Beaucoup de spéculations couraient hier soir sur la Croisette à Cannes, en marge de la finale du Partouche Poker Tour et de la polémique lancée par plusieurs joueurs présents à ce tournoi quant au prizepool qui aurait été garanti à 5 millions d’euros pour son édition 2012. Une communication quasi impossible entre le Groupe Partouche, organisateur de ce magnifique tournoi qui chaque année accueillait la fine fleur du poker international, et une communauté de joueurs qui s’estimait lésée par la communication autour de cet évènement. En fouillant les entrailles du web, plusieurs pros, Justin Bonomo ou Nicolas Lévi en tête, ont ainsi fait ressortir des tweets du Tournament Director Matt Savage évoquant l’aspect « garanti » et pas seulement « estimé » de ces 5 millions, ainsi que des flyers sur le site web de Partouche ou une interview du responsable marketing au « JT du poker », sur RTL9.

L’overlay virtuel s’approchant de plus de 700 000€, la situation était néanmoins sans réelle issue, le Groupe Partouche perdant depuis la création de ce tournoi de l’argent sur cet évènement. On le sait désormais partout, les tournois de poker coûtent cher à organiser, et sont le plus souvent une opération de communication et de fidélisation des joueurs qu’une véritable bascule financière.

Ce matin, à l’entame du Day 3, le très charismatique et apprécié Patrick Partouche a préféré trancher dans le vif et prendre la parole lui-même : non, le prizepool n’était pas garanti mais estimé ; oui, le Groupe Partouche ne peut se permettre de payer un quelconque overlay ; en conclusion, ne voulant pas subir l’affront des accusations de certains joueurs, Patrick Partouche préfère arrêter définitivement l’organisation de la finale du PPT, ne supportant pas de se voir taxé de tricheur, lui qui a toujours oeuvré pour le beau jeu.

C’est sous les applaudissements d’une partie des joueurs présents et les sifflements de ses détracteurs que le président du groupe a quitté l’estrade installée dans la salle de poker du Palm Beach, mettant ainsi un triste terme à une belle aventure dans l’histoire du poker mondial. Restent deux questions en suspens : les joueurs ITM intenteront-ils une plainte judiciaire pour exiger du Groupe Partouche l’overlay qu’ils jugent « promis » par voie médiatique ? Qu’en devient-il de l’ISPT, organisé par Prosper Partouche et le Groupe Bernard Tapie, tournoi révolutionnaire auquel le nom de Partouche est associé et qui pourrait pâtir indirectement de cette polémique bien inattendue…

Note

La déclaration intégrale de Patrick Partouche est la suivante :

« J’ai entendu, j’ai vu et on m’a rapporté que ce que faisait le Groupe Partouche n’était pas suffisant, limite n’était pas honnête. Le Partouche Poker Tour porte mon nom, celui de ma famille. Après 40 de vie dans ce métier, lire ‘Partouche voleur, Partouche tricheur’, je ne peux pas l’accepter et mes équipes non plus.

C’est pour cela que je vous annonce que vous jouerez la dernière édition du Partouche Poker Tour. Le Partouche s’arrêtera dimanche soir. Nous voguerons vers de nouveaux horizons, nous espérons que d’autre opérateurs de poker mettront autant d’énergie, autant de volonté et autant d’amour pour faire que ce jeu continue et soit toujours aussi aimé et adoré par tous les passionnés dont je fais partie, et je crois que beaucoup de gens ici le savent.

J’ai fait ce tournoi par passion, je n’ai pas à en rougir. Maintenant que de jeunes joueurs en mal d’ego, en mal de reconnaissance, qui ne sont même pas dans les tables finales, se permettent de dire que nous avons triché, que nous avons menti, je ne l’accepte pas.

Le prizepool de 5 millions n’a jamais été garanti sur toutes les publications que vous avez pu voir. Il y a peut-être eu une communication je ne dirais pas maladroite, je dirais plutôt une communication euphorique l’année dernière juste à la fin de ce tournoi.

Voilà messieurs dames, je vais annoncer le ‘shuffle up and deal’ de ce qui est la dernière édition du Partouche Poker Tour et je dirais en guise de conclusion une phrase qu’on m’a donné il n’y a pas très longtemps. On m’a dit : « Quand on vous crache dessus, on n’est jamais obligé de dire qu’il pleut ».

Il y a des choses que j’accepte et des choses que je n’accepte pas. La communauté du poker retrouvera les siens. Je vous embrasse tous, je vous souhaite un bon tournoi, je vous souhaite de gagner le million qui a été garanti et qui est garanti. »