Depuis le véritable séisme d’il y a deux semaines aux USA, on attendait patiemment la réaction des joueurs sponsorisés par les deux plus grandes rooms mises en causes par le FBI pour « fraude bancaire », « organisation illégale de jeux de hasard » et « blanchiment d’argent ». Si les ambassadeurs les plus renommés ont tous préféré se taire et laisser passer la tempête en courbant l’échine —on gardera par exemple en mémoire que Daniel Negreanu, d’habitude si virulent et ‘grande gueule’ sur les sujets d’actualité, préfère ne rien dévoiler du fonds de sa pensée pour ne pas mettre de l’huile sur le feu et nuire à son sponsor—, d’autres plus « confidentiels » et moins médiatiques ont décidé de quitter les USA.
C’était le cas, déjà, d’Ilari Sahamies, le Finlandais, qui ne pourra désormais plus jouer sur des tables avec des joueurs américains, mais uniquement des Européens. Coup de chance pour lui, ses némésis ne sont autres que Gus Hansen (Danois, souvent en Europe), Patrik Antonius (émigré à Monte-Carlo) ou autre Jens Kylonnen. Mais que deviennent les Américains pur jus comme Phil Ivey, les frères Hang ou Tom Dwan ?
La réponse, c’est Phil Galfond —un high-staker brillant qui a encore brillé dans la dernière saison de High Stakes Poker, mais qui est moins médiatisé qu’Ivey ou Dwan— qui la donne sur son blog : « Je vais attendre la fin des WSOP 2011, voir comment cela évolue, et puis aussi évaluer le manque de participation à ces tournois live ». Mais après ? « Après, je vais sûrement partir à l’étranger, car si je ne peux plus jouer aux grosses tables, c’est mon travail que je perds… »
Ainsi l’Américain envisage de partir « au moins 6 mois », mais pour quoi faire ? « Soit travailler non stop, et ne pas profiter de la vie, uniquement pour amasser des gains » ou, au contraire, « en profiter pour s’ouvrir l’esprit ». En tout cas, pour Galfond —il le souligne en caractères gras—, il est « impensable de penser que le poker va devenir légal dans les mois à venir ». Selon lui, c’est tout le milieu du poker professionnel américain qui doit se remettre en question et trouver des solutions. Peut-être, comme de nombreux high-rollers, cela passe-t-il par s’installer en Asie du Sud-Est où la vie est peu chère, le décalage horaire parfait avec l’Europe et les conditions de vie très agréables…