Un départ tendu
La Maison du Bluff, on s’en doute, engage un gros budget pour de lourds enjeux. Chacun ici le sait et est conscient de sa responsabilité. Sur ce tournage, personne n’est inutile et la moindre défaillance humaine ou technique a des répercussions sur le programme que nous devons livrer. Il en découle donc une tension presque palpable en ce premier jour de tournage : est-ce que tout va fonctionner ? Qu’est-ce qui n’a pas été prévu ? Et – puisqu’il y a des perfectionnistes – peut-on faire mieux que ce qui a été prévu ?
Sachant qu’il y a deux règles sur ce type de tournage :
1 – Il y a TOUJOURS des galères.
2 – Il est impossible de tout prévoir.
Voici des mois que nous travaillons d’arrache pied pour préparer cette émission. Malgré la compétence des équipes, malgré l’expérience, il reste toujours une part d’imprévu qui, lorsque tout doit être huilé comme une montre suisse, a immanquablement des conséquences.
Aujourd’hui, au réveil, la nouvelle n’est pas bonne : il y a eu une coupure d’électricité. Cet incident peut paraître anodin (il suffit de rétablir le courant, après tout) mais imaginez le nombre de machines branchées en même temps : serveurs, magnétoscopes numérique enregistrant en permanence, stations de montages, antennes,… L’équipe technique est donc en état d’urgence, certains appareils n’ayant pas apprécié l’arrêt brutal, d’autres nécessitant une réinitialisation. On parle là d’appareils dont je ne sais même pas à quoi ils servent, et dont je ne connais même pas le nom ! Alors pour savoir comment le reprogrammer…
Néanmoins, malgré cette galère et le fait qu’elle arrive à un moment difficile – car personne n’a encore ses marques – un esprit positif continue de régner.
C’est peut-être cela le secret de réussite de cette émission : parvenir à travailler dans le stress et la fatigue tout en restant motivé, ouvert aux autres et conscient de la chance que l’on a de participer à ce projet. Ce bon esprit que j’évoque presque toujours en interview est bien réel. Je suis heureux et soulagé de voir qu’il est toujours présent cette année encore.
Tiens, il pleut !
Et oui, il pleut ! C’est assez surprenant vu qu’il n’y a pas un seul nuage dans le ciel. C’est encore plus improbable puisque nous sommes au beau milieu de la régie, située dans la maison. Mais c’est une évidence : une goute vient de tomber sur la console vidéo. Nous levons tous la tête au même moment pour constater que le plafond est moucheté de goutes qui ne demandent qu’à tomber.
Le coupable est le jacuzzi de l’étage supérieur qui fuit.
Heureusement que je vous avais prévenu : toujours des galères et impossible de tout prévoir.
Sortant ?
Sarah a été la première éliminée. On a organisé un HU turbo à 3h du mat’, elle a été désigné presque au hasard, elle bust, hop, elle est éliminée ! C’est ça La Maison du Bluff. Le plus drôle étant que plus personne n’est choqué, ni même vraiment étonné. Par le passé nous avons provoqué de telles polémiques qu’aujourd’hui plus personne ne s’offusque !
Elle réintégrera la Maison, mais elle ne le sait pas encore. Il est donc difficile d’engager la conversation avec elle lorsque je la croise dans l’hôtel où elle réside provisoirement. Je dois prendre un air attristé et compatissant. La conversation qui s’ensuit est absolument surréaliste.
Heureusement elle réintègre La Maison rapidement et la situation va redevenir normale.
Sortants !
A la surprise générale, c’est Kevin qui est éliminé en premier.
Les instants qui suivent sont toujours délicats. Je vais voir les candidats pour leur montrer que je ne suis pas indifférent à leur sort, tout en essayant de les rassurer, les consoler.
Ils ont tous un point commun : au-delà de la tristesse, de la déception, de la peur du jugement des autres, il y a l’éviction de l’aventure. Pour savoir ce que c’est, il faut y être et le vivre. Je pense qu’il faut avoir été candidat pour savoir ce que cela représente. Même en les côtoyant de puis plusieurs saisons, je n’en ai qu’un aperçu. Ils vivent des émotions intenses qui cessent brutalement.
par Alexis Laipsker, directeur de LMDB