Sailor Roberts, prenant les paris sportifs de tous les clients du coin, faisant profiter de ses « tuyaux » ses meilleurs amis, et arrangeant parfois au passage quelques matchs de basketball ou de football américain pour déjouer les cotes et empocher des sommes de plus en plus grandes : potions magiques laxatives offertes aux joueurs d’une équipe de basket, achat de la première ligne d’attaque d’une équipe NHL grandissime favorite, etc.

Sans oublier les défis absurdes où la seule faille des paris résidait dans l’intitulé précis de ceux-ci : défier le champion du monde de ping pong ? Rien de plus simple, tant que vous avez le choix des raquettes… des poeles à frire, avec lesquelles Slim ira s’entraîner pendant 1 mois avant le défi… Ou encore, un des grands classiques avec le « Paradoxe des naissances » (plus d’info ici), qui veut qu’au dessus d’un groupe de 23 personnes, vous avez plus d’une chance sur deux d’avoir deux personnes née le même jour calendaire…

Grande gueule, toujours affublé de son Stetson, il a fait les belles heures des shows américains, de Larry King à Jay Leno en passant par le Late Night Show, où ses conseils avisés sont toujours d’actualité. Même octogénaire, il continuait de parier des sommes importantes dans les Sportsbooks de Las Vegas, les salles de paris sportifs légales installées dans tous les casinos, les plus décrépis comme les plus luxueux. Devant ses yeux fatigués des milliers de cotes défilent et les dizaines d’écrans diffusent les compétitions du monde entier. Côté poker, il continuait à se rendre chaque année aux WSOP, en fauteuil électrique, mais n’avait plus le « mojo » nécessaire pour perfer dans ces tournois à haute variance qui demandaient un effort physique aussi important… Toujours broke ou riche, personne ne le savait, il avait toujours un moyen de se refaire en parallèle des tournois.

Peu importe le sport, pourvu qu’il y ait de l’action… Et Amarillo Slim avait beau se déplacer en chaise roulante électrique ces dernières années, il n’hésitait pas à faire plusieurs kilomètres sous le soleil de plomb de Sin City pour « faire bouger les lignes », c’est-à-dire racheter et revendre des paris dont les cotes diffèrent d’un casino à l’autre… Car, finalement, si les enjeux ont explosé avec le pari en ligne globalisé, le principe reste toujours le même que celui qu’il a instauré dans l’Amérique du milieu du XXème siècle : un bon pari est celui qui vous ramènera la meilleure cote possible, pour le moins de risque possible.

A lire absolument, son livre autobiographique traduit en français chez MA Editions, à acheter ici !