Quelle journée de mutant. Compliqué de la qualifier autrement, tant la cadence a été soutenue et intense. 251 survivants des jours introductifs sont revenus dans la poker room du CityWest Hotel avec une seule et même idée en tête : atteindre les places payées, au nombre de 150, et pourquoi pas aller chercher son ticket de qualification pour le Jour 3.
Le rythme des éliminations n’a pas tardé à s’intensifier, pour voir le field s’approcher dangereusement de la bulle. Une bulle plutôt longuette, étalée sur 80 minutes de jeu et au cours de laquelle pas moins de 9 double up ont été comptabilisés en 11 mains jouées. Et au bout du compte, c’est Mickael Denoyelle qui a endossé le malheureux mais nécessaire statut de bubble-boy. Avec, comme lot de consolation, un buy-in gratuit pour l’édition 2019.
L’effet post-bulle a instantanément fait son effet : un paquet de bustos en deux niveaux seulement. Pour connaître leurs noms, je vous laisse consulter l’ensemble des résultats du jour ci-dessous. Attardons-nous cependant sur cette fin de Jour 3 qui s’est avérée cruelle pour certains : et en particulier pour Eric Sagne, éloigné des tapis verts depuis 4 ans, après une carrière en tant que joueur professionnel chez Partouche.
Eric Sagne
Eric Sagne s’est retrouvé embarqué dans un pot 4-way, aux côtés notamment d’Adrien Delmas. Les quatre adversaires de table ont effectué un check collégial sur le flop A96, sans tirage couleur. C’est à la turn T de pique que tout s’emballa : de SB, Sagne avance 180 000, payé par la grosse blinde, payé par l’UTG mais relancé par Delmas au boutou : 750 000 de plus.
L’ex manager de la team Partouche entre alors dans une longue période de réflexion – 4 ou 5 minutes -, avant d’annoncer les mots fatidiques : all-in. Un moove faisant rapidement fuir deux de ses adversaires, mais pas le membre du Team Winamax, qui paye et retourne T9 suited, dominé par le A6 d’Eric. Mais le croupier retourne un terrible 9 à la river, clouant ce dernier sur place, qui met alors quelques secondes à réaliser son élimination. « Ragnarok » grimpait alors à 6,5 millions de jetons.
Après la sortie d’Arthur Erwan Grimbot (son AK n’a rien pu faire face aux Barbus de Paul Meyniel), le tournoi pouvait prendre fin car tombé à 18 joueurs. Mais c’était sans compter sur l’un des grands protagonistes du jour en la personne de Matthieu Lamagnère, tout bonnement intouchable au dénouement du Jour 2. L’ancien Local Hero Winamax a bénéficié d’un petit coup de pouce du destin face à David Chambon.
Arthur Erwan Grimbot
Après une ouverture de Marc McDonnell au bouton, « SixCoups » envoie une énorme salve à deux millions de SB. De grosse blinde, Chambon snap call son tapis avec AK, et se retrouve en bonne position face au QK de Matthieu. Mais le board en décide autrement, et apporte une Q pour anéantir ses espoirs de victoire. Et propulser Lamagnère dans un solide siège de chipleader à l’aube du Jour 3.
« J’ai quand même bien run good », admet-il à chaud. « Même si ça ne s’est pas très bien passé au début de la table TV. Puis j’ai gagné un énorme coin flip avec les dames contre AK, avant de grinder, touché pas mal de mains, notamment les as. J’étais très actif préflop, donc personne ne me croyait plus trop », explique-t-il.
« Adrien (Guyon, ndlr) m’a bien limité. L’Irlandais aussi (Marc McDonnell, ndlr) après son double up, il était difficile à gérer. Puis d’un coup il a complètement arrêté d’open, donc j’ai repris le lead. Et puis ma flush max en fin de journée m’a aussi permis de prendre 2 millions », résume le grindeur online, avant d’enchaîner sur ses impressions personnelles.
« Je suis globalement très content de moi, j’ai eu l’impression de bien jouer aujourd’hui. Tout était réuni pour faire quelque chos de bien. Maintenant, mon plan, c’est d’aller gagner », conclut-il. C’est tout le mal qu’on te souhaite, l’ami Matthieu. Et comment vont les 16 autres rescapés du jour ? Moyennement pour Moundir Zoughari, shortstack officiel avec 470 000 jetons. Très bien pour les deux Adrien, Delmas et Guyon, respectivement enregistrés avec 7 185 000 et 6 285 000 de jetons. Pour le reste, je vous laisse découvrir le chipcount complet.
Copie parfaite pour Adrien Delmas.
Adrien Guyon, un homme à surveiller de très près.
Marc McDonnell s’est révélé comme la révélation irlandaise de cette fin de tournoi.
Le programme de demain ? Et bien jouer jusqu’à connaître le nom du grand vainqueur, tout simplement. Reprise à midi (13h, heure française) pour nos 17 derniers valeureux combattants.
Reprise sur le Level 36 / Blindes : 50 000 – 100 000, Big Blind Ante 100 000 Moyenne : 3 500 000
Vainqueur : 100 000 €
2e : 70 000 €
3e : 50 000 €
4e : 36 500 €
5e : 26 000 €
6e : 18 500 €
7e : 13 440 €
8e : 10 000 €
9e : 10 000 €
10e : 7500 €
11e : 7500 €
12e : 5650 €
13e : 5650 €
14e : 5650 €
15e : 4400 €
16e : 4400 €
17e : 4400 €
Tous les résultats du jour
18e : David Chambon – 3450 €
19e : Arthur Erwan Grimbot – 3450 €
20e : Eric Sagne – 3450 €
21e : Matthieu Martin – 3450 €
22e : Mustapha Kanit – 3450 €
23e : Christophe Marcadet – 3450 €
C’est reparti pour s’équilibrer entre joueurs lorsqu’Aliosha Staes, qui avait un peu pris du champ, shove paire de 9 et tombe sur paire de rois chez Timothé Labassa qui double à 20 BB, pour 31 pour Staes, et 20 pour Hammann.
Comme les niveaux continuent de se rapprocher (25-22-17), les joueurs décident de faire une pause pour rediscuter d’un deal éventuel. Le directeur du tournoi propose une distribution 61K pour Staes, 59K pour Hammann, et 55K pour Labassa, mais finalement les joueurs refusent et le jeu reprend.
Une main intéressante se déroule entre Staes et Hamman, relancée par Staes en petite blind et payée par Hammann. Le flop vient 7-6-10, Staes mise 1,2M et Hammann le suit pour aller voir un turn qui est un autre 6. Staes checke et Hammann mise 3M. C’est au tour de Staes de coller et de checker sur un As à la river. Hamman met 5,8M et Staes paye : 10-5 contre 10-9, et ça partage.
Soudain une main qui sonne comme un éclair dans un ciel sans nuage : tapis de Labassa avec J-10 de carreau et Staes paye immédiatement avec paire de rois. On croit à l’élimination de Labassa mais il trouve deux 10 au board pour doubler à 38M. Staes est amoché à 9,2M (7,7BB)
Labassa a fait preuve de talent et aussi de chance, ce qui est encore plus important (Photo Winamax)
Staes envoie à tapis le coup d’après puis qui trappe Hammann (ou bluffe avec talent) sur un board 7-K-7-As-6 en envoyant à tapis sur une petite mise river de Hammann qui semble sans conviction. Il part à tapis et Hammann montre une paire de 8 qu’il folde. Staes revient à 18M, puis 23M en envoyant sans peur à all-in autant qu’il peut. Un de ses amis du rail belge lui dit « d’aller chercher le loyer ».
Eh bien c’est ce qu’il semble faire le coup d’après en rendant la monnaie de sa pièce à Labassa : il shove As-2 contre As-roi, et fait deux 2 au board ! Il double à 48 et laisse Labassa exsangue (8M).
Hammann ne bouge pas depuis un moment à 20M. Il essaye de mettre la pression à Labassa sur le coup suivant mais il est payé immédiatement avec As-8. Son J-2 fait pâle figure, Labassa prend le coup et double à 15M. Hammann est à 13.
Staes et Hammann (Photo Winamax)
Le coup suivant, Hammann part à tapis, Labassa paye sans trop hésiter, et Staes, au terme d’une longue réflexion, décide de suivre. K-J de pique pour Hammann, As-J de coeur pour Labassa, K-Q off pour Staes. Le flop vient 8-9-10 avec 2 trèfles, la turn est un 5 de pique qui ouvre énormément d’outs pour Hammann mais le 9 de carreau final le renvoie chez lui. La question se pose de savoir s’il regrettera d’avoir fait capoter un deal deux fois. Il touche néanmoins 43000 euros pour sa peine.
Labassa en gagnant ce coup monstrueux remonte à 44M (29BB), Staes est à 30 (22BB). Il y a une nouvelle proposition de deal avant de lancer le heads-up, avec 70k, 66k et 15k laissés à la gagne, mais il est une refusé encore une fois pour prolonger le plaisir. Il est 2h du matin. Les niveaux vont désormais être de 20 minutes.
Labassa met la pression dès le premier coup et fait monter l’écart à 20M avec une relance préflop et un parpaing au flop 6-3-8. Il ne laisse pas Staes respirer pendant les coups suivants, shovant ou misant post-flop pour le faire jeter ses cartes. Staes flat une nouvelle fois du bouton, Labassa part all-in avec As-5 et Staes paye debout sur la table avec As-roi et repasse en tête 32BB contre 22BB. Tout est encore possible !
Staes attaque fort un coup avec une mise à 3,1M préflop, 3M au flop et 8M au turn sur un board Q-4-10-8 et Labassa finit par jeter après une longue hésitation, passant à la moitié du tapis de son adversaire.
Et c’est fini ! Sur le coup suivant, Staes checke quand Labassa complète du bouton. Le flop vient 6-4-7 rainbow. Labassa mise 1,6M. Staes met un long moment à tribet à 4,9M. Labassa prend presque autant de temps pour annoncer all-in et Staes snap-call. K-7 pour Labassa, et 8-5 et quinte max pour Staes. Il faut au Français deux runner-runner pour espérer faire full et s’en sortir mais l’As du turn met fin à tous ces espoirs.
Labassa sort avec 62K euros, Staes avec 90k. Félicitations à lui ! Et merci à Winamax pour ce magnifique événement à Bratislava qui a tenu toutes ses promesses !
L’événement « Face the Pros » où les joueurs peuvent venir défier les membres de l’équipe pro pour des heads-up sur iPad est l’occasion d’affronter les meilleurs dans la bonne humeur.
Côté finale du Main Event, Timothé Labassa colle un open d’Imperatore UTG avec paire de 10, ça fold jusqu’à Cechowski qui se réveille en BB avec As-Roi. Il part à tapis, Imperatore fold sa main random et Labassa call. Les 10 tiennent et Cechowski sort en 5ème position (21600 euros).
Les mains suivantes, Labassa s’essaye à ouvrir avec des mains limites mais doit les jeter une par une face à des relances de mains plus fortes. Hammann, peut-être du fait de l’image qu’Imperatore s’est donné à table, fait plusieurs calls ambitieux sur des tirages qui rentrent à la river, et grignote un peu le tapis du chipleader.
Vient le moment fatidique où l’image qu’il s’est construite pourrait payer : ouvrant avec paire d’As, Imperatore est payé par Staes, le Belge de la table, avec paire de 8 en petite blinde. Mais un 8 tombe au flop et Staes double (21M) , tandis qu’Imperatore retombe à 17M. Les tapis sont maintenant assez proches et l’action ralentit.
Peu de temps après, sur une opposition entre les mêmes avec As-Q contre As-Roi avec un pot monté à 19M, Imperatore trouve un fold surnaturel sur une mise 6,5M à la river (board As-7-2-9-7).
Aliosha Staes est désormais le chipleader et fait un mouv fou quelques coups après : sur une relance de Labassa avec As-10, il tribet à 3,1 à la BB avec As-7 dépareillé, reprend 6,2 en 4-bet de Labassa et shove en 5-bet ! Labassa jette sa main et Staes est à 41M.
Aliosha Staes (Photo Winamax)
Les coups suivants ne font que confirmer cette tendance, d’autant que le Belge semble toucher chaque flop et il part en pause avec une belle avance sur les 3 autres joueurs qui doivent maintenant faire attention à l’ICM pour optimiser leur résultat.
Il n’y aura pas de round d’observation en cette table finale à 7 (qui s’explique par l’impossibilité de distribuer les joueurs sur 2 tables sans désavantager le groupe de 3).
Après 2 tours, Hugo Menant part à tapis UTG, payé par Dylan Cechowski en late avec paire de 10. Le roi-dame de Menant semble bien parti avec un flop Q-K-8. L’As du turn offre les valets en plus des 2 derniers 10 pour Cechowski, et c’est bien un valet qui renvoie finalement Menant chez lui en 7ème position (12080 euros).
Hugo Menant (Photo Winamax)
Le chipleader de la table, Valentin Imperatore, joue très loose, en mettant des patates dans tous les sens sans hésiter à montrer des mains douteuses quand personne ne colle… ça ne tombe pas dans l’oreille de sourds à la table, et sur une nouvelle ouverture d’Imperatore, Jonathan Pastore part à tapis avec 20BB, Imperatore paye avec paire de 7, contre K-Q chez Pastore.
Le flop vient 10-5-J, qui ouvre la quinte par les 2 bouts à Pastore, un 10 au turn lui ouvre également les valets, mais aucun de ses 12 outs ne sort à la river et Pastore sort en 5ème position (21660 euros).