En déclarant publiquement, avec l’effet d’une bombe, sa non-participation aux WSOP 2011 afin de marquer sa désapprobation envers son sponsor historique, FullTilt, Phil Ivey a marqué tous les esprits au moment même où les World Series débutaient cette année. Mais la surprise passée, et les réactions positives digérées (« Phil Ivey has titanium balls » —Phil Ivey a des couilles en titane, littéralement— titrait alors un des meilleurs blogs de poker américain, Tao Of Poker), les critiques se font très dures envers Ivey.
Car si le champion de poker déclare à tout va qu’il fait ça pour « les » joueurs, du plus broke aux high-rollers, FullTilt lui a rapidement répondu dans un communiqué cinglant que si Ivey avait voulu, il aurait pu aider à dégager des liquidités pour rembourser les quelques 150 millions de dollars bloqués par le DoJ, nécessaires à rembourser les joueurs aux comptes saisis, et qu’Ivey doit de l’argent à FTP, et pas le contraire…
La presse s’interroge alors sur les motivations d’Ivey : serait-il… broke ? Il faut dire qu’à force de jouer au craps high-limit et à faire des paris sportifs de plusieurs millions de dollars, même Ivey peut passer par la case « recave ». C’est en tout cas ce qu’insinue FullTilt dans son communiqué.
Quant aux joueurs pros, ils sont encore plus sévères. Pour son camarade de FullTilt, Mike Matusow, cette sortie dans les médias est une honte et « Ivey ne pense qu’à lui, en aucun cas aux autres joueurs ». Pour lui, c’est un acte mesquin qui ne sert qu’à s’auto-disculper et briser son contrat pour trouver très vite un autre sponsor et retrouver du cash.
Même son de cloche chez le high-roller Andrew Robl : Ivey ne pense qu’à lui et son communiqué de presse rend la situation encore plus difficile pour les petits joueurs qui n’arrivent plus à retirer leur argent de FullTilt. En effet, qui irait encore investir dans FTP alors son joueur phare leur crache à la figure ouvertement ? Robl résume la situation ainsi : « Ivey était mon héros, et je suis dégoûté. Il fait ça pour sauver sa peau et récupérer ses billes. S’il se souciait vraiment des joueurs, il aurait pu aider à les rembourser, en tant qu’actionnaire, tout comme Tom Dwan l’a fait (alors qu’il n’est qu’un simple joueur sponsorisé) »…
Seulement 48 joueurs restants sur les plus de 720 inscrits au PLO Championship des WSOP à 10 000$ de buy-in, mais de beaux espoirs français à surveiller : deux d’entre eux sont dans le Top 10 des chipcounts (Elie Nakache, 2ème ; Sonny Franco, 8ème) tandis que d’autres noms connus du poker hexagonal sont encore en lice avec un tapis qui leur permettrait de revenir dans la course en tête : David Benyamine (23e), Bruno Fitoussi (36e) et Karim Lehoussine (41e). A suivre dès demain pour déterminer la table finale, avec plus de 1 300 000$ à la gagne !
Ne nous mentons pas : peu de gens mettaient encore une pièce sur Daniel Negreanu depuis plusieurs années. Le joueur toujours sponsorisé (après PokerStars, GG Poker) avait de quoi brûler du buy-in, sans pour autant faire beaucoup de performances. Et voilà qu’il revient par la plus grande porte possible au devant de la scène poker avec une victoire dans le plus beau tournoi de l’année, le 50 000$ mixed-games, toujours aussi relevé.
Petit field, bien sûr, mais une table finale qui avait convoqué aussi bien Phil Ivey que David Benyamine, deux autres gloires absolues de ces variantes. Le Canadien remporte plus de 1 178 000$ mais, et cela n’a pas de prix, l’estime renouvelée de ses pairs !
C’est dans le Poker Player’s Championship à 50 000$ des WSOP qu’on reconnait les meilleurs des joueurs, les plus polyvalents et les plus constants. Et à ces jeux-là, à 13 joueurs restants, il y a un chipleader qui n’est autre que David Benyamine, surement le joueur le plus brillant de toutes les générations. Il annonce d’ailleurs chez nos confrères de Winamax vouloir faire un come-back massif, même en Europe, dans les mois à venir… Restent à ses côtés d’autres grands noms, plus short-stack, comme un certain Phil Ivey, mais aussi Michael Mizrachi et Daniel Negreanu…