Après trois premiers niveaux disputés, les joueurs sont en break pour quinze minutes.
Ils sont 197 à avoir déboursé les 570 euros de droit d’inscription et pour le moment on ne dénombre qu’un seul éliminé ! C’est suffisamment rare pour être mentionné, surtout lors d’un évènement en mode re-entry. Il est vrai toutefois que la structure très deep de ce Main Event permet aux joueurs de profiter un peu plus longtemps de leur présence à table.
Pourtant, certains ont bien essayé de pousser leurs camarades vers une sortie prématurée, à l’image de Jérôme Rousseau par exemple.
En me baladant entre les tables, vous savez, pour prendre la température, repérer les « famous ones », je m’arrête quelques instants autour de la table 15. Dans le métier, on appelle ça l’instinct du tueur. L’odeur du sang si vous préférez. Il paraît que les couvreurs ont un sixième sens pour ça. Pour flairer le coup qui va saigner, pour renifler l’odeur de la poudre à venir. Personnellement, j’ai une autre analyse sur le sujet. Et puisque je vous sens insistant, je vais la partager avec vous. J’ai toujours pensé que de nombreux joueurs avaient tendance à surjouer leurs mains lorsque les médias (c’est-à-dire moi, en l’occurrence) assistaient au coup. L’envie de briller peut-être, un reflet du quart-d’heure warholien. Combien ont-ils été à prendre des risques inconsidérés pour au final pouvoir fièrement retourner un vilain bluff, avant de bien m’épeler leur nom afin que je puisse fidèlement retranscrire leur exploit quelques minutes plus tard assis derrière mon MacBook Air. Et combien de fois le même joueur aurait piteusement jeter ses cartes à la moindre mise s’il n’avait pas été ébloui par la possibilité de briller devant celui qui allait pouvoir peut-être rendre compte de son panache. Le média qui cherche pourtant à retranscrire fidèlement une information va pourtant déformer celle-ci par sa simple présence, comme l’ethnologue observant une tribu perdue d’Amazonie va modifier les comportements de celle-ci par sa simple présence et ne pourra dès lors que retranscrire une version parasitée de la réalité observée.
Bref, fin de l’aparté, revenons à notre table 15, celle qui s’apprête à saigner.
Sur des tables 150-300, nous avons trois joueurs qui découvrent un flop, après un petit bet préflop, collé deux fois (logique jusque-là). Pour rappel, les joueurs ont démarré la journée avec 50 000 jetons devant eux et nos trois comparses ont sensiblement le stack de départ.
Sur [2d] [td] [jh] , small blind et UTG2 checkent et cut-off bet 850, payé là encore deux fois. Sur la turn [ad] , on se dit qu’en effet on a bien senti le coup et que ça risque de sacocher sévère, avec une carte qui fait un peu tout rentrer niveau tirage et over carte. Bingo. Small blind en la personne de Kevin Barthelemy, check mais UTG 2 aka Serge Henri Paul envoie 2000, payé par CO alias Jérôme Rousseau et payé également par Kevin.
Mais pour un bon spectacle, il nous fallait une river qui relance encore un peu plus les débats et c’est ce que le croupier nous délivre avec une belle doublette du deux [2c] . On sort le pop-corn et on apprécie le show. Kevin reprend l’initiative en ouvrant 8000, insta call par l’homme aux trois prénoms en mid position. Mais notre dernier comparse porte les enchères à 27 000 ! Forcément, ça s’interroge, la table retient un peu son souffle. Rousseau s’appuie-t-il sur cette double pour faire fuir les éventuels flush et straight draw que la turn aurait pu faire rentrer ? Et en même temps, ces derniers auront-ils la force de trouver un fold dans un tel spot ?
Le call un peu mourant pour 27k de Barthelemy nous fait penser qu’il ne battra qu’un bluff. Mais quelle surprise d’entendre également call chez Serge, après un long tank qui laissait présager un fold final ! Si Jérôme a voulu voler le coup, il est bien mal tomber…
Mais on est loin du vol, très loin même, puisque Jérôme Rousseau retourne jeu max, avec carré de deux [2s] [2h] bien loin devant la couleur max de Kévin [kd] [7d] pendant que Monsieur Paul muck, dépité.
Très belle opération et superbe value river pour Jérôme, qui monte des piles à plus de 120k ! Il aura littéralement su détrousser ses adversaires, en les laissant bien crippled pour la suite du tournoi. Dans la famille Rousseau, après le philosophe et le douanier, on a trouvé le joueur de poker.
Jérôme Rousseau, auteur du premier gros coup de ce tournoi (crédit photo Barrière Poker)
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !