Les années passent, et la diversité des fields du poker n’évolue pas, elle a même tendance à régresser. Lorsqu’on parcourt rapidement l’importante salle du palais des Congrès de la porte de Versailles, on croise très peu de joueuses. A un ami joueur qui écume le circuit depuis bien des années, d’Europe en Asie en passant par les Etats-Unis, la France est toujours en retard quant à l’intérêt des femmes pour le poker. Non pas que les rooms fassent l’impasse sur cet axe de développement, bien au contraire : pour une Gaelle Baumann, une Alexane Nachaus chez Winamax ou, dans le passé une Vanessa Selbst, une Isabelle Mercier (la liste est longue) côté PokerStars et, actuellement, Aurélie Réard chez Unibet, combien de joueuses semi-pro ou amatrices actives en France ?
Ce n’est pas faute de faire une promotion du jeu auprès d’un nouveau public —la série Poker Society, axée public d’influenceurs va en ce sens— ou au plus près de chez soi —le concept même de Texapoker, qui va chercher le joueur dans sa région plutôt que de le forcer à prendre train ou avion… Le constat n’évolue guère, surtout en ces Day 1 qui se jouent en semaine, à un moment où beaucoup travaillent et ne peuvent se libérer. L’absence ou la présence de tournois Ladies n’a jamais révolutionné le sujet, même si avoir un rendez-vous du genre fédère momentanément des joueuses, qui n’iront pas pour autant s’aventurer dans les fields généralistes.
Le souci, sûrement, est bien plus profond. Un conservatisme de la part de joueurs qui abusent des codes de la masculinité toxique, « posent leurs couilles sur la table », jouent à fond « les femmes » quand ils ont une paire de Dames en main, s’abreuvent de remarques sexistes. Les seules femmes qui ont leur place dans ce monde trop masculin sont au service des joueurs : croupières, hôtesses d’accueil, serveuses aux tables. Là, la parité se joue plutôt dans l’autre sens, avec une grande partie d’observatrices qui ne peuvent sauter le pas d’aller de l’autre côté de la barrière. Personne, pour l’instant, n’a trouvé la solution à un grand rééquilibrage qui, en plus d’être souhaité, devrait être tout simplement une évidence.