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Le journal Off du poker

L'Arnaque : strip-poker online, Michael Phelps etc.

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Le monde du poker est un univers clos, aux règles sociologiques relativement troubles et incompréhensibles pour un regard extérieur. On s’y échange des « parts » d’une simple discussion ou d’un geste de la main, on privilégie la parole de « prise de parts » à tout contrat en bonne et due forme et on se prête des sommes à cinq ou six chiffres sans débordement de formalités. C’est un monde régi par l’argent liquide ou de l’argent en ligne dématérialisé, un microcosme où tout gain en dessous du demi-million semble parfois, lassitude oblige, relativement banal.

La banalité de l’argent, son détachement presqu’absolu par moments, touche à la fois à une approche quasi-maladive du gain et une déréalisation de la valeur argent. Le poker ? Un *jeu* avec des *jetons* (virtuels ou tangibles) qui célèbre quelques vainqueurs, et cloue au pilori le reste —une écrasante majorité. Mais derrière l’adrénaline, l’action, le « juice » de la relance, du tapis, du call héroïque, une réalité incontournable à un moment ou un autre : celle du gain ou de la perte.

Les arnaques, au poker comme dans le monde extérieur (celui des affaires, conjugal, amical, etc.), existent depuis la nuit des temps : cartes truqués, dos marqués, jeux « faits » par un croupier complice, double deck dans les manches… l’ingéniosité à contourner les règles a toujours surpassé les limites posées dans n’importe quelle activité sociale.

A chaque époque, cependant, ses déclinaisons de triche. Une des dernières en date touche le poker en ligne et joue avec la frontière fine, invisible, floue et indéfinissable, entre l’arnaque et la triche. Finis, ou presque, les multi-accounts de la jeune génération des joueurs en ligne qui s’escriment toujours à jouer leurs sessions du dimanche soir dans la même pièce, avec des adresses IP différentes, ayant ainsi accès au jeu de leurs amis présents à leurs côtés ; oubliés les super-users de sites complices comme UB à l’époque, avec la possibilité pour certains employés de voir les cartes des joueurs. Car les rooms online développent des stratégies et des outils de plus en plus complexes, traquant ces brebis galeuses miraculeusement gagnante en exploitant des failles incontournables.

Récemment, le théâtre de vaudeville a croisé le monde du poker en ligne. Jouant sur la faiblesse humaine —le désir sexuel étant assurément le plus puissant des anihilateurs de conscience— quelques « joueuses » totalement amateures, proposent à des joueurs de cash-game online de s’asseoir à une table en heads-up tout en faisant une « session webcam » avec leur partenaire de poker d’un soir. A l’autre bout de l’ordinateur, la fille (ou un vague avatar glané sur un site porno) se déshabille un peu plus, à chaque « chip dumping » du joueur en face d’elle : un raise-re-raise fold à chaque main et la « joueuse » ramasse 10€ ou plus à chaque main, dévoilant une épaule, un sein, une cuisse, puis, pour plus d’action, des sommes plus chères et une intimité fouillée en direct. Le tout avec à l’appui de faux profils de réseau social à la clé pour appâter le chaland. Le principe (en gros, un strip-tease virtuel) est vieux comme le monde ; le moyen de « micro-paiement » est quant à lui immédiat, efficace, anonyme, tout le monde se cachant derrière son pseudonyme. Et lorsque le malheureux plumé appelle le service client de la room en question, impossible de rendre l’affaire public, l’homme étant le plus souvent marié, avec des enfants, etc.

Les vieilles arnaques de Vegas ont donc de beaux jours devant eux : ces strip-teaseuses de l’ère électronique ne sont rien d’autres que de vulgaires danseuses mécaniques des semi-bordels du Nevada, les jetons ayant remplacé les billets, ajoutant à l’absence de réel durant toute la transaction, achevée par un orgasme virtuel à l’autre bout du fil.

Les « baleines » des grands casinos n’ont pas plus disparu. Là encore, à chaque époque son lot de stars et nouveaux riches en mal de sensation, venus se frotter à la dure réalité du tapis vert. Le dernier en date, ricane une partie de la communauté poker, pourrait bien s’appeler Michael Phelps. Le multi-médaillé olympique, qui a choisi de prendre sa retraite après être entré à jamais dans l’histoire à Londres a été depuis pris sous l’aile de plusieurs joueurs, Antonio Esfandiari et Phil Laak en tête. Au-delà du parallèle médiatique intéressant pour un joueur de poker de fréquenter les VIP du sport, le phénomène n’a rien de nouveau. Combien de sportifs jeunes et multi-millionaires sont-ils allés se briser leurs ailes et leur bankroll dans le monde du gambling ? Combien de centaines de milliers dollars Cristiano Ronaldo a-t-il perdu en 2009-2010 ? Sûrement pas grand chose, au vu de son salaire mensuel de footballeur sponsorisé, mais de quoi alimenter en absolue « dead money » les plus grosses tables. Il y a 20 ans, c’était Larry Flint, joueur plutôt avisé, ou des cohortes entières de basketteurs (Michael Jordan et Magic Johnson en tête) qui allaient « claquer » des sommes de six chiffres aux parties privées ou dans les grosses parties de Los Angeles et Las Vegas. Michael Phelps sera-t-il un énième nom sur cette liste des « whale » qui donnent bien plus qu’elles ne reprennent ? Le sourire des joueurs qui l’accueillent dans ce nouveau monde pourrait bien déjà en dire long.

Jérôme Schmidt

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[Finale WiPT] L’union fait la force

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Il faut croire que la devise ne sied pas qu’aux pays qui l’ont officiellement adoptée (Andorre, Angola, Belgique, Bolivie, Bulgari, Géorgie, Haïti et Malaisie) : au poker aussi, l’union fait la force. C’est en tout cas l’évidence qui s’impose lorsqu’hier, au lancement des derniers Day 1, trois figures du poker hexagonal sont montées sur scène, scellant ainsi une alliance que beaucoup n’auraient jamais imaginée il y a encore quelques années : Matthieu Duran (Live Event directeur de Winamax), Patrick Partouche (des casinos du même nom) et Apo Chantzis (Texapoker).

Alors que des secousses avaient mis de la friture sur la ligne de la relation Winamax-Partouche il y a plusieurs années, il fallait bien tout le savoir-faire et le talent naturel d’Apo Chantzis, fort de ses équipes et son maillage extraordinaire sur tout le territoire, pour mettre tout le monde autour d’une même table, et arriver à sceller un destin commun. Hier, leur présence à trois sur la grande estrade du Pasino Grand d’Aix-en-Provence était à la fois le symbole d’une industrie pacifiée, qui travaille désormais main dans la main, et d’une victoire médiatique, devant ce qui allait devenir le plus grand field d’une finale du Winamax Poker Tour.

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[Finale WiPT — Journal Off] Moi y’en a vouloir des sous

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Petit à petit, le field se rapproche « de l’argent ». Une obsession pour ces milliers de joueuses et joueurs qui se déplacent parfois depuis l’autre bout de la France afin de s’offrir un shot au prizepool juteux proposé par ce tournoi à seulement 500€ ? Pas certain, ou en tout cas, pas obligatoirement pour tout le monde. L’obsessions d’entrer dans l’argent (souvent pour un gain marginal, à moins d’atteindre le Top 20 du tournoi, surtout lorsqu’on a mis plusieurs bullets dans le tournoi, jusqu’à sept pour les plus opiniâtres) relève plus du défi personnel —inscrire sa première ou son énième ligne HendonMob, raconter à ses amis son run avant son badbeat qui met une halte définitive à tout rêve d’argent et de gloire— que d’un plan de carrière. Les pros, on le sait, sont de moins en moins présents dans les fields de poker, ce jeu de hasard et de talent (dans l’ordre inversé) étant devenu pour beaucoup un loisir, une récréation, une parenthèse qu’il faut garder enchantée.

Rien de plus frustrant pour un joueur, en effet, que de ne pouvoir jouer ; au piquet, pour celui qui s’interdit de jeu comme pour celui qui y est tricard du boléro. En montant le long escalator qui amène au premier étage du Pasino Grand d’Aix-en-Provence, on glisse lentement, dans le brouhaha des jetons et des files de joueurs en attente d’un siège, au beau milieu des fanions qui ornent les murs, célébrant vainqueurs et héros du Winamax Poker Tour au fil des années. Parmi les visages en gros plan, cadrés serrés, une seule photo de groupe : celle de la « Team Big Roger », victorieuse en 2013 du seul tournoi par équipe proposé lors de ces festivals. Sur l’affiche, trois visages souriants, ceux de Stéphane Bazin (depuis très rare sur le circuit poker), Antonin Teisseire (omniprésent lors des tournois du sud-est de la France et sur le circuit Partouche) et Roger « Big » Hairabedian. Ce dernier, nous en avons déjà parlé in extenso lors d’une plongée tête la première dans son éternelle télé-(ir)réalité qu’il autoproduit chaque jour ses réseaux sociaux, annonce son éternel come-back. Mais ses courbes émotionnelles, tout aussi ascendantes que descendantes, ont rendu l’opération de plus en plus délicate. Chaque espoir s’ouvre teinté d’une seule crainte pour l’observateur empathique : que rien ne voie le jour, que tout s’effondre avant d’avoir été monté, voire simplement esquissé.

On ne croisera pas Roger Hairabedian à Aix-en-Provence au WiPT 2025. Contempteur du online, ce n’est pas pour cette raison qu’il aura décidé de skip un large field comme il les aime ; il est tout bêtement interdit de tous les casinos Partouche. L’homme a du talent —il en a toujours eu et, peu importe les années qui passent, il sait signer quelques places dans les casinos qui l’accueillent encore, comme le Circus à Paris— mais aussi celui de se mettre à dos la terre entière, avec quelques obsessions à la clé en sus. On ne sait jamais vraiment, dans les nébuleux rebondissements qui peuplent ses dérives intimes, quelles sont les véritables raisons de ces interdictions de casino, fâcheries diverses et vendetta en ligne. Peut-être, finalement, n’est-ce d’ailleurs pas la question principale…

« Les centaines de choses que l’on a faites de travers dans la vie. Pas forcément à dessein : elles ont pu se produire par stupidité, maladresse, inconscience, par mégarde, pure connerie, sans arrière-pensée« , lisait-on justement à quelques minutes du coup d’envoi du Day 1E en incipit d’un roman sublime, Jours blancs (Jeroen Brouwers, 2013), sous le regard étincelant du Big Roger gagnant d’il y a une décennie. Le regard, depuis, s’est fait plus dur —parfois lucide, parfois désespéré, souvent encore joueur. « Il arrive qu’un souvenir insupportable s’en échappe, et pénètre soudain votre cerveau, pareil à un cambrioleur qui vous jette une corde à piano autour du cour, et nous serre la gorge. » Le souvenir de la victoire, de la gloire et de l’argent étrange ainsi au quotidien ceux qui ont connu de telles cimes ; la respiration de ce millier d’anonymes qui se presse sur l’escalator menant à la table de tournoi n »est que régularité et stress positif.

Que faire, lorsqu’on ne peut plus jouer ? Lorsqu’on vit à distance les grands évènements sans, parfois, ne pouvoir y participer ? A l’époque de champions sublimes comme Stu Ungar, c’était la brokitude qui interdisait toute action. Dans sa biographie, écrite par Nolan Dalla (Joueur né, 2008), l’ancien champion du monde tourne en rond, imaginant les caves s’envoyer en l’air pendant que lui rumine dans sa chambre d’hôtel miteuse du Gold Coast, à Las Vegas. En 2025, Roger Hairabedian a inventé d’autres expédients, intronisant à quelques semaines des grandes compétitions de l’année (WiPT, WSOPC, WSOP Vegas) une joueuse inconnue, Céline « Douceur » Beauchamp, 716$ au compteur de sa page HendonMob. Aux antipodes, donc, de Roger Hairabedian, 11ème joueur all time français et ses quelques 5 500 000$ de gain. On imagine, assez simplement, un contral moral de stacking avec celle qu’il estime « prête à faire de grandes choses dans le poker », sans en connaître plus de détails.

A la hargne et la grinta du parrain Hairabedian, succèderait donc la « douceur » de sa néo-protégée, Céline Beauchamp, qui a cette double tâche muette d’adoucir l’image du mentor et d’aller chercher la gagne là où les portes lui sont désormais fermées. Croisée par hasard à table lors du Day 1C de la finale du WiPT, on ne lui aura pas porté chance, puisqu’elle va sauter quelques secondes plus tard du tournoi principal. Si l’argent et la gloire médiatique sont au choix les deux mamelles qui sous-tendent le monde depuis l’époque pas si révolue de Jean Yanne (pour les plus jeunes, réalisateur & acteur anar-libertarien des années soixante), vivre par procuration le jeu, ses frissons et ses enjeux narcissiques, semble relever d’un lent supplice qu’on ne saurait conseiller à ses pires ennemis. Comment continuer à être, lorsqu’on a été ? Parmi la foule qui s’amasse au fur et à mesure que nous écrivons ces lignes, il y a sûrement dans cet horizon de rêves flottants au-dessus de chaque siège bien des nuances de fantasmes : l’action, le fun, la légende, la victoire et même la perte. Rien ne va plus, faites vos jeux.

(photo : Jules Pochy)

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[WPO Bratislava – journal off] L’odeur du tabac froid

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Il n’y a pas que la victoire dans la vie. Pas que le rush d’adrénaline de la river miraculeuse, la douce euphorie des triomphes annoncés que rien ne vient trahir. Pas que les billets qui passent de main en main pour finir dans sa poche, pas que les trophées à empiler, les credit-card roulettes jamais perdues, les regards empreints d’admiration, les amitiés nouvelles et éphémères. Il y a la défaite, aussi. La solitude d’un casino à 8h du matin, en pleine semaine, quand les petits-déjeuners offerts par l’établissement sont autant d’incitation à rester encore un peu, histoire de se refaire, de ne pas affronter le ciel grisâtre qui a englouti la ville, ne pas croiser son regard dans les miroirs fumés des couloirs qui amènent vers la sortie.

En arrivant trop tôt ce matin au casino Bratislava, la ferveur de 23h59 s’est éclipsée depuis quelques heures. Les vainqueurs, eux, dorment du sommeil de ceux qui ont vu juste. Ne restent que les joueurs, les vrais joueur, ceux qui se fichent bien de gagner et de décaver. Le parfum capiteux qui flotte dans les casinos et les clubs de jeux du monde entier (une amie, ancienne responsable d’un cercle de jeu parisien, m’avait un jour confié que cette odeur si typique aux établissements de jeux, constituait pour elle une madeleine de Proust olfactive, comme l’odeur du poulet dominical, qui la réconfortait immédiatement, par habitude) a depuis longtemps été dissipé par l’odeur du tabac froid. Au sous-sol, machines à sous sous la forme modernes, roulettes électroniques ou avec  croupier et tables de blackjack accueillent une dizaine d’irréductibles. Des joueurs locaux, habitués de ces wee hours où l’on joue par habitude, manque d’envie, voire lassitude. C’est l’illustration presque plastique de la grande théorie psychanalytique du joueur pathologique : il préfère perdre, afin d’avoir une raison de se plaindre —et donc d’être écouté, réconforté, materné.

La gagne, la ouinne, n’est pourtant pas interdite. Au hasard d’un billet de 50 € transformé en quelques minutes en plusieurs billets verts, on se découvre repartir les poches pleines, laissant derrière nous, très vite, le tabac froid, les mines grises, les cafés tièdes du buffet, les roulettes qui tournent dans le vide. A l’étage, les tournois de poker n’ont pas encore repris. Il faudra attendre midi, et l’arrivée d’une flopée de WIP (icônes télévisuelles, influenceurs, sportifs, etc.) ainsi que de joueurs pros pour que la fête reprenne et puisse battre son plein. Et là, peu importe la gagne tant qu’il y a le fun.

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