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Le journal Off du poker

Journal des WSOP (27 juin 2011) : Running good

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Les tournois des World Series se suivent mais ne ressemblent pas obligatoirement. L’instauration, depuis quelques temps, de l’appellation « Championship » permet au monde du poker professionnel de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie. Le reste ? Des tournois à faible buy-in (par faible, entendre moins de 10 000$…), que certains appellent d’un ton méprisant ‘donkament’, bien que la performance d’aller jusqu’au bout n’en soit pas moins impressionnante…

Des trois bracelets français, deux sont des « Championship ». Des titres, donc, qui font de l’heureux vainqueur un « champion du monde » de sa discipline. Pour Harrahs Entertainment, cette multiplication des bracelets (65 au total, avec les WSOP-Europe, qui ont lieu à Cannes à la rentrée) permet à la fois d’attirer un grand public en quête d’un Graal de plus en plus accessible et de garder la valorisation des Championship.

Hier, le dernier grand tournoi de No Limit Hold’Em avant le Main Event était lancé : un 10 000$ short-handed, taillé au millimètre pour les autoproclamés « sharks » d’internet. Un field si resserré que beaucoup des joueurs traditionnels ont préféré l’éviter, malgré le prizepool incroyable : près de 4,5 millions de dollars, avec 1,2 millions au vainqueur. Des chiffres dignes des plus gros EPT, dans l’anonymat presque total des 58 events des World Series Of Poker…

A chaque table, deux ou trois joueurs immédiatement reconnaissables, rejoints par des visages inconnus, pseudonymes craints sur le online en quête d’un nouveau terrain de jeu pour développer leur jeu agressif plus adapté au mode short-handed. Malgré les 30 000 jetons de départ, sur des blindes 50-100 avec des niveaux d’une heure, les premiers éliminés sont arrivés très vite. Et les short-stacks de se multiplier. Parmi eux, Fabrice Soulier, récent champion de HORSE, qui passe à 8 000 jetons après un coup assez horrible : As-Dame de carreau au bouton, il sur-relance le cut-off qui le flat-call. Sur un flop Dame-10-2, le cut-off c-bet, suivi par Fabrice. Au turn, un deuxième carreau tombe, un 8, qui ne change rien. Le cut-off met un deuxième barrel, payé par Fabrice. Le turn, un 7 de pique. Cut-off mise 6000 dans le pot, payé par Fabrice, qui découvre un quinte runner-runner en face…

« Je n’en reviens pas des coups qui m’arrivent dans ces World Series ! » me dit-il, avant de retrouver le sourire : « Enfin… à par dans le HORSE, bien sur. » Quelques heures plus tard, à tapis au turn contre Josh Arieh, short-stack, Fabrice découvre que son brelan floppé de 2 est battu par celui, floppé également, d’Arieh, de 9. River : un 2, la seule carte du paquet qui le fait gagner.

Le « good run » ou le « rush hour », c’est ce que tous les joueurs recherchent : une sorte de tunnel de chance où tout peut arriver. Rien, statistiquement, ne peut le justifier. Et les croyances les plus infondées de « cycle de chance »  semblent parfois bien réelles, surtout dans le marathon des World Series. Tous le traquent, comme Sam Farha, infortuné double vainqueur WSOP en PLO-8, qui n’a lui non plus rien réussi encore cette année, et qui sortira sur une horreur en fin de journée.

Pour d’autres joueurs, c’est la traversée du désert. Des joueurs brillants, comme Bruno Fitoussi ou Ludovic Lacay n’ont pour l’instant rien réussi dans ces World Series. Des tournois trop vite finis, des set-ups inévitables, des départs difficiles, rien n’y fait. Pour Bruno, ce 10 000$ est peut-être, avant son tournoi fétiche (le 50 000$ Championship, compétition monstre s’il en est —dont il a terminé deuxième il y a quelques années) celui du retour en forme. Arrivé en « late registration » au bout de deux heures de compétition —mais doté d’un tapis équivalent au tapis de départ—, Bruno a pris un départ canon, prenant de nombreux pots à table pour le propulser au double de l’average au bout d’une heure à peine. Concentration, lecture de la table, choix des spots : tout s’est déroulé dans le meilleur des mondes pour celui qui a toujours été le meilleur ambassadeur du poker en France. Il finit la journée à 80 000 jetons, dans l’average, à quelques places de son grand ami Freddy Deeb (90 000) mais loin derrière Fabrice (160 000). Aujourd’hui, les 162 joueurs restants (sur les 474 de départ) pourraient bien déjà rentrer dans l’argent, et les masses vont bouger vite, très vite. Ne reste plus qu’à espérer que les goods runs continuent…

par Jérôme Schmidt

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[Finale WiPT] L’union fait la force

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Il faut croire que la devise ne sied pas qu’aux pays qui l’ont officiellement adoptée (Andorre, Angola, Belgique, Bolivie, Bulgari, Géorgie, Haïti et Malaisie) : au poker aussi, l’union fait la force. C’est en tout cas l’évidence qui s’impose lorsqu’hier, au lancement des derniers Day 1, trois figures du poker hexagonal sont montées sur scène, scellant ainsi une alliance que beaucoup n’auraient jamais imaginée il y a encore quelques années : Matthieu Duran (Live Event directeur de Winamax), Patrick Partouche (des casinos du même nom) et Apo Chantzis (Texapoker).

Alors que des secousses avaient mis de la friture sur la ligne de la relation Winamax-Partouche il y a plusieurs années, il fallait bien tout le savoir-faire et le talent naturel d’Apo Chantzis, fort de ses équipes et son maillage extraordinaire sur tout le territoire, pour mettre tout le monde autour d’une même table, et arriver à sceller un destin commun. Hier, leur présence à trois sur la grande estrade du Pasino Grand d’Aix-en-Provence était à la fois le symbole d’une industrie pacifiée, qui travaille désormais main dans la main, et d’une victoire médiatique, devant ce qui allait devenir le plus grand field d’une finale du Winamax Poker Tour.

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[Finale WiPT — Journal Off] Moi y’en a vouloir des sous

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Petit à petit, le field se rapproche « de l’argent ». Une obsession pour ces milliers de joueuses et joueurs qui se déplacent parfois depuis l’autre bout de la France afin de s’offrir un shot au prizepool juteux proposé par ce tournoi à seulement 500€ ? Pas certain, ou en tout cas, pas obligatoirement pour tout le monde. L’obsessions d’entrer dans l’argent (souvent pour un gain marginal, à moins d’atteindre le Top 20 du tournoi, surtout lorsqu’on a mis plusieurs bullets dans le tournoi, jusqu’à sept pour les plus opiniâtres) relève plus du défi personnel —inscrire sa première ou son énième ligne HendonMob, raconter à ses amis son run avant son badbeat qui met une halte définitive à tout rêve d’argent et de gloire— que d’un plan de carrière. Les pros, on le sait, sont de moins en moins présents dans les fields de poker, ce jeu de hasard et de talent (dans l’ordre inversé) étant devenu pour beaucoup un loisir, une récréation, une parenthèse qu’il faut garder enchantée.

Rien de plus frustrant pour un joueur, en effet, que de ne pouvoir jouer ; au piquet, pour celui qui s’interdit de jeu comme pour celui qui y est tricard du boléro. En montant le long escalator qui amène au premier étage du Pasino Grand d’Aix-en-Provence, on glisse lentement, dans le brouhaha des jetons et des files de joueurs en attente d’un siège, au beau milieu des fanions qui ornent les murs, célébrant vainqueurs et héros du Winamax Poker Tour au fil des années. Parmi les visages en gros plan, cadrés serrés, une seule photo de groupe : celle de la « Team Big Roger », victorieuse en 2013 du seul tournoi par équipe proposé lors de ces festivals. Sur l’affiche, trois visages souriants, ceux de Stéphane Bazin (depuis très rare sur le circuit poker), Antonin Teisseire (omniprésent lors des tournois du sud-est de la France et sur le circuit Partouche) et Roger « Big » Hairabedian. Ce dernier, nous en avons déjà parlé in extenso lors d’une plongée tête la première dans son éternelle télé-(ir)réalité qu’il autoproduit chaque jour ses réseaux sociaux, annonce son éternel come-back. Mais ses courbes émotionnelles, tout aussi ascendantes que descendantes, ont rendu l’opération de plus en plus délicate. Chaque espoir s’ouvre teinté d’une seule crainte pour l’observateur empathique : que rien ne voie le jour, que tout s’effondre avant d’avoir été monté, voire simplement esquissé.

On ne croisera pas Roger Hairabedian à Aix-en-Provence au WiPT 2025. Contempteur du online, ce n’est pas pour cette raison qu’il aura décidé de skip un large field comme il les aime ; il est tout bêtement interdit de tous les casinos Partouche. L’homme a du talent —il en a toujours eu et, peu importe les années qui passent, il sait signer quelques places dans les casinos qui l’accueillent encore, comme le Circus à Paris— mais aussi celui de se mettre à dos la terre entière, avec quelques obsessions à la clé en sus. On ne sait jamais vraiment, dans les nébuleux rebondissements qui peuplent ses dérives intimes, quelles sont les véritables raisons de ces interdictions de casino, fâcheries diverses et vendetta en ligne. Peut-être, finalement, n’est-ce d’ailleurs pas la question principale…

« Les centaines de choses que l’on a faites de travers dans la vie. Pas forcément à dessein : elles ont pu se produire par stupidité, maladresse, inconscience, par mégarde, pure connerie, sans arrière-pensée« , lisait-on justement à quelques minutes du coup d’envoi du Day 1E en incipit d’un roman sublime, Jours blancs (Jeroen Brouwers, 2013), sous le regard étincelant du Big Roger gagnant d’il y a une décennie. Le regard, depuis, s’est fait plus dur —parfois lucide, parfois désespéré, souvent encore joueur. « Il arrive qu’un souvenir insupportable s’en échappe, et pénètre soudain votre cerveau, pareil à un cambrioleur qui vous jette une corde à piano autour du cour, et nous serre la gorge. » Le souvenir de la victoire, de la gloire et de l’argent étrange ainsi au quotidien ceux qui ont connu de telles cimes ; la respiration de ce millier d’anonymes qui se presse sur l’escalator menant à la table de tournoi n »est que régularité et stress positif.

Que faire, lorsqu’on ne peut plus jouer ? Lorsqu’on vit à distance les grands évènements sans, parfois, ne pouvoir y participer ? A l’époque de champions sublimes comme Stu Ungar, c’était la brokitude qui interdisait toute action. Dans sa biographie, écrite par Nolan Dalla (Joueur né, 2008), l’ancien champion du monde tourne en rond, imaginant les caves s’envoyer en l’air pendant que lui rumine dans sa chambre d’hôtel miteuse du Gold Coast, à Las Vegas. En 2025, Roger Hairabedian a inventé d’autres expédients, intronisant à quelques semaines des grandes compétitions de l’année (WiPT, WSOPC, WSOP Vegas) une joueuse inconnue, Céline « Douceur » Beauchamp, 716$ au compteur de sa page HendonMob. Aux antipodes, donc, de Roger Hairabedian, 11ème joueur all time français et ses quelques 5 500 000$ de gain. On imagine, assez simplement, un contral moral de stacking avec celle qu’il estime « prête à faire de grandes choses dans le poker », sans en connaître plus de détails.

A la hargne et la grinta du parrain Hairabedian, succèderait donc la « douceur » de sa néo-protégée, Céline Beauchamp, qui a cette double tâche muette d’adoucir l’image du mentor et d’aller chercher la gagne là où les portes lui sont désormais fermées. Croisée par hasard à table lors du Day 1C de la finale du WiPT, on ne lui aura pas porté chance, puisqu’elle va sauter quelques secondes plus tard du tournoi principal. Si l’argent et la gloire médiatique sont au choix les deux mamelles qui sous-tendent le monde depuis l’époque pas si révolue de Jean Yanne (pour les plus jeunes, réalisateur & acteur anar-libertarien des années soixante), vivre par procuration le jeu, ses frissons et ses enjeux narcissiques, semble relever d’un lent supplice qu’on ne saurait conseiller à ses pires ennemis. Comment continuer à être, lorsqu’on a été ? Parmi la foule qui s’amasse au fur et à mesure que nous écrivons ces lignes, il y a sûrement dans cet horizon de rêves flottants au-dessus de chaque siège bien des nuances de fantasmes : l’action, le fun, la légende, la victoire et même la perte. Rien ne va plus, faites vos jeux.

(photo : Jules Pochy)

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[WPO Bratislava – journal off] L’odeur du tabac froid

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Il n’y a pas que la victoire dans la vie. Pas que le rush d’adrénaline de la river miraculeuse, la douce euphorie des triomphes annoncés que rien ne vient trahir. Pas que les billets qui passent de main en main pour finir dans sa poche, pas que les trophées à empiler, les credit-card roulettes jamais perdues, les regards empreints d’admiration, les amitiés nouvelles et éphémères. Il y a la défaite, aussi. La solitude d’un casino à 8h du matin, en pleine semaine, quand les petits-déjeuners offerts par l’établissement sont autant d’incitation à rester encore un peu, histoire de se refaire, de ne pas affronter le ciel grisâtre qui a englouti la ville, ne pas croiser son regard dans les miroirs fumés des couloirs qui amènent vers la sortie.

En arrivant trop tôt ce matin au casino Bratislava, la ferveur de 23h59 s’est éclipsée depuis quelques heures. Les vainqueurs, eux, dorment du sommeil de ceux qui ont vu juste. Ne restent que les joueurs, les vrais joueur, ceux qui se fichent bien de gagner et de décaver. Le parfum capiteux qui flotte dans les casinos et les clubs de jeux du monde entier (une amie, ancienne responsable d’un cercle de jeu parisien, m’avait un jour confié que cette odeur si typique aux établissements de jeux, constituait pour elle une madeleine de Proust olfactive, comme l’odeur du poulet dominical, qui la réconfortait immédiatement, par habitude) a depuis longtemps été dissipé par l’odeur du tabac froid. Au sous-sol, machines à sous sous la forme modernes, roulettes électroniques ou avec  croupier et tables de blackjack accueillent une dizaine d’irréductibles. Des joueurs locaux, habitués de ces wee hours où l’on joue par habitude, manque d’envie, voire lassitude. C’est l’illustration presque plastique de la grande théorie psychanalytique du joueur pathologique : il préfère perdre, afin d’avoir une raison de se plaindre —et donc d’être écouté, réconforté, materné.

La gagne, la ouinne, n’est pourtant pas interdite. Au hasard d’un billet de 50 € transformé en quelques minutes en plusieurs billets verts, on se découvre repartir les poches pleines, laissant derrière nous, très vite, le tabac froid, les mines grises, les cafés tièdes du buffet, les roulettes qui tournent dans le vide. A l’étage, les tournois de poker n’ont pas encore repris. Il faudra attendre midi, et l’arrivée d’une flopée de WIP (icônes télévisuelles, influenceurs, sportifs, etc.) ainsi que de joueurs pros pour que la fête reprenne et puisse battre son plein. Et là, peu importe la gagne tant qu’il y a le fun.

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