Aujourd’hui, il pleut sur Las Vegas. Des torrents d’eau qui se sont déversés dans la nuit précédant les cérémonies de la fête nationale américaine du 4 juillet, mettant en péril les centaines de célébrations par feu d’artifices. Des trombes orageuses qui remplissent les « arroyos », ces longs tunnels d’évacuation des eaux qui trouent le sous-sol de Vegas. A chaque été, au début de la « saison des pluies » (qui consiste en deux semaines environ de ciel gris et d’orages violents, début juillet), les sans domiciles qui peuplent ce labyrinthe puant et fangeux craignent un peu plus pour leur vie. Le seul danger d’être seriné pour quelques grammes de crystal-métamphétamine est bien loin quand grondent au loin les orages et s’accumulent les nuages contre le Mont Charleston. Car si les arroyos accueillent une population de plus de 10 000 personnes sans abri, ils peuvent également s’engorger de torrents d’eaux en quelques minutes seulement, véritables tsunamis du désert qui emportent tout sur leur passage : campements de fortunes, réchauds rouillés, cuillères rongées par les drogues chauffées, draps maculés, nourriture éventée. Des masses d’objets brisés se déversent alors dans les parties à ciel ouvert des arroyos, derrière les grands bâtiments d’UNLV, le campus universitaire de Las Vegas, à l’arrière du Strip au niveau du casino Orleands, ou vers l’ancien casino désaffecté du Key Largo. Chaque matin, les pompiers de la LVFP découvrent les corps boursouflés de sans abris noyés, flottant dans le peu d’eau qui ne s’est pas évaporée au soleil.
A quelques mètres de là, des millionnaires se sont affrontés toute la journée d’hier pour la finale du One Drop —ce tournoi à 1 million de dollars à vertu caritative afin d’assurer un accès à l’eau partout dans le monde. Son vainqueur ? Antonio Esfandiari, ancien magicien professionnel et comparse de toujours de Phil Laak. Un « outlaw » qui aura battu en finale, outre des responsables d’hedge fund, un ancien plombier (Sam Trickett) et un ancien cracheur de feu de rue (Guy Laliberté). Esfandiari ? Sûrement pas le meilleur joueur de la compétition, d’après l’avis de ses pairs, mais un joueur régulier de MTT qui a su rebondir ces dernières années en revisitant son jeu. La diffusion en léger différé d’ESPN a permis à toute l’Amérique de regarder la compétition, finalement très courte, puisque la finale à 8 joueurs n’a duré que sept heures, pour finir par un duel entre Esfandiari et Sam Trickett. L’Anglais, stacké à 100% comme à son habitude par James Bord (qui finance également ses gros cash-game de Macau), était l’un des favoris de la compétition depuis longtemps. Mais la variance en a fait autrement, accordant plus de 10% de « premium hands » à Esfandiari pendant la finale tandis que Trickett plafonnait à 2% et Phil Hellmuth, sorti quatrième, à… 0%.
Une sensation étrange se dégageait de ce tournoi qui s’est vite transformé en show télévisé bien ficelé : des millionnaires détendus qui jouent plusieurs millions sur un coinflip (le « one time ! » de Laliberté, avec ses Dames contre l’As-Roi d’Esfandiari, pour un saut de palier de payout de près d’un million de dollars) ; des joueurs qui font semblant de jouer pour la victoire de leur vie alors que la majeure partie de leurs parts a été cédée à des investisseurs divers ; des participants qui mettent un nez de clown à chaque tapis, comme pour dédramatiser le fait de jouer des fortunes au nez et à la barbe d’une Amérique en crise. Doyle Brunson lui-même, croisé ce matin dans la Bobby’s Room, avait des mots durs sur le One Drop : « c’est un tournoi qui fait de l’ombre aux autres compétitions des WSOP ; ce n’est que du spectacle, et je ne lui trouve aucun intérêt. »
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !