A quelques mètres du « Convention Center » du Casino Rio, encore abattu par la chaleur pétrifiante de Flamingo Rd, on peut déjà entendre le bruit des WSOP : les dizaines de milliers de jetons passant de main en main, les cartes battues par les 400 croupiers de la toute nouvelle « Pavillion Room », les aboiements des floors rythmé par les éliminations (« Seat Open, table twelve ! »). Chaque année, la magie des World Series fonctionne, draînant un flux continu de joueurs pendant près d’un mois précédent le Main Event. Alors bien sûr, les tournois high-rollers, comme le 8-Mixed Game à 50 000$ ne décolle pas de ses 100-150 joueurs chaque année, mais les auto-proclamées « boucheries » à 1 000 ou 1 500$ charrient des milliers de joueurs venus pour sentir le goût amer de l’élimination au bout d’un énième coinflip, après seulement quelques heures de jeu.
Rentrer dans la salle principale des World Series, c’est comme retrouver, étrangement, une sorte de « foyer », avec ses règles bien établies et ses hôtes inamovibles : Nolan Dalla, l’auteur de l’excellent « One of A Kind » (« Joueur né », biographie de Stu Ungar) et mémoire intarrissable du Las Vegas des 70s, surplombe le « media row » où sont entassés une presse poker étrangement clairsemée en début de World Series. Car personne ne se soucie véritablement des premiers Events, si ce n’est quelques aficionados dopés au chipcount, et les tournois à 1 500$ (NLHE, PLO ou LHE) se succèdent dans une relative indifférence.
Et pourtant, malgré l’énormité des fields, les dix-sept premiers events ont presque tous consacrés des joueurs confirmés, avec des tables finales tournant au Who’s Who du poker international. L’Event #17 n’a pas dérogé à la règle avec Antiono Esfandiari (échouant en 12ème position — 49k), le plus jeune vainqueur de l’EPT Grande Finale, Jeff Williams (3ème — 328k), resté dans l’histoire comme le seul vainqueur ne s’étant pas acquitté du traditionnel « tip » offert aux croupiers en fin de tournoi (pourboire alors payé royalement par les autres joueurs de la TF, sous l’impulsion de Marcel Lüske), et Jason Dewitt, vainqueur de ce 5 000$ Short-Handed au terme d’une table finale menée de main de maître, avec un niveau d’agressivité rarement atteint lors des premiers tournois des WSOP 2010.
Mais si la magie des WSOP fonctionne encore, c’est surtout grâce aux side-bets énormes qui courent entre les high-rollers. La Pavillion Room toute entière était paralysée, quelques jours plus tôt, lors de l’accession en finale de Tow « durrr » Dwan pour un banal 1 500$ NLHE. Car les quelques 800 000$ alloués au vainqueur n’étaient en rien comparables aux paris pris par Dwan contre Ivey, Negreanu, Benyamine, Lederer et consorts. Selon Mike « The Mouth » Matusow —qui avouait avoir mis quasiment toute sa bankroll sur le coup—, le gain d’un bracelet par Dwan lui aurait rapporté près de 12 millions de dollars en paris divers, dont 3 000 000$ de la part d’Ivey. Sa défaite en heads-up n’aura sûrement fait que retarder l’échéance car Dwan, cette année, a l’occasion de rembourser toutes ses (lourdes) pertes online avec un simple bracelet WSOP. Résultat, toutes les épreuves « annexes » sont l’occasion pour les plus gros joueurs de tirer le meilleur parti possible de leurs paris. Le 2-7 Draw Lowball ne fait pas exception à la règle : pour 10 000$, les high-rollers ont l’occasion de défier plus aisément la variance et de « s’offrir » un bracelet facilement face à 101 joueurs seulement. Et la table finale ne fait que confirmer l’intuition de ces joueurs, puisqu’Andy Bloch, John Juanda, Eric Cloutier, John Monnette, Erik Seidel et Daniel Negreanu sont encore en lice. Avec, en ligne de mire, une « petite victoire » et des sommes à 7 chiffres en side-bets divers…
Pour la France, seules quelques places payées sont à afficher au compteur : une table finale pour Nicolas Lévi lors du premier 5k Shoot-Out, un « deep-run » pour Alexia Portal, Gabriel Nassif ou Antoine Amourette, mais aucune performance notable. Il faut dire que le contingent hexagonal n’est pas encore au complet (Antony Lellouche, Patrick Bueno, Bruno Fitoussi, Ludovic Lacay ne sont pas encore sur place) et que les quelques valeurs sûres (Fabrice Soulier, David Benyamine, etc.) n’ont pas encore signé de performances notables. Seul Elky semble a fait vibrer hier la communauté française poker : l’homme aux 6 millions de dollars de gains en tournoi vient tout juste de gagner un « super sit’n’go » qualificatif au Tournament Of Champions, freeroll à 1 000 000$ réservé à 27 joueurs ultra-privilégiés (20 choisis par le vote du public, un qualifié internet, les champions WSOP et WSOP-E 2009, et les précédents vainqueurs du tournoi). Mais il faudra attendre le 27 juin pour suivre en live les chances réelles du Français dans ce field ultra-VIP.
Le heads-up aura finalement été assez rapide malgré un retour de suspens dans un match qu’on pensait à sens unique après le KO de Sofian dès le début de la finale.
Didier Logghe se sera bien battu mais s’incline au final avec Valet Sept contre la paire de Huit à l’issue d’un board : 6 7 K 2 4
Belle victoire pour Sofian, qui empoche un chèque de 35230€, tandis que Didier repart avec un gain de 23350€.
Place désormais au champagne et à la photo officielle pour célébrer le vainqueur du BPT Toulouse 2018.
Assis devant une tonne, Sofian remporte le trophée du BPT Toulouse 2018, en costaud !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 2 joueurs – Moyenne : 10425k
Le heads-up commence très fort par un double-up de Sofian, qui arrive à doubler avec As Six contre les Dames, une nouvelle fois, chez Didier. Le 6 au flop puis l’As turn et Didier doit se délester de 9025k, le montant du tapis adverse. Pour la plus grande joie du clan de Sofian, resté en nombre malgré l’heure tardive.
Puis Didier relance la machine et enchaîne deux double ups de suite pour revenir à niveau !
Ce heads-up commence très fort, en mode montagne russe.
Le champagne va réchauffer si les deux finalistes ne se décident pas !
Niveau 33 – 150k/300k ante 25k – 3 joueurs – Moyenne 6950k
Enorme coup entre Didier Logghe et Ludovic Soleau, le premier allant sortir le second en deux coups de suite.
Le coup principal, celui qui déstacke Soleau et le laisse avec une toute petite blind, se déroule d’une façon bien étrange. Fatigue ou méconnaissance des règles, Didier de petite blind, annonce « relance » en poussant la mise initiale qu’avait posé Ludovic au bouton, soit un min-raise. Sofian en BB s’échappe du coup et après intervention rapide et efficace du floor, on n’autorise à Didier qu’une min relance, ce que s’empresse de compléter Ludovic.
Flop QJ4. All-in de Ludovic et insta call de Logghe, avec QQ pour brelan max floppé. Ludovic retourne les As, meurtris, et rien ne vient l’aider. Après avoir payé les 4420k du tapis adverse, il ne lui reste que 450k, soit à peine une BB, qu’il perdra le coup suivant contre le même adversaire.
Ludovic Soleau sort donc à la troisième place, pour un joli gain de 15720€ !