Mercredi 29 mai 2013, 16h40. Paris – Gare de l’Est.

Ce week-end FPS sera mon deuxième séjour à Amnéville après la première édition du WPT, adjugée à Sam El Sayed en 2010. Ce tournoi avait fait couler pas mal d’encre à l’époque mais la destination a nettement gagné en réputation depuis. Adrien Allain avait par la suite remporté ce WPT et le FPS de l’année dernière avait donné une excellente série de vidéos réalisées par l’ami Tapis… que je me suis retapées intégralement hier soir… Je pars donc plein de bons sentiments.

Voiture 13 Place 85. On est enfin parti direction Metz pour se rendre au FPS d’Amnéville. Le TGV est quasiment vide mais je préfère m’isoler dans mon casque car je sens que je vais m’endormir avant même d’être sorti de Paris… Je somnole en repensant au Casino : le Seven Casino avec la musique du film Se7en. Ca sent les cauchemars…

…Le Day 1A du FPS est déjà fini et il est temps de vite rentrer à l’hôtel. Je ne loge malheureusement pas au casino mais dans l’un des hôtels situés à 500 mètres de là.
A 500 mètres, oui. Mais, 500 mètres de traversée de forêt par une route non éclairée et sans trottoir.

L’ORGUEIL

Il fait nuit noire et je m’engage seul sur cette unique route pour retrouver mon lit. Mais après à peine quelques mètres parcourus, derrière le premier arbre de la forêt, un mec s’avance vers moi et commence à m’engueuler en espagnol. Le temps que je lui explique que je ne comprends rien, je reconnais que c’est Rafael Nadal qui n’est visiblement pas content du tout :
– « C’est toi qui m’a bust sur PokerStars ?!?
– Non c’est Boubinou.
– Et c’est toi qui m’a filmé ?
– Non c’est Tapis.

Il n’a que faire de mes explications mais le temps qu’il s’arrache les manches, le bas de son pantalon et qu’il se remette l’entrejambe en place, j’étais déjà loin.

LA COLERE

Plus loin, Eugène Katchalov saute alors d’un arbre avec une hache à la main, l’air fou furieux et m’agrippe par le col :
– « Tu sais pourquoi je ne le ferai pas ce PFS ?!? »
– « Euh… parce que tu seras trop occupé à me découper et à m’enterrer ?
– « Mais non mon con ! Parce que j’ai 70 lignes HendonMob et 7,3 millions de dollars de gain ! Cette 64ème place du FPS de Paris m’a rapporté seulement 2400$, ma ligne la plus dégueulasse de toutes ! Je ne ferais que le High Roller, si je reviens de Vegas !

Et toujours dans le virage de la colère, Ilan Boujenah sort à son tour de derrière l’obscure végétation et hurle à son tour :
– « J’aurais dû le gagné ce put**n de WPT en 2010, y’avait que des pommes de terre en TF !!!
– T’inquiète pas Ilan, t’en gagneras un gros bientôt… et pas un 5 balles !

L’AVARICE

Dix mètres plus loin, c’est Adrien Allain qui sort d’une mare (suite à un énième pari perdu à cause de Rennes), il recrache de l’eau boueuse de sa bouche et s’écrie :
– « Bah moi, j’aurais jamais dû le gagner le WPT 2011… rapport au FISC et à tous les bets que je dois maintenant prendre pour me maintenir à flots !!! »

LA PARESSE

A la sortie du virage suivant, Chino Rheem et Erick Lindgren se tiennent en bordure de route. Ils ne disent rien mais tiennent un grand panneau avec « We’re finally back !!! » écrit dessus.
Ca y est ! Ils se donnent enfin la peine de faire reparler leur talent.

De même pour Jason Mercier qui est en train de jouer à l’Open Face Chinese sur son iPhone assis sur un tas de bois. Lui aussi a  dernièrement décidé de se recentrer sur le Texas Hold’em et grand bien lui en a pris.

LA GOURMANDISE

Dix mètres plus loin, c’est Daniel Negreanu et Viktor Blom qui tiennent le même genre de panneau mais avec cette fois-ci « On a un SCOOP !!! » marqué en grosses lettres de sang.
Mais où vont-ils s’arrêter ?

Mine de rien, y’a du beau monde à Amnéville, c’est vrai que ça a bien changé. Je suis pressé d’y être.

LA LUXURE

Je suis enfin arrivé devant l’hôtel et Liv Boeree a l’air de m’attendre devant l’entrée.
– « Désolé Olivia (!), j’ai fait au plus vite » je lui explique en me dirigeant avec elle vers l’escalier menant à notre chambre.

L’ENVIE

Au moment de m’engager dans cette ascension vers le 7ème ciel, je sens une grosse main trapue me retenir par l’épaule.
– « Vous avez votre titre de transport ? » C’est le contrôleur du TGV qui est en train de me réveiller… au pire moment.

Pas tout à fait réveillé, j’aperçois un badge de police sous sa veste :
– « Et qu’est-ce que vous allez faire à Amnéville ? Pourquoi là-bas ?
– J’avais vachement envie de venir. Je vais retrouver tous les potes avant qu’ils s’envolent pour Vegas et on va sûrement passer un super week-end, Monsieur l’Agent. »