Le jour double a failli se transformer en jour sans fin. Avec des tables situées dans différentes salles de l’hôtel, le jeu a été fortement ralenti à partir de 157 joueurs restants. Il n’en fallait pas plus de 155 pour rallier le jour 2 et le main par main a donc été instauré à deux éliminations de ce chiffre. La première s’est faite attendre, la seconde également. Et chaque all-in and call prononcé par les croupiers entraînaient des mouvements de foule d’un bout à l’autre des salles : journalistes, floor, curieux ou amis des joueurs engagés dans le coup, tout le monde se précipitait pour assister aux dernières secondes avant une éventuelle mise à mort. Une corrida humaine où chaque joueur peut devenir taureau ou torero, selon le sens du hasard.
On a longtemps cru que le sort avait choisi René Quintin. Tombé à 4000 jetons, soit un tiers de blind, le joueur s’est montré patient. Mais rattrappé par les blinds, il pousse son tapis UTG pour moins d’une blind donc. En BB, on a le chipleader de la table, Paul Haquin, qui a bien fait le job jusqu’à présent en agressant quasi toutes les mains à tapis préflop. Mais René se réveille avec une paire de Dix (à défaut de rois, pourtant mieux assortis à son prénom) et repasse la barre de la blind, à l’unité prêt. Ça tombe bien, le voilà de big blind la main suivante. Après une interminable attente, le temps que toutes les tables aient à nouveau distribué une main, voilà René opposé au même adversaire, qui de petite blind, complète sans même jeter un oeil à ses cartes. Et grand bien lui en a pris, car au showdown, il découvre un As, devant le Dix Quatre adverse. Son sort semblait bel et bien scellé, jusqu’à une river miracle qui offre un Quatre, et du répit, à René. Décidément, il était écrit que ce joueur reviendrai au jour 2.
René Quintin à gauche a sauvé sa place pour le jour 2. Paul Haquin, assis à droite, a pourtant eu plusieurs balles de match pour le sortir.
Le voilà le bubble-boy de ce jour 1C : Alex Husset, à gauche, malheureux dernier sortant de la journée
Pas le temps de cogiter, il faut suivre le mouvement des tapis et après une dizaine de showdown tournant systématiquement à l’avantage des short, on se retrouve à la table 52, celle où Georgi Abuladze a aussi fait son oeuvre de chipleader en agressant à tapis la plupart des mains préflop. Face à lui c’est Alexandre Husset dans le rôle de la victime expiatoire. Celle-ci sera la bonne et les houra de soulagement nous confirme que le jour 1C s’achève là et que les 155 joueurs disposant encore de jetons devant eux pourront bien revenir demain samedi 12h. Et rentrer dans l’argent accessoirement.
Georgi Abuladze sera un client costaud et est venu chercher le one-time depuis l’Estonie
Avec un tapis d’un million environ, Abuladze fait figure des gros clients de ce chipcount. Estonien, il est venu exprès pour participer à ce festival.
« J’avais entendu parler de ce tournoi et je n’ai pas hésité » nous confie-t-il. « J’aime le format 6-max, c’est un jeu beaucoup plus agressif et rythmé qui me convient. A Tallinn, je joue souvent au Hilton casino. » Ça tombe bien, on connaît le sujet pour y avoir réalisé un coverage il y a une petite dizaine d’années et une couverture de feu le magazine Poker52Europa. Alors avec Georgi on se rappelle quelques connaissances communes.
– « Tu connais Martin ? »
– « Oui, on a eu quelques parties en omaha sympa. Je l’avais rasé à l’époque. »
– « Il est toujours aussi fou, faut que tu reviennes. »
Georgi n’est pas venu seul. Sa girlfriend est assise juste derrière, à une table désertée. Krislin, estonienne également, est accompagnée d’une bouteille de prosecco à peine entamée.
« Moi je veux rester sobre jusqu’à la victoire » ajoute-t-il dans un sourire. Krislin se consolera avec la bouteille et tout sourire nous propose un verre.
Krislin et sa bouteille de prosecco, est venue assister et supporter son champion de poker
Ils seront au day 2 également : Maxime Large, Salim Kaddour, Andreas Faucher, Samuel Bovy, Gytis Juskevicius (le bubble boy du 1B), Peggy Gambetti, Axel Dias, Adrien Guyon, Romain Champy, Ruben Abitbol, David Lichentin.
Patrick Ciklamini, joueur slovaque a su monter un gros tapis. Avec des lignes HendonMob dans tous les sens, il faudra s’ne méfier
Romain Semler sera lui aussi un joueur en forme et en confiance, avec un tapis conséquent
Et le jour 1D, me direz-vous ? Commencé 7 heures après le 1C, ce 1D turbo s’est achevé une trentaine de minutes plus tôt. 39 joueurs se sont qualifiés par ce biais, sur les 234 entrées comptabilisées. Parmi les qualifiés, on retrouve les team pro Winamax Loïc Debregeas, Mustapha Kanit et Bruno Lopes, mais aussi Jonathan Therme et Luca Delerm. En revanche, cruelle désillusion pour Alexane Najchaus, éliminée à nouveau à deux places des qualifications.
Enfin, on retiendra de cette journée le record battu pour un tournoi de ce format. Avec 2221 entrées, la marque de Madrid est effacée et la référence sera désormais celle établie ici en Slovaquie, pour cette première édition à Bratislava. Ça valait presque le verre de prosecco proposé par Krislin !
Il est presque 3 heures du matin, et les joueurs auront à coeur de se réveiller en forme dans quelques heures pour se retrouver autour des tables à partir de midi pour le lancement du jour 2.
Et pour vous faire un peu saliver avant de publier le chipcount officiel et le seat draw pour le jour 2, on peut aussi rappeler que ce sont donc 372 joueurs qui se retrouveront demain pour se partager un prize-pool de 977 240 € ! Tous se sont d’ailleurs assurés un min-cash en accédant au jour 2. Bravo à eux et rendez-vous dans quelques heures pour de nouvelles aventures sur tapis vert.
C’est reparti pour s’équilibrer entre joueurs lorsqu’Aliosha Staes, qui avait un peu pris du champ, shove paire de 9 et tombe sur paire de rois chez Timothé Labassa qui double à 20 BB, pour 31 pour Staes, et 20 pour Hammann.
Comme les niveaux continuent de se rapprocher (25-22-17), les joueurs décident de faire une pause pour rediscuter d’un deal éventuel. Le directeur du tournoi propose une distribution 61K pour Staes, 59K pour Hammann, et 55K pour Labassa, mais finalement les joueurs refusent et le jeu reprend.
Une main intéressante se déroule entre Staes et Hamman, relancée par Staes en petite blind et payée par Hammann. Le flop vient 7-6-10, Staes mise 1,2M et Hammann le suit pour aller voir un turn qui est un autre 6. Staes checke et Hammann mise 3M. C’est au tour de Staes de coller et de checker sur un As à la river. Hamman met 5,8M et Staes paye : 10-5 contre 10-9, et ça partage.
Soudain une main qui sonne comme un éclair dans un ciel sans nuage : tapis de Labassa avec J-10 de carreau et Staes paye immédiatement avec paire de rois. On croit à l’élimination de Labassa mais il trouve deux 10 au board pour doubler à 38M. Staes est amoché à 9,2M (7,7BB)
Labassa a fait preuve de talent et aussi de chance, ce qui est encore plus important (Photo Winamax)
Staes envoie à tapis le coup d’après puis qui trappe Hammann (ou bluffe avec talent) sur un board 7-K-7-As-6 en envoyant à tapis sur une petite mise river de Hammann qui semble sans conviction. Il part à tapis et Hammann montre une paire de 8 qu’il folde. Staes revient à 18M, puis 23M en envoyant sans peur à all-in autant qu’il peut. Un de ses amis du rail belge lui dit « d’aller chercher le loyer ».
Eh bien c’est ce qu’il semble faire le coup d’après en rendant la monnaie de sa pièce à Labassa : il shove As-2 contre As-roi, et fait deux 2 au board ! Il double à 48 et laisse Labassa exsangue (8M).
Hammann ne bouge pas depuis un moment à 20M. Il essaye de mettre la pression à Labassa sur le coup suivant mais il est payé immédiatement avec As-8. Son J-2 fait pâle figure, Labassa prend le coup et double à 15M. Hammann est à 13.
Staes et Hammann (Photo Winamax)
Le coup suivant, Hammann part à tapis, Labassa paye sans trop hésiter, et Staes, au terme d’une longue réflexion, décide de suivre. K-J de pique pour Hammann, As-J de coeur pour Labassa, K-Q off pour Staes. Le flop vient 8-9-10 avec 2 trèfles, la turn est un 5 de pique qui ouvre énormément d’outs pour Hammann mais le 9 de carreau final le renvoie chez lui. La question se pose de savoir s’il regrettera d’avoir fait capoter un deal deux fois. Il touche néanmoins 43000 euros pour sa peine.
Labassa en gagnant ce coup monstrueux remonte à 44M (29BB), Staes est à 30 (22BB). Il y a une nouvelle proposition de deal avant de lancer le heads-up, avec 70k, 66k et 15k laissés à la gagne, mais il est une refusé encore une fois pour prolonger le plaisir. Il est 2h du matin. Les niveaux vont désormais être de 20 minutes.
Labassa met la pression dès le premier coup et fait monter l’écart à 20M avec une relance préflop et un parpaing au flop 6-3-8. Il ne laisse pas Staes respirer pendant les coups suivants, shovant ou misant post-flop pour le faire jeter ses cartes. Staes flat une nouvelle fois du bouton, Labassa part all-in avec As-5 et Staes paye debout sur la table avec As-roi et repasse en tête 32BB contre 22BB. Tout est encore possible !
Staes attaque fort un coup avec une mise à 3,1M préflop, 3M au flop et 8M au turn sur un board Q-4-10-8 et Labassa finit par jeter après une longue hésitation, passant à la moitié du tapis de son adversaire.
Et c’est fini ! Sur le coup suivant, Staes checke quand Labassa complète du bouton. Le flop vient 6-4-7 rainbow. Labassa mise 1,6M. Staes met un long moment à tribet à 4,9M. Labassa prend presque autant de temps pour annoncer all-in et Staes snap-call. K-7 pour Labassa, et 8-5 et quinte max pour Staes. Il faut au Français deux runner-runner pour espérer faire full et s’en sortir mais l’As du turn met fin à tous ces espoirs.
Labassa sort avec 62K euros, Staes avec 90k. Félicitations à lui ! Et merci à Winamax pour ce magnifique événement à Bratislava qui a tenu toutes ses promesses !
L’événement « Face the Pros » où les joueurs peuvent venir défier les membres de l’équipe pro pour des heads-up sur iPad est l’occasion d’affronter les meilleurs dans la bonne humeur.
Côté finale du Main Event, Timothé Labassa colle un open d’Imperatore UTG avec paire de 10, ça fold jusqu’à Cechowski qui se réveille en BB avec As-Roi. Il part à tapis, Imperatore fold sa main random et Labassa call. Les 10 tiennent et Cechowski sort en 5ème position (21600 euros).
Les mains suivantes, Labassa s’essaye à ouvrir avec des mains limites mais doit les jeter une par une face à des relances de mains plus fortes. Hammann, peut-être du fait de l’image qu’Imperatore s’est donné à table, fait plusieurs calls ambitieux sur des tirages qui rentrent à la river, et grignote un peu le tapis du chipleader.
Vient le moment fatidique où l’image qu’il s’est construite pourrait payer : ouvrant avec paire d’As, Imperatore est payé par Staes, le Belge de la table, avec paire de 8 en petite blinde. Mais un 8 tombe au flop et Staes double (21M) , tandis qu’Imperatore retombe à 17M. Les tapis sont maintenant assez proches et l’action ralentit.
Peu de temps après, sur une opposition entre les mêmes avec As-Q contre As-Roi avec un pot monté à 19M, Imperatore trouve un fold surnaturel sur une mise 6,5M à la river (board As-7-2-9-7).
Aliosha Staes est désormais le chipleader et fait un mouv fou quelques coups après : sur une relance de Labassa avec As-10, il tribet à 3,1 à la BB avec As-7 dépareillé, reprend 6,2 en 4-bet de Labassa et shove en 5-bet ! Labassa jette sa main et Staes est à 41M.
Aliosha Staes (Photo Winamax)
Les coups suivants ne font que confirmer cette tendance, d’autant que le Belge semble toucher chaque flop et il part en pause avec une belle avance sur les 3 autres joueurs qui doivent maintenant faire attention à l’ICM pour optimiser leur résultat.
Il n’y aura pas de round d’observation en cette table finale à 7 (qui s’explique par l’impossibilité de distribuer les joueurs sur 2 tables sans désavantager le groupe de 3).
Après 2 tours, Hugo Menant part à tapis UTG, payé par Dylan Cechowski en late avec paire de 10. Le roi-dame de Menant semble bien parti avec un flop Q-K-8. L’As du turn offre les valets en plus des 2 derniers 10 pour Cechowski, et c’est bien un valet qui renvoie finalement Menant chez lui en 7ème position (12080 euros).
Hugo Menant (Photo Winamax)
Le chipleader de la table, Valentin Imperatore, joue très loose, en mettant des patates dans tous les sens sans hésiter à montrer des mains douteuses quand personne ne colle… ça ne tombe pas dans l’oreille de sourds à la table, et sur une nouvelle ouverture d’Imperatore, Jonathan Pastore part à tapis avec 20BB, Imperatore paye avec paire de 7, contre K-Q chez Pastore.
Le flop vient 10-5-J, qui ouvre la quinte par les 2 bouts à Pastore, un 10 au turn lui ouvre également les valets, mais aucun de ses 12 outs ne sort à la river et Pastore sort en 5ème position (21660 euros).