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Le journal Off du poker

Journal des WSOP : Le véritable Big One (25 juin)

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Une excitation semble enfin avoir saisi la communauté des joueurs : à l’abri de l’Amazon Room, dans un coin d’une douzaine de tables seulement, tout au fond de la salle, le Poker Players Championship 50 000$ a débuté ce dimanche. Le field ? Tout juste au dessus d’une centaine de joueurs, 20% de participants en moins. Côté France, David Benyamine, ElkY et Bruno Fitoussi, bien sûr, et un nouvel arrivant pour ce tournoi au prestige incontestable, Antony Lellouche. Si le pro Winamax a été plutôt discret lors de ce début de World Series, ce Mixed-Games semble le motiver plus que jamais. Sur les réseaux sociaux, il apparaît intraitable quand à son tapis, et joue plus concentré que jamais. « Je ne lâcherai aucun jeton », twitte-t-il ironique, et à le voir jouer en cette fin d’après-midi, on comprend bien que ce tournoi revêt une importance spéciale pour lui. Bruno Fitoussi, lui, est plus détendu : runner-up d’une précédente édition aux côtés de son ami de toujours Freddy Deeb, il s’est inscrit au dernier instant car « il se sent bien ». Il a fait deux jours de break après une poignée de tournois effectués à la sortie de l’avion, avec plusieurs Day 2 ET une place payée dans un mixed-games justement. Ce tournoi est spécial pour lui : il y a signé sa plus belle performance à ce jour, et il représente un défi technique hors pair.

Si les premières éditions du HORSE puis du Mixed-Games à 50 000$ avaient été placées sous haute surveillance (tables très éloignées les unes des autres, sécurité doublée) et grand intérêt médiatique (avec une table finale télévisée), cette année, les World Series semblent l’avoir un peu délaissé : pour l’œil non expert, cela pourrait être un énième tournoi NLHE à 1 500$. Sauf qu’à chaque table, des millions de gains et des dizaines de bracelets WSOP sont présent. A la table de Bruno Fitoussi, David Singer, Allen Cunningham, Michael Mizrachi, Lyle Berman, Richard Ashby, Barry Greenstein ou Phil Hellmuth ; du côté d’Antony Lellouche, Andy Bloch, Alex Kravchenko (« cette serrure internationale », résume le Français), Shaun Deeb et Chris Lee ; chez ElkY, John d’Agostino (que l’on ne voit plus que dans des compétitions du genre), Scott Clements, Huck Seed, Todd Brunson, Mike Matusow et Jeff Lisandro ; pour David Benyamine, Daniel Negreanu, Shawn Buchanan, David Baker, Eugene Katchalov et Eric Cloutier. La moyenne d’âge est plus élevée que les autres tournois, bien sûr, et aucune dead money ne peut plus exister à ce niveau.

Ce tournoi est surtout l’occasion de vérifier, chaque année, que le poker pendant les World Series ne se résume pas à un gigantesque marathon où se font et se défont des fortunes fragiles, et où le seul intérêt de l’organisation consiste à multiplier les events et les possibilités de rêve prémâché. Aucun grand joueur ne se permet de manquer ce tournoi : on s’y croise comme au Big Game du Bellagio, on y croise des absents remarqués (Antonius, Hansen), des gloires historiques (Doyle Brunson) et tout ce qui se fait de mieux sur la planète poker. Lorsque Brunson a évoqué l’éventualité de son absence, Hellmuth a immédiatement répliqué que ce serait une « énorme tristesse de ne pas voir Brunson » à ce tournoi qui porte le nom de l’ami de toujours, le regretté Chip Reese. Dans les allées, le directeur de tournoi Jack Effel vient discuter avec chacun, l’air détendu. Les tapis ne vont pas voler très vite, puisque l’organisation donne 5 jours entier à la compétition pour se dérouler, et qu’avec 150 000 jetons et une late-registration ouverte jusqu’au Day 2, les masses ne bougent pas énormément dans les premiers levels. Le seul éliminé de la journée sera David Singer, par Bruno Fitoussi ; le tapis moyen en fin de journée sera ainsi de… 151 200 jetons.

Pour cette édition 2012, le Poker Players Championship se pose plus encore que jamais comme le garant d’un certain poker, technique, historique et respecté par ses représentants : savoir maîtriser toutes les variantes du jeu, accepter de jouer contre les meilleurs pour pouvoir se dépasser, batailler longtemps sans laisser trop de place à la variance. C’est surtout l’exact contraire du plus gros tournoi de l’année, qui se tiendra dans une semaine dans la même salle : le Big One for One Drop. Un tournoi cappé à 48 joueurs, au buy-in absurde d’1 000 000$. Avec une excuse, celle du charity-business : 111 111$ pris sur le buy-in sont reversés à l’association parrainée par Guy Laliberté, association qui œuvre à assurer une ressource d’eau aux plus démunis.

One Drop ressemble à une survivance ennuyeuse des pires moments du charity-business des années 1990s : on y fait parler mécaniquement des joueurs inscrits, face caméra, qui expliquent en quasi-playback combien la cause leur est importante, que cela donne à leur tournoi une raison d’être encore plus forte. En off, les mêmes ou presque sourient largement car le One Drop est l’empire de la dead money, avec des hommes d’affaires richissimes qui ont été convaincus de s’inscrire par Guy Laliberté. Le milliardaire québécois, fondateur du Cirque du Soleil, a ainsi fait le tour de la planète poker, hedge funds et autres fortunes faites rapidement, parfois aux limites de la loi, afin de convaincre tout ce beau monde de s’asseoir à la même table. Et comme les joueurs de poker n’ont en aucun cas la bankroll nécessaire pour s’asseoir à la table d’un tel tournoi, les swaps et stacking se sont multipliés. Laliberté, lui-même, aurait mis la main à sa poche pour convaincre les plus gros joueurs à participer et des hommes d’affaires de l’ombre ont ressortis les liasses de cash pour permettre à des joueurs pros à la bankroll plus démunie de jouer en leur nom. Une situation win/win : ils n’apparaissent pas publiquement et n’ont pas à justifier de leur argent ; ils donnent leurs cartes à des joueurs qui s’y connaissent mieux en la matière.

Mais quel intérêt, alors, d’un tel tournoi ? Alors que le Mixed-Games promeut une certaine idée pure du poker (s’il en est), le One Drop se résume à un vulgaire spectacle plaqué or : des joueurs qui n’ont pour enjeu que 10 ou 20% de leur main, au mieux ; une structure de paye où 12 joueurs repartiront dans l’argent (25% du field) afin de ne pas faire trop mal aux finances des participants ; un rake de 11,1%, supérieur à l’habitude bien sur, qui va à une « bonne cause » sous le feu des caméras télévisées ; une opération de communication assez peu coûteuse pour les World Series qui, pour l’occasion, n’auront qu’à avoir une douzaine de croupiers sous le coude pour animer les rares tables de ses 48 participants, et auront clé en main un show parfaitement ficelé pour ESPN, son partenaire média. Et au final, quelques millions versés à une association caritative : une goutte d’eau.

Jérôme Schmidt

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[Finale WiPT] L’union fait la force

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Il faut croire que la devise ne sied pas qu’aux pays qui l’ont officiellement adoptée (Andorre, Angola, Belgique, Bolivie, Bulgari, Géorgie, Haïti et Malaisie) : au poker aussi, l’union fait la force. C’est en tout cas l’évidence qui s’impose lorsqu’hier, au lancement des derniers Day 1, trois figures du poker hexagonal sont montées sur scène, scellant ainsi une alliance que beaucoup n’auraient jamais imaginée il y a encore quelques années : Matthieu Duran (Live Event directeur de Winamax), Patrick Partouche (des casinos du même nom) et Apo Chantzis (Texapoker).

Alors que des secousses avaient mis de la friture sur la ligne de la relation Winamax-Partouche il y a plusieurs années, il fallait bien tout le savoir-faire et le talent naturel d’Apo Chantzis, fort de ses équipes et son maillage extraordinaire sur tout le territoire, pour mettre tout le monde autour d’une même table, et arriver à sceller un destin commun. Hier, leur présence à trois sur la grande estrade du Pasino Grand d’Aix-en-Provence était à la fois le symbole d’une industrie pacifiée, qui travaille désormais main dans la main, et d’une victoire médiatique, devant ce qui allait devenir le plus grand field d’une finale du Winamax Poker Tour.

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[Finale WiPT — Journal Off] Moi y’en a vouloir des sous

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Petit à petit, le field se rapproche « de l’argent ». Une obsession pour ces milliers de joueuses et joueurs qui se déplacent parfois depuis l’autre bout de la France afin de s’offrir un shot au prizepool juteux proposé par ce tournoi à seulement 500€ ? Pas certain, ou en tout cas, pas obligatoirement pour tout le monde. L’obsessions d’entrer dans l’argent (souvent pour un gain marginal, à moins d’atteindre le Top 20 du tournoi, surtout lorsqu’on a mis plusieurs bullets dans le tournoi, jusqu’à sept pour les plus opiniâtres) relève plus du défi personnel —inscrire sa première ou son énième ligne HendonMob, raconter à ses amis son run avant son badbeat qui met une halte définitive à tout rêve d’argent et de gloire— que d’un plan de carrière. Les pros, on le sait, sont de moins en moins présents dans les fields de poker, ce jeu de hasard et de talent (dans l’ordre inversé) étant devenu pour beaucoup un loisir, une récréation, une parenthèse qu’il faut garder enchantée.

Rien de plus frustrant pour un joueur, en effet, que de ne pouvoir jouer ; au piquet, pour celui qui s’interdit de jeu comme pour celui qui y est tricard du boléro. En montant le long escalator qui amène au premier étage du Pasino Grand d’Aix-en-Provence, on glisse lentement, dans le brouhaha des jetons et des files de joueurs en attente d’un siège, au beau milieu des fanions qui ornent les murs, célébrant vainqueurs et héros du Winamax Poker Tour au fil des années. Parmi les visages en gros plan, cadrés serrés, une seule photo de groupe : celle de la « Team Big Roger », victorieuse en 2013 du seul tournoi par équipe proposé lors de ces festivals. Sur l’affiche, trois visages souriants, ceux de Stéphane Bazin (depuis très rare sur le circuit poker), Antonin Teisseire (omniprésent lors des tournois du sud-est de la France et sur le circuit Partouche) et Roger « Big » Hairabedian. Ce dernier, nous en avons déjà parlé in extenso lors d’une plongée tête la première dans son éternelle télé-(ir)réalité qu’il autoproduit chaque jour ses réseaux sociaux, annonce son éternel come-back. Mais ses courbes émotionnelles, tout aussi ascendantes que descendantes, ont rendu l’opération de plus en plus délicate. Chaque espoir s’ouvre teinté d’une seule crainte pour l’observateur empathique : que rien ne voie le jour, que tout s’effondre avant d’avoir été monté, voire simplement esquissé.

On ne croisera pas Roger Hairabedian à Aix-en-Provence au WiPT 2025. Contempteur du online, ce n’est pas pour cette raison qu’il aura décidé de skip un large field comme il les aime ; il est tout bêtement interdit de tous les casinos Partouche. L’homme a du talent —il en a toujours eu et, peu importe les années qui passent, il sait signer quelques places dans les casinos qui l’accueillent encore, comme le Circus à Paris— mais aussi celui de se mettre à dos la terre entière, avec quelques obsessions à la clé en sus. On ne sait jamais vraiment, dans les nébuleux rebondissements qui peuplent ses dérives intimes, quelles sont les véritables raisons de ces interdictions de casino, fâcheries diverses et vendetta en ligne. Peut-être, finalement, n’est-ce d’ailleurs pas la question principale…

« Les centaines de choses que l’on a faites de travers dans la vie. Pas forcément à dessein : elles ont pu se produire par stupidité, maladresse, inconscience, par mégarde, pure connerie, sans arrière-pensée« , lisait-on justement à quelques minutes du coup d’envoi du Day 1E en incipit d’un roman sublime, Jours blancs (Jeroen Brouwers, 2013), sous le regard étincelant du Big Roger gagnant d’il y a une décennie. Le regard, depuis, s’est fait plus dur —parfois lucide, parfois désespéré, souvent encore joueur. « Il arrive qu’un souvenir insupportable s’en échappe, et pénètre soudain votre cerveau, pareil à un cambrioleur qui vous jette une corde à piano autour du cour, et nous serre la gorge. » Le souvenir de la victoire, de la gloire et de l’argent étrange ainsi au quotidien ceux qui ont connu de telles cimes ; la respiration de ce millier d’anonymes qui se presse sur l’escalator menant à la table de tournoi n »est que régularité et stress positif.

Que faire, lorsqu’on ne peut plus jouer ? Lorsqu’on vit à distance les grands évènements sans, parfois, ne pouvoir y participer ? A l’époque de champions sublimes comme Stu Ungar, c’était la brokitude qui interdisait toute action. Dans sa biographie, écrite par Nolan Dalla (Joueur né, 2008), l’ancien champion du monde tourne en rond, imaginant les caves s’envoyer en l’air pendant que lui rumine dans sa chambre d’hôtel miteuse du Gold Coast, à Las Vegas. En 2025, Roger Hairabedian a inventé d’autres expédients, intronisant à quelques semaines des grandes compétitions de l’année (WiPT, WSOPC, WSOP Vegas) une joueuse inconnue, Céline « Douceur » Beauchamp, 716$ au compteur de sa page HendonMob. Aux antipodes, donc, de Roger Hairabedian, 11ème joueur all time français et ses quelques 5 500 000$ de gain. On imagine, assez simplement, un contral moral de stacking avec celle qu’il estime « prête à faire de grandes choses dans le poker », sans en connaître plus de détails.

A la hargne et la grinta du parrain Hairabedian, succèderait donc la « douceur » de sa néo-protégée, Céline Beauchamp, qui a cette double tâche muette d’adoucir l’image du mentor et d’aller chercher la gagne là où les portes lui sont désormais fermées. Croisée par hasard à table lors du Day 1C de la finale du WiPT, on ne lui aura pas porté chance, puisqu’elle va sauter quelques secondes plus tard du tournoi principal. Si l’argent et la gloire médiatique sont au choix les deux mamelles qui sous-tendent le monde depuis l’époque pas si révolue de Jean Yanne (pour les plus jeunes, réalisateur & acteur anar-libertarien des années soixante), vivre par procuration le jeu, ses frissons et ses enjeux narcissiques, semble relever d’un lent supplice qu’on ne saurait conseiller à ses pires ennemis. Comment continuer à être, lorsqu’on a été ? Parmi la foule qui s’amasse au fur et à mesure que nous écrivons ces lignes, il y a sûrement dans cet horizon de rêves flottants au-dessus de chaque siège bien des nuances de fantasmes : l’action, le fun, la légende, la victoire et même la perte. Rien ne va plus, faites vos jeux.

(photo : Jules Pochy)

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[WPO Bratislava – journal off] L’odeur du tabac froid

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Il n’y a pas que la victoire dans la vie. Pas que le rush d’adrénaline de la river miraculeuse, la douce euphorie des triomphes annoncés que rien ne vient trahir. Pas que les billets qui passent de main en main pour finir dans sa poche, pas que les trophées à empiler, les credit-card roulettes jamais perdues, les regards empreints d’admiration, les amitiés nouvelles et éphémères. Il y a la défaite, aussi. La solitude d’un casino à 8h du matin, en pleine semaine, quand les petits-déjeuners offerts par l’établissement sont autant d’incitation à rester encore un peu, histoire de se refaire, de ne pas affronter le ciel grisâtre qui a englouti la ville, ne pas croiser son regard dans les miroirs fumés des couloirs qui amènent vers la sortie.

En arrivant trop tôt ce matin au casino Bratislava, la ferveur de 23h59 s’est éclipsée depuis quelques heures. Les vainqueurs, eux, dorment du sommeil de ceux qui ont vu juste. Ne restent que les joueurs, les vrais joueur, ceux qui se fichent bien de gagner et de décaver. Le parfum capiteux qui flotte dans les casinos et les clubs de jeux du monde entier (une amie, ancienne responsable d’un cercle de jeu parisien, m’avait un jour confié que cette odeur si typique aux établissements de jeux, constituait pour elle une madeleine de Proust olfactive, comme l’odeur du poulet dominical, qui la réconfortait immédiatement, par habitude) a depuis longtemps été dissipé par l’odeur du tabac froid. Au sous-sol, machines à sous sous la forme modernes, roulettes électroniques ou avec  croupier et tables de blackjack accueillent une dizaine d’irréductibles. Des joueurs locaux, habitués de ces wee hours où l’on joue par habitude, manque d’envie, voire lassitude. C’est l’illustration presque plastique de la grande théorie psychanalytique du joueur pathologique : il préfère perdre, afin d’avoir une raison de se plaindre —et donc d’être écouté, réconforté, materné.

La gagne, la ouinne, n’est pourtant pas interdite. Au hasard d’un billet de 50 € transformé en quelques minutes en plusieurs billets verts, on se découvre repartir les poches pleines, laissant derrière nous, très vite, le tabac froid, les mines grises, les cafés tièdes du buffet, les roulettes qui tournent dans le vide. A l’étage, les tournois de poker n’ont pas encore repris. Il faudra attendre midi, et l’arrivée d’une flopée de WIP (icônes télévisuelles, influenceurs, sportifs, etc.) ainsi que de joueurs pros pour que la fête reprenne et puisse battre son plein. Et là, peu importe la gagne tant qu’il y a le fun.

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