Elaine Bulteau/ Poker52 : Tout d’abord, peux tu te présenter, et nous dire quel est ton parcours poker ?
Elie Payan : Né à Blois (41), j’ai 27 ans et suis originaire d’Orléans (45). J’ai découvert ce qu’était le poker lors d’un weekend à Londres il y a 4 ans (février 2007). 17 mois plus tard (juillet 2008) je pris mon courage à deux mains pour démissionner de mon travail (CDI en gestion de projets SAV) afin de me consacrer corps et âme dans cette fascinante discipline. Entre temps, j’avais réussi à perfectionner mon niveau de jeux en adhérant à l’Orléans Poker Club (mai 2007). J’ai commencé dans les cercles et casinos français sur des tables de cash game 1-2€ et en participant à des tournois entre 50 et 200€.
EB : Pratiques-tu également le poker en ligne ?
Elie : Pour le moment je ne joue pas online car je suis conscient que l’approche du poker est différente. Ne voulant pas faire les choses à moitié, je m’y consacrerai un jour quand j’aurais envie d’y investir de mon temps et de mon argent. Punisher934, me vient de là ou j’ai fait mes débuts en tant qu’amateur (Orléans Poker Club).
EB : Tu es en ce moment à Las Vegas pour les WSOP. As-tu participé à beaucoup de tournoi depuis ton arrivée, et est-ce ta première fois à Vegas ?
Elie : Je suis à Las vegad depuis le 3 mai, et je n’ai pas eu l’occasion de joueur beaucoup de tournois car le downswing que je parcourais ne me le permettez pas. Alors je me suis contenté de faire un 350$ (NLH) et un 560$ (HORSE) au Venetian, un 130$ (PLO) au Caesars Palace et un 250$ (PLO) au Golden Nugget.
Cette dernière année je me suis beaucoup investi à Vegas, mais n’ayant pas de green card ou de visa, je ne pouvais rester que 3 mois lors de chacun de mes séjours
EB : Peux tu nous en dire plus sur ton parcours hors poker ?
Elie : J’ai obtenu un BEP et un BAC PRO MSMA (Maintenance des Systèmes Mécanique Automatisés) puis j’ai conclu mes études sur un BTS CIRA (Contrôle Industriel et Régulation Automatisé) que j’ai effectué en apprentissage chez les Parfums Christian Dior.
Une fois mes études terminées, j’ai rapidement trouvé un CDI en gestion de projets SAV dans une entreprise spécialisée dans la protection incendie des autres entreprises.
EB : Tu viens de remporter une épreuve des WSOP devant 1070 joueurs pour 292,825$ de gains. Que vas-tu faire de tout cet argent ?
Elie : Je vais forcément réinvestir une partie dans le poker, et le reste « tombera dans un puits ». Maintenant, à froid, je suis sûr d’une chose : étant un amateur de sport mécanique, je compte bien me faire plaisir en m’offrant une Suzuki 750 GSXR dès mon retour.
EB : Le Pot Limit Omaha, ta variante préférée ?
Elie : J’éprouve autant de plaisir à jouer au PLO qu’au THNL. Mais c’est en tournoi PLO que j’ai le meilleur edge.
EB : Après ta victoire et ton titre de champion du monde, tu affiches clairement ta motivation à réussir une brillante année 2011. Peux-tu nous faire une analyse de ton état d’esprit à l’approche d’un tournoi ?
Elie : La journée avant un tournoi, je fais en sorte de ne jamais la passer sur une table de poker. Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque l’on se réveille et que l’on à perdu 2 ou 3 caves la veille, ce n’est pas agréable à vivre. Je veux être sûr d’arriver avec un bon moral et les idées claires. Car en ce qui me concerne, je pense que le mental compte à 50% au poker.
EB : Comment as tu vécu ce tournoi, et qu’as tu ressenti à l’arrivée en table finale ?
Elie : J’ai vécu mon parcours de deux façons différentes :
– Quand j’étais à la table, très bien. Mon degré de concentration était tel que je ne laissais passer aucun détail, ce qui me faisait complètement oublier l’importance de l’enjeu.
– Dès que je n’étais plus à la table, au break ou après le tournoi, très mal. C’est simple, le break était annoncé, je me levais de ma chaise et je devenais tout blanc comme une personne qui serait sur le point de faire un malaise. Cette sensation était un réel problème pour moi, car comme un malade j’en perdais l’appétit. Ce n’est qu’une fois retourné à table que j’avais faim et soif. Et pour ce qui était de mon sommeil entre les 2 days, il était quasiment inexistant.
Afin de mieux connaître mes adversaires, dans la mâtiné qui précédait la table finale, j’avais prit le temps de checker les différents résultats de chacun. Je suis arrivé en table final très confiant mais avec les deux mêmes symptômes expliqué ci-dessus : A table je ne jouais que du plastique, mais une fois qu’on était en pause la pression aurait pu me paralyser.
EB : On sait que tu étais très déterminé à remporter le titre et le bracelet de champion du monde. Quelle était ta stratégie à 9 joueurs left ?
Elie : Ne sachant quelle stratégie chacun de mes adversaires allait mettre en place, je suis arrivé à la table sans en avoir une… Pour mettre en place une stratégie parfaite, mon choix devait être déterminé en fonction de celle mise en place par mes propres adversaires.
Après 30 minutes de jeu, j’ai pu conclure que la situation à la table était la suivante : Les gros tapis jouaient énormément, et les petits tapis avaient un jeu très serré. Puis ils essayaient d’éviter toute confrontation avec un autre gros tapis. Cette situation était vraiment une aubaine pour moi qui ne joue que pour le titre.
Conclusion, ma stratégie fut la suivante : Jouer tout le monde ! Je me devais de jouer les petits tapis qui jouaient très serré et qui abandonnaient souvent les coups pré-flop et je me devais de jouer post-flop les gros tapis qui ne voulait pas mettre en péril leur jetons en voulant payer un tirage ou contrôler un bluff très cher.
Mais je n’ai pas pu mettre en place cette stratégie bien longtemps, car lorsqu’on était encore neuf, j’ai subis un bad setup (brelan vs brelan au flop) contre Jeffrey Sarwer qui m’a fait passer short stack.
EB : Quel est ton programme de tournois à venir, et vas tu participer aux gros évènements du circuit type EPT, WPT etc.. ?
Elie : Actuellement, je suis incapable de répondre clairement à cette question. Cela dépendra si oui ou non un sponsor est prêt à me donner ma chance.
EB : Quel est ton objectif principal pour le reste de l’année 2011, et quel serait ton plus grand « rêve poker » ?
Elie : Actuellement mon principal objectif est de trouver un partenariat honnête en vue de jouer un maximum d’évents sur le circuit pro.
Alors si j’ai la permission de « rêver grand », allons y : Faire une saison de high stake poker avec Ivey et Dwan à ma table.
Seulement 48 joueurs restants sur les plus de 720 inscrits au PLO Championship des WSOP à 10 000$ de buy-in, mais de beaux espoirs français à surveiller : deux d’entre eux sont dans le Top 10 des chipcounts (Elie Nakache, 2ème ; Sonny Franco, 8ème) tandis que d’autres noms connus du poker hexagonal sont encore en lice avec un tapis qui leur permettrait de revenir dans la course en tête : David Benyamine (23e), Bruno Fitoussi (36e) et Karim Lehoussine (41e). A suivre dès demain pour déterminer la table finale, avec plus de 1 300 000$ à la gagne !
Ne nous mentons pas : peu de gens mettaient encore une pièce sur Daniel Negreanu depuis plusieurs années. Le joueur toujours sponsorisé (après PokerStars, GG Poker) avait de quoi brûler du buy-in, sans pour autant faire beaucoup de performances. Et voilà qu’il revient par la plus grande porte possible au devant de la scène poker avec une victoire dans le plus beau tournoi de l’année, le 50 000$ mixed-games, toujours aussi relevé.
Petit field, bien sûr, mais une table finale qui avait convoqué aussi bien Phil Ivey que David Benyamine, deux autres gloires absolues de ces variantes. Le Canadien remporte plus de 1 178 000$ mais, et cela n’a pas de prix, l’estime renouvelée de ses pairs !
C’est dans le Poker Player’s Championship à 50 000$ des WSOP qu’on reconnait les meilleurs des joueurs, les plus polyvalents et les plus constants. Et à ces jeux-là, à 13 joueurs restants, il y a un chipleader qui n’est autre que David Benyamine, surement le joueur le plus brillant de toutes les générations. Il annonce d’ailleurs chez nos confrères de Winamax vouloir faire un come-back massif, même en Europe, dans les mois à venir… Restent à ses côtés d’autres grands noms, plus short-stack, comme un certain Phil Ivey, mais aussi Michael Mizrachi et Daniel Negreanu…